Sylviane Lord - L'Oie blanche
Jeudi dernier, la cuisine collective du Centre-femmes La Jardilec de St-Jean-Port-Joli célébrait son 15e anniversaire. Pour marquer l?événement, Mme Diane Roberge, coordonnatrice des programmes de formation du Regroupement des cuisines collectives, fut invitée à un déjeuner-causerie regroupant quelques participantes et travailleuses.
«Le 8 mars 1997, le thème de la Journée internationale des femmes était À votre santé. Le Centre-femmes en a profité pour avoir un kiosque au CLSC, en compagnie de Mme Louise Pomerleau, nutritionniste, pour faire la promotion de l?équilibre alimentaire et de la sécurité alimentaire», se souvient Marjolaine Gagné, celle qui a démarré le projet de cuisine collective et qui travaille toujours au Centre-femmes. À l?automne 1997, trois groupes de cuisine collective étaient déjà formés. À l?origine et encore aujourd?hui, le projet de cuisine collective a été élaboré en terme de sécurité alimentaire et s?adresse aux femmes ayant des revenus modestes.
«La cuisine collective, c?est plus que de la cuisine en groupe. C?est de la solidarité, de l?entraide, le goût de partager. Un des gros avantages, c?est de créer des liens avec d?autres femmes et briser l?isolement», explique Mme Gagné qui a été témoin du cheminement de plusieurs participantes à travers les cuisines collectives.
«Les cuisines collectives, c?est de permettre à des gens de se réunir pour développer leur autonomie individuelle et collective. C?est que ton expérience puisse te servir dans ta vie personnelle pour atteindre une autonomie alimentaire individuelle. Mais c?est aussi apprendre à vivre en groupe. Ensemble, on protège un terrain commun, ce qu?on appelle le bien commun dans la société. Donc, c?est aussi de devenir un bon citoyen», expose Mme Diane Roberge, coordonnatrice du programme de formation au Regroupement des cuisines collectives du Québec qui compte plus de 1 400 groupes de cuisine collective.
Selon Mme Marjolaine Gagné, le portrait des participantes a changé avec le temps. «Dans les premières années, il y avait plusieurs jeunes femmes avec des enfants.» Mme Gagné avoue que l?organisme a de la difficulté à rejoindre de nouvelles participantes, d?autant plus qu?elle doit faire face à certains préjugés. «Il y aura toujours de préjugés. Mais c?est pas parce que tu es dans uns situation difficile, que tu vas le rester tout le vie. Et on est tellement dans une société individualiste. On dirait que lorsqu?on se regroupe pour vivre un certain équilibre alimentaire et vivre l?entraide, ça fait drôle.»
Durant les prochaines années, les organisatrices souhaitent étendre le service de cuisine collective sur l?ensemble du territoire, voire la possibilité pour les animatrices de se déplacer et d?accéder à d?autres locaux. Ce souhait est partagé par Mme Diane Roberge, qui soulève également la question de la participation des hommes et des jeunes aux cuisines collectives. «Il y a des besoins qui ne sont pas encore satisfaits. La cuisine collective pourrait répondre à d?autres besoins que simplement ceux des femmes. Elle pourrait s?étendre à différentes couches de la population. Je pense que c?est un avenir intéressant pour les cuisines collectives, ici à St-Jean-Port-Joli et dans toute la région. »
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