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EST-ON GOUVERNÉ PAR DES MALADES?

Blogue ste?phane maestro
Stéphane Maestro - BLOGUEUR

Le législateur oblige depuis un bon moment les politiciens à dévoiler leurs intérêts financiers. Mais devrait-on exiger qu?ils dévoilent du coup leur bilan de santé? Car il y a le risque d?être dirigés par des malades?

La question est revenue indirectement sur le tapis lors de la campagne électorale en cours à propos du gabarit du Dr Gaétan Barrette. Certains se sont scandalisés que l?on s?en prenne à l?aspect esthétique. Et l?intéressé a trouvé la man?uvre un peu mesquine. Mais sur le fond, la question intéressait le public en ce qui concerne un aspirant au poste de ministre de la Santé. Est-il lui-même en santé? La question de l?état physique et mental d?une personne fait encore tabou, du fait qu?on entre au c?ur de l?intimité de l?individu.

Car si du côté financier quelqu?un cherche à cacher quelque chose, les réponses se trouvent toujours. Suffit d?une bonne recherche à travers les sociétés écrans et les compagnies à numéros. Mais dans le cas de la santé, comme on dit, seul son coiffeur le sait. La question est d?autant plus pertinente que si la maladie surgit en cours de mandat, qui peut nous garantir que le dirigeant a toutes les facultés pour prendre les bonnes décisions dans l?intérêt de la nation? Pour le moment, en France et aux États-Unis, les présidents de ces pays publient un bilan de santé sur une base volontaire. Mais rien n?empêche de le trafiquer comme ne se gênait pas de le faire un François Mitterand, atteint du cancer dès son premier mandat en 1981...

DES CAS CÉLÈBRES

On ne fera pas ici la nomenclature de tous les grands de ce monde qui étaient en poste, affligés de graves maladies. Je viens de citer le premier président socialiste de la cinquième République. Mais avant lui il y a eu Georges Pompidou, qui souffrait d?un grave cancer et qui n?en pipait mot à personne. Et pourtant son visage bouffi en disait long.

Et si on remonte plus loin dans le temps, vous avez eu Staline avec ses paranoïas. D?un coup de crayon chaque matin, lui qui voyait des complots partout, s?amusait à décréter des sentences de mort à coup de milliers de personnes.

Un jour, un de ses collaborateurs lui fit la remarque que parmi sa liste du matin se trouvait quelqu?un de bien. Et le petit père des peuples, comme on le surnommait, répliqua : « Oui, pour l?instant. »

À la fin de la seconde guerre mondiale, quand eut lieu la rencontre entre les alliés à Yalta où on décida du partage du monde, Franklin Delano Roosevelt, le président américain, était déjà gravement malade. Dans un moment si crucial pour le sort de l?humanité, il n?avait même pas toutes ses facultés. Il mourra en pleine présidence. Pensez à John F. Kennedy et ses graves maux de dos. Il n?était confortable qu?en position couchée et devait porter un corset et prendre de nombreux médicaments.

Il y a eu l?alcoolisme de George W. Bush. Du côté des papes, vous avez eu l?agonie si longue de Jean-Paul II, qui avait peine à articuler tant il souffrait. Lors de sa dernière sortie publique au balcon de Saint-Pierre, il a même lâché un cri de douleur.

Son prédécesseur, Jean-Paul 1er, était sans doute déjà malade ou on l?a assassiné comme le veut toujours la rumeur. Toujours est-il que son pontificat a duré une trentaine de jours seulement. Étaient-ils capables, dans ces conditions, de diriger la catholicité? Pendant ce temps, les cardinaux de la Curie romaine s?en donnaient à c?ur joie. Voyez le même phénomène qui commence à poindre avec Benoît XVI, qui souffre du c?ur. Il a de la difficulté à bouger et on le traîne sur la même « barouette » qui a servi à Jean-Paul II. Tellement plus en possession de lui-même, que son propre majordome lui piquait par derrière des documents compromettants qui viennent d?être publiés sous la forme d?un livre, qui nous arrive tout juste en traduction française.

PLUS PRÈS DE NOUS

Lorsqu?on a autopsié René Lévesque, qui est mort après avoir quitté la politique, on a été très étonné de lui voir les poumons roses!! Ce sont les artères qui ont bloqué. S?il s?était donné la peine de faire un bilan de santé régulier, même du temps qu?il était aux commandes de la province, il aurait certainement gagné quelques années de plus.

On a le cas de Jack Layton, qui est entré en campagne électorale se sachant quand même atteint du cancer. Vous avez eu le ministre libéral Claude Béchard, sur qui on a administré de sévères chimiothérapies expérimentales. Durant ce temps, il y avait vacance à son ministère. Je veux bien croire que ce sont les hauts fonctionnaires qui font rouler l?appareil gouvernemental. Mais un commandant est toujours nécessaire.

UN BILAN DE SANTÉ COMPLET?

Bref, je crois que nous devrions exiger d?être en droit de savoir de ce qu?il en est de la santé de ceux qui nous gouvernent. Qu?ils publient une ou deux fois l?an un bilan de santé complet.

Dans le cas de Jean Charest, de ne faire jamais d?erreur et que ce soit toujours la faute des autres m?inquiète grandement. Mais en ce qui le concerne, nous allons tous jouer aux docteurs ce soir et lui donner de bonnes longues vacances. C?est le meilleur traitement qui lui convienne.

BIBLIOTHÈQUE :

« Ces malades qui nous gouvernent. » Pierre Accoce et Pierre Rentchnik. Stock.

« Le dernier tabou. Révélations sur la santé des présidents. » Denis Denonpion et Laurent Léger. Pygmalion.

« Sa Sainteté, scandale au Vatican : les documents secrets de Benoît XVI. » Gianluigi Nuzzi. Privé.

 

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