Dépôt du budget provincial 2012-2013 - Coopérative de services à domicile de la MRC de Montmagny "Un discours de sourd"
Montmagny, le 23 mars 2012. - M. Jean-Claude Lavoie et Mme Louise Soucy, respectivement vice-président et directrice générale de la Coopérative de services à domicile de la MRC de Montmagny, ont commenté le budget provincial 2012-2013 déposé par le ministre des Finances, Raymond Bachand, plus tôt cette semaine.
En effet, la Coopérative de services à domicile de la MRC de Montmagny accueille avec une grande déception le budget du gouvernement du Québec. M. Lavoie estime «que les besoins réels de financement en matière de services à domicile n'ont pas été considérés dans le budget provincial déposé le 20 mars dernier». Il ajoute « le gouvernement a notamment reporté dans les prochaines années la réponse aux besoins des usagers en augmentant de 1 % par an le crédit d'impôt remboursable pour les personnes de 70 ans et plus. Plus précisément, pour chaque année d'imposition, à compter de 2013, le taux du crédit d'impôt sera majoré de 1 point de pourcentage, et ce, jusqu'à ce qu'il atteigne 35 % en 2017. Comment pouvons-nous nous réjouir d'un engagement aussi modeste et échelonné sur 5 ans? Il faut retenir qu'il n'y a aucune aide financière pour l'instant. Il faut que les gens le sachent puisqu'ils seront seuls pour assumer les hausses de coût de services à venir!
De plus, la majoration du plafond des dépenses admissibles pour ce même crédit applicable pour les aînés autonomes sera portée de 15 600 $ à 19 500 $ et de 21 600 $ à 25 500 $ pour les aînés non autonomes. Encore faut-il que les usagers aient la capacité financière d'acheter autant de services! Les membres admissibles à ce crédit à notre Coopérative achètent en moyenne 1 000 $ de services par année. Ils sont bien loin du seuil maximal des dépenses permises.
Donc, cette annonce du ministre Bachand n'aura aucun impact dans la vie de la majorité de nos membres. Enfin, le ministre des finances a aboli, pour les aînés reconnus comme non autonomes, la réduction du crédit d'impôt de 3 % en fonction du revenu familial qui était fixé à 51 180 $. Si nos membres n'achètent pas plus de services, ce n'est pas par absence de besoins, mais plutôt par manque de moyens financiers! Le revenu moyen de notre clientèle est de 22 209 $ par année. Et non seulement les aînés n'ont pas les moyens de s'offrir beaucoup de services, mais la grande majorité d'entre eux n'en ont pas du tout! Près de 4 000 personnes de plus de 65 ans dans notre MRC ne bénéficient d'aucun service de la Coop. Si l'on doublait le nombre d'aînés ayant des services, il en coûterait un peu moins de 175 000$ au réseau de la santé. Une aubaine!» de conclure le vice-président.
«On ne perçoit pas d'efforts concrets et immédiats pour favoriser l'accès aux services d'aide à domicile aux personnes en perte d'autonomie. De toute évidence, le travail reste à faire pour que le gouvernement considère l'investissement dans les services d'aide à domicile comme une solution, et ce, malgré de nombreux efforts. Cela fait maintenant près de quatre ans que des discussions ont lieu entre nos Coopératives de services et le gouvernement du Québec et malgré ces nombreux échanges et les multiples promesses, il nous a été impossible d'identifier clairement les éléments pouvant nous sembler une réponse aux besoins que nous avons formulés à maintes reprises. » a commenté la directrice générale.
Le ministre des Finances, M. Raymond Bachand, déclarait pourtant récemment que les Coopératives de services à domicile allaient jouer «un rôle majeur» pour permettre aux aînés de rester à domicile le plus longtemps possible et ainsi retarder leur départ vers les CHSLD. «Il y a une longue vie à assurer avant d'être hébergé en CHSLD, le gouvernement doit aussi se préoccuper de la qualité de vie de ses aînés.» a tenu à préciser M. Lavoie. Force est maintenant d'admettre que malgré les bonnes intentions du gouvernement, l'investissement n'est pas au rendez-vous et que les mesures annoncées au budget n'auront pas d'impact significatif pour nos membres.
«Une grande proportion de la clientèle de nos Coopératives dispose de moyens financiers plutôt modestes. Dans notre Coopérative, nous avons pu observer un décrochage de la clientèle de l'ordre de 2 % uniquement au cours de la dernière année, faute d'avoir la capacité de se payer des services répondant à leurs besoins» de préciser le vice-président. Un investissement dans le Programme d'exonération financière pour les services d'aide domestique (PEFSAD) aurait permis d'atténuer cette tendance. Le gouvernement du Québec aurait tout intérêt à manifester clairement sa préoccupation pour les aînés et surtout à accorder une priorité stratégique au financement des services d'aide à domicile. «Nos aînés seront bien seuls pour absorber les hausses incontournables de tarification des services. Pour les membres de notre Coopérative, la dernière année financière a provoqué beaucoup d'inquiétudes. Le sous-financement des services à domicile et les coupures de budget en matière de soutien à domicile ont vraiment détérioré nos opérations financières. Pour réussir à maintenir des services de qualité, et surtout pour assurer la survie de notre Coopérative, nous avons dû faire des choix importants. À ce jour, notre situation financière s'améliore, mais nous devons demeurer vigilants. Nous devrons envisager des solutions et le gouvernement devra faire face à la population en expliquant son manque de soutien aux aînés.» poursuit M. Lavoie.
«Il s'agit d'un manque de reconnaissance vis-à-vis l'importance des services rendus par nos Coopératives qui, sans compter les autres services, offrent annuellement 5,5 millions d'heures de services d'aide à domicile afin de contribuer au mieux-être des aînés. En ce qui concerne notre Coopérative, il s'agit de 76 000 heures dispensées annuellement, uniquement dans la MRC de Montmagny.» d'ajouter la directrice générale.
Le Québec a la chance et le privilège d'avoir un réseau d'une centaine de Coopératives de services à domicile exploitées à des fins non lucratives qui ont pour mission de répondre aux besoins liés au vieillissement de la population et aux besoins croissants de services d'aide à domicile. Des investissements auraient été nécessaires pour mieux répondre aux besoins sur le terrain et ainsi assurer une qualité de vie convenable à nos aînés qui désirent par-dessus tout, demeurer dans le confort de leur maison, et ce, le plus longtemps possible. Le gouvernement du Québec a tout avantage à investir dans les services d'aide à domicile et à informer la population de l'existence du PEFSAD.
M. Lavoie tient à rappeler qu'il en coûte pourtant beaucoup moins cher à l'État de soutenir une personne à domicile que de l'héberger en CHSLD et qu'au vu de cette équation évidente, le gouvernement du Québec aurait pu faire beaucoup mieux dans le budget déposé cette semaine.
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Source : Louise Soucy, Information : Jean-Claude Lavoie,
Directrice générale Vice-président
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