Aller au contenu

ACCROCHE

Michel Lemieux - Chroniqueur

 

Sidney Crosby n'a que 24 ans et il est déjà un monument. Son talent lui a déjà valu une place parmi les meilleurs hockeyeurs de l'histoire. Le jour où tu fais l'unanimité chez tous tes pairs,  puisque que tu es devenu le plus dominant de ta décennie, tu mérites ta place parmi les Grands de l'histoire. Sidney, tu en es rendu là. Est-ce vraiment nécessaire que tu reviennes pour faire la preuve de ta supériorité sur tous les autres hockeyeurs de la planète? Absolument pas.

Sidney, nous avons toujours eu une relation courtoise et agréable à chacune de nos rencontres. Sur le plan professionnel, tu es un exemple inestimable pour tous ces jeunes rêvant de faire carrière dans ton sport. Ce sport que tu ne cesses d'embellir par ta grâce, ta détermination, tes symphonies sur patins et tes exploits.

En dehors de la glace, tu es sans reproche. Tu es le garçon que toute mère voudrait avoir comme fils. Comme homme, tu as la personnalité la plus attachante de ton milieu. Perd ou gagne, tu restes noble. Tu ne fuis jamais. Comme capitaine, tu es d'une générosité sans limite avec tous tes coéquipiers. Tu sais faire face à la musique.

Tous les membres de la presse te reconnaissent comme un collaborateur exceptionnel. Au fond tu es le Tsar de toute la Ligue Nationale.

À la seule différence que tous les apparatchiks de cette organisation ont refusé jusqu'ici de dresser les barrières nécessaires à la protection de tout ce que tu es, de tout ton talent, l'essence même de ce qui rend le hockey encore attrayant.

Non seulement ces foutus cons n'ont pas jalousement protégé le diamant pur que tu es, lequel remplit les poches de tous les membres de l'appareil hockey, mais leur immobilisme a jeté plein d'autres beaux talents dans le tourment de la commotion cérébrale, qui endommage le cerveau de chacune de ses victimes. Et le cerveau, tu le sais mieux que quiconque Sidney, est le moteur de toute cette intelligence, de toutes ces prouesses, de toutes ces magies que tu nous montres match après match lorsque ta santé est débordante.

Je sais Sidney que tu veux revenir pour démontrer, encore, que c'est toi qui détiens la vraie formule pour rendre le hockey spectaculaire. Les gradins sont pleins quand tu est là. Tu ne le fais pas pour le fric. Tu ne dépenseras jamais cette immense fortune déjà accumulée. La seule angoisse, qui te triture les boyaux en ce moment, c'est ton incapacité à décider d'accrocher tes patins. Sid, si j'étais ton père plutôt qu'une simple connaissance, j'insisterais tellement pour que tu le fasses. Mon angoisse à moi serait que tu retournes sur la plateau de ce foutu cirque, devenu une arène de gladiateurs, ce qui fait l'affaire de ces bonzes ignorants à l'abri du moindre  risque dans les gradins. Le pire c'est qu'ils semblent croire que ce carnage est un  élément indispensable au scénario. S'ils avaient ton intelligence Sidney, il y a longtemps qu'ils auraient justement trouvé la façon d'épurer leur sport au prix de quelques dollars. Leur inertie risque de leur coûter vraiment plus cher. Ton départ serait catastrophique pour eux. Pour toi aussi, j'en suis convaincu. Mais pas pour les mêmes raisons. Tu aimes tellement ton sport. Tous voudraient que tu poursuives. Par contre personne ne souhaite te voir souffrir une autre fois d'une commotion. Les conséquences pourraient tellement être dévastatrices pour toi. Tu sais combien de fois ta belle tête a été secouée. Alors Sidney termine donc ta convalescence, réfléchissant religieusement sur la décision que tu devrais prendre. Consulte s'il le faut pour t'aider à accepter ce qui serait le mieux pour toi.

Sidney tu es un homme et un athlète magnifique et exceptionnel. Plus, tu es un surdoué. Ne prends donc pas le risque de diminuer le moindrement ces privilèges dont tu as hérités. Les amateurs vont me traiter de fou. Tant pis. C'est avec une grande émotion et une grande tristesse que je te le dis, mais je t'admire tellement et au fond je t'aime tellement aussi, que je te le répète : ce serait tenter le diable, tu ne crois pas?

SID, NE REVIENS PLUS.

- 30 -

Commentaires