STÉPHANE MAESTRO -Chroniqueur
Qu?est-ce qui se passe avec notre premier ministre Jean Charest, qui ne parvient plus à garder ses femmes ministres?
Ce n'est pas des blagues, tour à tour il perd sa ministre des Finances, Monique Jérôme Forget, sa vice-première ministre Nathalie Normandeau, et maintenant sa vice-première ministre et ministre de l?Éducation Line Beauchamp. Cherchez le problème. Et maintenant il nomme en catastrophe Michelle Courchesne, qui a déjà été ministre de l?Éducation et qui n?a rien fait de bon et que Jean Lapierre a qualifié avec raison de paquet de nerfs. Ça va être beau, le face à face avec les leaders étudiants.
Michelle Courchesne a effectivement un gros problème avec sa maîtrise nerveuse. Comment va-t-elle faire devant les porte-parole des associations étudiantes, si en contrôle et si articulés? Moi je crois que le sablier est en marche et que son temps est déjà compté. Mais le gros problème, ce ne sont pas tant ces femmes que Jean Charest, si lâche, qui les jette dans l?arène en leur disant de se débrouiller. Mais lui ne va pas au front. Il me fait penser à ces généraux britanniques durant la première guerre mondiale, qui disaient à nos petits soldats canadiens « allez, foncez » tandis qu?eux sirotaient leur thé devant des cartes géographiques, loin derrière le front
C?est là qu'on voit l?absence totale de courage de ce premier ministre, dont je ne répéterai jamais assez qu'il est en train de faire de cette province un gros Titanic.
LINE BEAUCHAMP COURAGEUSE
On pourra dire ce qu?on voudra de Line Beauchamp, mais au moins elle aura eu le courage de tout abandonner. Pas par lâcheté, mais peut-être n?en pouvait-elle plus d?être dictée à distance par le frisé qui occupe le poste de premier ministre. Non seulement démissionne-t-elle de ses fonctions ministérielles, mais elle abandonne carrément la politique. Des rumeurs circulent aussi, qui expliquent peut-être d?autres raisons à son geste. On semble avoir mal pris la révélation de son déjeuner bénéfice avec un mafioso à Laval, dont elle assure jurer grands dieux qu?elle ne savait même pas qui il était. Ça passe mal. Elle prétend que ça n?a rien à voir. Mais le fait est que son image de fille clean est passablement obscurcie. Ça n?aide pas sa cause, d?autant que commencera bientôt la partie publique des audiences de la Commission d?enquête sur la construction. Vous voyez ça d?ici, une Line Beauchamp bredouiller à la barre?
UN GOUFFRE FINANCIER
Jean Charest va devoir se mouiller. Depuis le 13 février que les étudiants sont en grève, il n?a cessé de laisser pourrir la situation. Et qu?est-ce que ça va être comme facture à la fin, avec les firmes de communications qui doivent piger allègrement dans le buffet des contrats de fabrication d?images gouvernementales? Là on passe son temps à diaboliser les étudiants, les présentant comme des anarchistes, alors qu?ils veulent simplement la suppression des droits de scolarité. Et ils ont proposé en contrepartie que Québec aille chercher l?argent en taxant les banques. Oh my God! On s?est complètement écarté du débat central. Puis ajoutez les sommes folles englouties en escouades antiémeutes. C?est totalement irresponsable.
Charest a perdu le contrôle du volant, lui qui réclamait justement un gouvernement majoritaire pour pouvoir gouverner. Bien il n?a plus de volant du tout. Et ce qui est jouissif, c?est de voir la cohésion des porte-parole étudiants qui ne perdent jamais leur calme, toujours très articulés, et qui viennent d?avoir la peau d?une ministre réputée pour ne pas s?en laisser imposer. Bonne chance, la Courchesne. Elle est mieux de faire une bonne provision d?Aspirine, car elle risque d?être dévorée tout rond. Je voyais la perspective d?un moratoire, sinon la proclamation des élections. Mais il semble qu?à l?heure où j?écris ces lignes, l?idée même d?un moratoire est maintenant rejetée.
LE 22 MAI PROCHAIN, SOYONS UN DEMI-MILLION
Reste les élections générales, que j?appelle de tous mes v?ux. Le 22 mai prochain, les associations étudiantes appellent à la grande mobilisation. Je veux que nous soyons un demi-million, pas moins, à crier d?une même voix notre dégoût de ce gouvernement indigne de se maintenir en place. Question à 10 000$ : après la Courchesne, faudrait déjà penser à la suivante. Qui veut se sacrifier?