Sylvain Fournier-L'OIE BLANCHE
La Coopérative de Gestion Forestière des Appalaches (CGFA), présente sur le territoire de Chaudière-Appalaches depuis 1974 est responsable de près de 95% de l'exécution des travaux forestiers en forêt publique dans la région de Montmagny-L'Islet et de Bellechasse-Etchemins.
La Coopérative procure de l'emploi à plus de 75 personnes. La mise en uvre du nouveau régime forestier devait permettre la valorisation des travailleurs forestiers et générer de nouvelles occasions d'affaires permettant le développement des entreprises. On semble plutôt inquiet!
«Le territoire dans lequel nous travaillons est certifié FSC. Le but du FSC est de promouvoir une gestion des forêts du globe qui soit environnementalement responsable, socialement bénéfique et économiquement viable en établissant une série de principes d'aménagement forestier mondialement reconnue et appliquée. Le principe 4: Relations communautaires et droits des travailleurs stipule que «les opérations de gestion forestière doivent maintenir ou améliorer le bien-être social et économique, à long terme, des travailleurs forestiers et des communautés locales.» Est-ce que ce principe est respecté?», se demande M. Martin Béland, directeur général de la Coopérative de Gestion Forestière des Appalaches.
La CGFA, tout comme les groupements forestiers de la région, vient de faire l'expérience du processus d'appels d'offres des travaux sylvicoles en forêt publique. Mais peine perdue, aucun contrat n'a été obtenu malgré les sacrifices financiers de la coopérative et des travailleurs.
Pendant que des travailleurs proviendront d'une autre région ou peut-être même d'un autre pays pour réaliser des travaux dans la région, les travailleurs locaux devront peut-être se rendre sur la Côte Nord pour travailler quelques semaines afin d'éviter le trou noir du printemps 2014. Est-ce que l'on avait prévu un déplacement de la main d'uvre avec la venue du nouveau régime forestier?
«La réalisation des travaux sylvicoles dans le système actuel d'appel d'offres se fait sur le dos de nos travailleurs et c'est le même constat qui se dégage au niveau provincial. Avant même la mise en uvre du nouveau régime forestier, on avait prédit que cela arriverait», a dit M. Béland.
De plus, on a annoncé en juin dernier dans plusieurs régions du Québec, les résultats préliminaires du calcul de possibilité forestière pour les années 2014-2018. Dans Montmagny-L'Islet, on enregistre une baisse de la possibilité. «Nous ne contestons pas le calcul de possibilité qui est basé sur des données scientifiques, mais c'est la stratégie pour y arriver qui nous interpelle. En effet le volume des travaux sylvicoles devrait diminuer de près de la moitié. Cela se comprend, on récolte 55% des superficies en coupes partielles comparativement à 25% il y a 5 ans. La stratégie prévoit aussi une grande proportion de coupes partielles, qui dit coupes partielles dit crédits pour réaliser ces travaux. Cette année, il n'y a pas assez d'argent pour réaliser tous les travaux, qui va payer pour cela? Poser la question c'est y répondre. Il faudrait avoir les moyens de nos ambitions», affirme le directeur général.
La Coopérative a plusieurs travailleurs qui sont à quelques années de leur retraite et des jeunes qui vont permettre à la coopérative de faire des travaux pendant plusieurs années. Avec une baisse de travaux, les plus jeunes vont partir aujourd'hui et les plus vieux dans quelques années. Avec qui réalisera-t-on des travaux dans cinq ans?, se questionne M. Béland.
«Dans les cinq prochaines années, la stratégie d'aménagement prévoit la réalisation annuelle de 200 hectares d'éclaircie commerciale mécanisée. Pourrais-t-on prévoir un peu plus d'argent pour réaliser ces travaux manuellement afin d'assurer une transition pour nos travailleurs sylvicoles? Ayons un peu de respect. Malheureusement dans notre région les travailleurs sylvicoles ou forestiers sont peu consultés, il serait temps que cela change afin de s'assurer une meilleure prise en compte des intérêts sociaux et économiques dans la gestion de nos forêts», conclut M. Béland.