Jean-François Lisée, qui n'écrit pas que des vérités, vient de publier dans L'Actualité un éditorial intitulé «Les Coops: Une job steady pis un bon boss!». Déjà là je l'aime un peu plus !
«C'était avant qu'on s'habitue à ce qu'ils disparaissent, ces jobs steady, que les emplois quittent l'Amérique pour la Chine et l'Inde, avant que des génies de Wall Street inventent des produits acides qui font des trous dans les fonds de retraite et que des pays flirtent avec la faillite», écrit-il.
Et d'ajouter «Où trouver, en ce début de XXIe siècle, cette job et ce boss? D'un peu partout sur la planète, avec des chiffres convergents, une réponse est en train de s'imposer: dans les coopératives». Ils y démontrent aussi que les coopératives traversent mieux les crises économiques que les entreprises incorporées en spécifiant que pendant la crise du début des années 2000, aux États-Unis, alors que l'emploi a chuté de 2% dans le secteur privé, il a augmenté de 2% dans le secteur coopératif. D'ailleurs au Québec le ministère du Développement économique reconnaît que les coopératives ont un taux de survie largement supérieur aux nouvelles entreprises privées après cinq ans d'opération (+ 77% de survie) et dix ans (+ 54%).
Les avantages des coopératives, selon Lisée, en plus d'être rarement délocalisées se traduisent par la présence à leur tête de dirigeants impliqués dans la structure qui trouvent des solutions humainement plus acceptables. Loin des aléas de la bourse, les membres ne sont pas censés avoir une vision au jour le jour et privilégient donc la croissance à long terme en s'impliquant dans leur coopérative avant de regarder vers toute autre entreprise!
Alors que le monde cherche à redéfinir son économie, il ne serait pas surprenant que plusieurs acteurs de la société se tournent vers la formule coopérative. Dans tous les domaines des membres consommateurs, salariés ou producteurs peuvent faire la démonstration qu'il est préférable de tenir son destin entre les mains que de le laisser aux dépens d'actionnaires parfois voraces.
Tous doivent devenir responsables de l'avenir des générations futures. Peut-on demander de maintenir les privilèges des retraites dorées quand la bourse est à terre? Par ailleurs, peut-on vraiment demander individuellement des rendements boursiers et la garantie d'aucune délocalisation et en même temps la non-pratique du «cheap labor»? Pour éviter de se plaindre et de vouloir le beurre et l'argent du beurre, tous et chacun n'auraient-ils pas avantage à construire un avenir économique plus stable au Québec en s'impliquant dans leur milieu par le soutien et la création de coopératives dynamiques? Il est juste important de se rappeler que les coopératives jouent dans le même carré de sable que les entreprises incorporées et que «coop» dans un monde capitaliste ne veut pas dire acceptation du modèle socialiste. Une coop en santé, c'est une entreprise socialement responsable respectant la hiérarchie de décision le temps du mandat donné à ses dirigeants.
Comme a dit récemment Ban Ki-Moon, secrétaire général de l'Organisation des nations unies (ONU): «Les coopératives rappellent à la communauté internationale qu'il est possible d'allier la viabilité économique à la responsabilité sociale».