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ANDRÉ SIMARD Y PARLE DE SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE

Saint-Pascal, le lundi 11 juin 2012 - Le député de Kamouraska-Témiscouata et porte-parole de l'opposition officielle en matière d'agriculture et d'alimentation, André Simard, a présenté le mémoire « Vers une politique nationale de souveraineté alimentaire », lors du passage de la Commission nationale des États généraux sur la souveraineté du Québec, le 10 juin dernier à Rivière-du-Loup.

« Le but de cette présentation était de montrer la nécessité pour le Québec de se doter d'une politique nationale de souveraineté alimentaire et de discuter des limites du contexte politique canadien à cet égard», de mentionner André Simard.

« Rappelons que ce sont plus de 140 citoyens du Bas-Saint-Laurent/Gaspésie qui étaient présents, dimanche à Rivière-du-Loup, le plus gros rassemblement depuis le début de la tournée des consultations », de conclure le député.

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Source et informations : Yvonne Tremblay |

Attachée politique |

Député de Kamouraska-Témiscouata |

André Simard |418 492-7730

 

 

1 p.j. Photo d'André Simard, lors de la présentation de son mémoire

 

Mémoire présenté au

Conseil de la Souveraineté du Québec

États généraux sur la souveraineté du Québec

par

André Simard

Citoyen

Saint-Roch-des-Aulnaies

 

Rivière-du-Loup, le 10 juin 2012

Vers une politique nationale

de souveraineté alimentaire

Mise en contexte

 

Le 22 septembre 2011 à La Pocatière, madame Pauline Marois, chef de l'opposition officielle, présentait la vision du Parti Québécois en matière d'agriculture. Inspirée du programme du Parti adopté lors du XV1e Congrès national d'avril 2011, cette vision a pour but de doter le Québec d'une politique nationale de souveraineté alimentaire. On entend, par souveraineté alimentaire, le droit des peuples à définir leurs politiques agricoles et alimentaire, à protéger et à réglementer les échanges agricoles nationaux, à développer leur niveau d'autonomie alimentaire et plus globalement à subordonner le commerce aux objectifs de développement durable.

 

Bref, la souveraineté alimentaire doit assurer la sécurité alimentaire de l'ensemble de la population répartie sur le territoire. Au Québec, le ministère de l'Agriculture, des pêcheries et de l'alimentation dépense plus de 1 milliard $ annuellement sans disposer d'une politique agroalimentaire. Les dépenses du côté fédéral sont aussi loin d'être négligeables. Certes, il y a des programmes et une kyrielle de services et d'activités. Mais tout ça sans vision d'ensemble si ce n'est que la référence générale à un secteur d'activités dont la compétence constitutionnelle est partagée entre Québec et Ottawa.

 

 

Se nourrir est une question fondamentale, tant pour une personne que pour une nation. C'est aussi une question stratégique de pouvoir déterminer le niveau des protections aux frontières, la capacité d'importation et d'exportation de ses produits agricoles et alimentaires ainsi que la prise en compte des intérêts complémentaires en matière de commerce et de sécurité alimentaire. C'est pourquoi l'agriculture doit être, sinon devenir, une préoccupation majeure pour un peuple qui aspire à la souveraineté.

 

L'agriculture distincte au Québec

 

L'agriculture aura permis l'émergence des civilisations dès 10 000 ans avant Jésus-Christ lorsque les hommes ont été capables d'irriguer des terres pour les cultiver. De nomades chasseurs et cueilleurs, les hommes sont devenus sédentaires par la capacité à produire leurs aliments à proximité. Ce faisant, le regroupement humain et sa stabilité auront permis l'émergence de la culture, des civilisations. Par conséquent, l'agriculture exprime la personnalité d'une nation voire son identité, sa singularité, sa culture.

 

Pour le peuple québécois d'expression française que nous sommes en Amérique du Nord, il y a nécessité de prendre conscience de notre distinction et surtout d'affirmer notre différence. Quels sont les éléments distinctifs qui caractérisent notre agriculture et notre alimentation?

 

 
  • D'abord et avant tout, notre modèle est basé sur un grand nombre de fermes de petite taille, à dimension humaine et réparties largement sur notre vaste territoire.
  • Nos fermes sont majoritairement de propriété familiale.
  • Le climat fait en sorte que le Québec a su développer une agriculture nordique.
  • Enfin et non le moindre, le peuple québécois maintient un rapport avec la nourriture qui valorise la gastronomie et le côté festif de l'alimentation.
 

À l'ère du nivellement et de l'uniformisation, nous avons intérêt à cultiver notre différence et miser sur cette distinction qui est la nôtre.

 

L'importance d'une politique nationale

 

A) Quelques faits :

 
  • En 25 ans seulement, la proportion des aliments consommés et issus du Québec a chuté de 45 points. En effet, elle est passée de 78% en 1985 à 33 % en 2009.
  • Si chaque consommateur du Québec achetait pour 30 dollars de plus d'aliments issus de la production du Québec annuellement, les ventes gonfleraient d'un milliard de dollars en 5 ans.
  • En 2009, l'activité du secteur bioalimentaire contribuait à 6,8% du PIB du Québec. Cela a représenté plus de 450 000 emplois, soit 12% de la population active.
  • Les Québécois mangent des aliments qui ont parcouru facilement 2500 kilomètres.
  • En 2011, Statistique Canada indiquait une augmentation de 4,9% du prix du panier de provisions. Et ça continue.
  • Les terres agricoles du Québec font l'objet de convoitise à l'instar du phénomène mondial désormais désigné par accaparement des terres.
 

B) Réflexion sur l'avenir

 

En 2006, le gouvernement libéral a mis en place une Commission sur l'avenir de l'agriculture et de l'agroalimentaire québécois dont le rapport a été rendu public en janvier 2008. Vaste consultation itinérante en réponse à une situation de crise agricole, la Commission avait pour mandat de dresser un état de situation sur les enjeux et les défis de l'agriculture et de l'agroalimentaire québécois, d'examiner l'efficacité des politiques publiques dans différents domaines touchant ce secteur d'activité, d'établir un diagnostic et de formuler des recommandations sur les adaptations à faire.

 

Même si le gouvernement s'est engagé à mettre en place une politique agricole dans les 24 mois suivants, force est de constater aujourd'hui, six années plus tard, qu'il n'y a rien en la matière sauf d'autres rapports supplémentaires et un livre vert déposé en juin 2011 qui perpétue la consultation sur une vision édulcorée de l'agriculture. Pourquoi?

 

 

Parce qu'il n'y a sans doute pas de volonté politique d'aborder la question autrement, en restant ainsi figé sur une perspective provinciale-fédérale tel qu'établie et administrée à la petite semaine dans les dédales d'une compétence constitutionnelle partagée. Pourtant, la Commission proposait une vision stimulante et invitante quant aux caractéristiques de l'agriculture de demain. Par exemple :

 
  • Être multifonctionnelle, c'est-à-dire aller au-delà de son rôle nourricier;
  • Avoir pour mission première de contribuer à nourrir les québécois;
  • Être plurielle par la diversité de ses entreprises et de ses productions;
  • Reposer sur une culture entrepreneuriale;
  • Être hautement professionnelle dans ses pratiques;
  • Tirer profit de son plein potentiel.
 

La Commission formulait les propositions suivantes :
  • Affirmer notre différence;
  • Stimuler notre créativité;
  • Prendre appui sur notre modernité;
  • Cultiver l'excellence;
  • Valoriser l'approche collective;
  • Des agriculteurs maîtres de leur art à la fine pointe des connaissances et du savoir-faire;
  • Des fermes familiales modernes et rentables;
  • Des transformateurs et des distributeurs jouant des rôles clés;
  • Des citoyens intéressés et solidaires à l'agroalimentaire québécois;
  • Un gouvernement avec un leadership nouveau et rassembleur.
C) Ce qu'un gouvernement souverainiste pourrait faire

 

Adopter une politique nationale de souveraineté alimentaire afin d'avoir un niveau d'autonomie suffisant pour assurer, aux Québécois, un approvisionnement en aliments sains, de qualité, et une agriculture contributive au maintien de l'intégralité et de l'intégrité du territoire québécois.

 

Parmi les éléments à retrouver dans cette politique et à titre d'exemples de pistes à retenir :

 
  • Viser à augmenter à 50% la proportion d'aliments consommés et issus du Québec;
  • Exiger la réciprocité des normes qu'on devrait imposer aux produits étrangers qui entrent au Québec;
  • Approvisionner nos établissements publics en aliments du Québec;
  •  Protéger la mise en marché collective de nos produits;
  • Inciter les grandes chaînes de supermarché à mettre en valeur les produits du Québec;
  • Exercer un contrôle accru en matière d'étiquetage des aliments offerts aux consommateurs dans le respect de leur droit à connaître ce qu'ils mangent;
  • Protéger nos terres agricoles contre la spéculation et leur accaparement.
 

 

 

La défense de nos intérêts

 

Un adage bien connu dit que nous ne sommes jamais aussi bien servis que par nous-mêmes. C'est vrai pour une personne, c'est vrai aussi pour un peuple. Dans son livre récemment publié et intitulé « Un gouvernement de trop », Stéphane Gobeil y consacre un chapitre sur l'agriculture. Il met admirablement bien en lumière, en moins de cinq pages, la complexité, les coûts et l'inefficacité d'un système à compétence constitutionnelle partagée. La singularité, la marque distinctive du Québec quant à son agriculture et à son alimentation ne trouvent pas écoute dans la mosaïque fédérale. C'est le « coast to coast » qui prévaut comme pour le reste d'ailleurs. Dans un contexte de mondialisation des échanges où l'agriculture et l'alimentation occupent une place majeure dans les discussions internationales, le Québec n'y est pas en raison de son statut politique au sein du Canada. Comment défendre nos intérêts propres si nous sommes absents?

 

Le cadre politique dans lequel vit le Québec ne lui permet malheureusement pas d'exercer tout le leadership dont il est capable. Je me permets de citer la fin du chapitre sur l'agriculture, tiré du livre de Stéphane Gobeil, qui résume bien les avantages de la souveraineté alimentaire pour le Québec, hormis bien sûr les économies appréciables :

 
  • Une politique agricole fidèle au modèle de développement du Québec;
  • Le plein contrôle de la gestion de la salubrité, de la traçabilité et de l'étiquetage des aliments;
  • Une représentation des intérêts véritables du Québec au sein des forums de négociations commerciales internationales.
Comment mieux exprimer, de façon résumée, les avantages de la souveraineté alimentaire pour le Québec?

 

 

Conclusion

 

Les idées exprimées dans le présent mémoire n'engagent que moi-même et non le Parti Québécois même si j'ai le privilège d'agir comme porte-parole de l'opposition officielle en matière d'agriculture et d'alimentation. Bien sûr, mon propos emprunte largement les grandes idées mises de l'avant et adoptées par les membres du Parti Québécois lors du Congrès d'avril 2011.

 

Une vision sans action demeure sans suite tout comme des actions sans vision sèment l'incohérence, l'inefficacité et la confusion. Je souhaite, de tout cœur, que de plus en plus de citoyens prennent conscience de toute l'importance de l'agriculture et de l'alimentation dans la société québécoise, dans la vie de tous les jours. L'identité, la culture et la singularité d'un peuple passent non seulement par la nécessité de se nourrir convenablement pour vivre mais aussi par la façon dont il aborde la chose.

 

Je crois que nous sommes maintenant rendus à expliquer comment devrait se faire la souveraineté plutôt que le pourquoi, tellement il y a à boire et à manger sur la table politique canadienne et québécoise.
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