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En route vers la démesure

Test
Céline Chabot - L'oie blanche

Elles sont tenaces, les idées reçues... Après avoir lui-même fait l'expérience de quitter la métropole pour s'établir quelque temps en région, l'auteur n'a pu s'empêcher de tomber dans la caricature en multipliant les clichés.

Drôlement paradoxal, ce premier roman de Gabriel Anctil. Si l'on saisit bien son intention, celle de vanter les beautés et bienfaits de la campagne par opposition à la vacuité, la course effrénée dans un monde superficiel et aseptisé, disons qu'il s'y est pris de façon un peu maladroite. L'auteur en fait trop, voilà.

Théo est séduisant, branché, au sommet de l'échelle mais Montréal ne l'amuse plus. Il quitte son emploi (grassement payé), sa blonde (canon), son condo (de luxe), saute dans sa Citroën (édition limitée) et prend le large, direction Trois-Pistoles. S'il faut en croire son patron, désespéré à l'idée de perdre le petit génie, Théo s'apprête à quitter la civilisation pour un trou perdu peuplé de consanguins batteurs d'enfants, d'illettrés dont le quotient intellectuel moyen frôle le mongolisme... Bon, il beurre épais le Montréalais. Les énormités qu'il profère ne reflètent sans doute ni les opinions de l'auteur ni celles de son personnage, qui profitera de son escapade pour rencontrer des gens sympa, parfaire sa culture et réviser quelques positions, n'empêche. Ces préjugés demeurent et Théo en rajoute, dépeignant les villageois sous un jour peu flatteur (ils sont soit soûlons, soit colons, souvent les deux). En même temps, il juge l'univers dans lequel il évoluait précédemment - de même que tous ceux qui en font partie - comme autant de coquilles vides. Il me semble qu'un propos plus nuancé aurait gagné en crédibilité. Ceci dit, j'ai suivi Théo jusqu'au bout de la 132 car son histoire ne manque ni de souffle ni de sel et j'y ai passé d'agréables moments.

Gabriel Anctil, roman, Les Éditions Héliotrope, 514 pages- 30 -

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