Je suis sortie de la Salle Edwin-Bélanger dimanche soir avec la nette impression d'avoir raté quelque chose d'essentiel et je n'étais pas seule dans ce cas.
Ludik Théâtre y présentait, en guise de toute première production, Cravate Club de Fabrice Roger-Lacan. Deux bons comédiens et un thème prometteur auraient dû mener, normalement, à autre chose qu'une série d'affrontements qui tournent en rond. Cravate Club se veut une réflexion sur l'amitié, la complexité des relations humaines. On ne demande pas mieux, il y a là une riche matière, seulement ce qu'on nous propose demeure en deçà de nos attentes. Un personnage est de feu, l'autre de glace et l'on se demande comment ces deux-là ont pu établir cette complicité si chère à Bernard.
Ce dernier (Didier Lucien) s'apprête à fêter son 40e anniversaire. Son associé et meilleur ami Adrien (Patrice Coquereau) n'assistera pas à la fête parce qu'il doit ce soir-là se rendre au souper mensuel d'un club sélect, au nom ridicule, dont le sens nous échappe totalement. Bernard s'emporte comme un enfant gâté parce que son ami lui fait faux-bond et qu'il ne l'a jamais invité au club en question. Adrien joue à cache-cache en demeurant sibyllin, distant, évasif. Ulcéré, Bernard s'enfoncera jusqu'à faire de sa vie un terrible gâchis. Il lui faudra péter les plombs pour qu'Adrien se décide enfin à cracher le fond de sa pensée. Évidemment, plusieurs problèmes sous-jacents se cachent sous la foutue cravate - objet superficiel du litige - mais ils sont implicites et l'on doit effectuer une certaine gymnastique pour arriver à suivre les comédiens.
Bon public, les gens se sont levés pour offrir une ovation à deux gars qui donnaient parfois le sentiment de ramer fort pour se rendre à bon port. Disons que l'effort était louable.