Jean-Pierre Lemieux - L'OIE BLANCHE
Depuis quelques années le projet de réinstaller la goélette Grosse-Île dans la région a connu beaucoup de difficultés. Le promoteur, M. Didier Épars a essayé, de plusieurs manières, de convaincre les décideurs de la région de le supporter en l'aidant à obtenir un prêt pour mettre son bateau en service.
Or, on apprend que pendant ce temps , depuis presque trois ans, on préparait la venue d'un voilier, le Rotersand, qui arrive la saison suivante de la mise au rancart de la Marie-Clarisse II (dont le destin n'est toujours pas connu publiquement) avec un projet de navire école. Le Rotersand s'en vient, vous pouvez même suivre sa route (http://share.findmespot.com/shared/faces/viewspots.jsp?glId=0n8urQgV3SIkrsI2ZmQgsRg4lyk6OEhpJ). Il est attendu en août à Saint-Jean-Port-Joli pour la fêtes des Chants de marins (ce n'est pas encore affiché sur le site de la fête mais c'est confirmé par le porte-parole du site).
Différences
Le Rotersand affiche une longueur de 26.21 mètres (86 pieds), c'est un deux mâts à fond plat construit en Allemagne en 1995. La Grosse-Île affiche une longueur de 20 mètres (65,6 pieds) construite en 1951 et rénover en 1958 et entre 1996-2003. Voilier à quille.
Il y a une différence : les deux bateaux ont deux mâts mais le Rotersand est un « Ketch » c'est-à-dire que le plus petit mât est à l'arrière tandis que sur la goélette c'est le plus grand mât qui est à l'arrière. Cependant les deux bateaux ont des voiles auriques, en forme de trapèze.
Il faut ajouter que la Grosse-Île est le navire-étalon pour créer la nouvelle norme de Transports Canada pour certifier les navires commerciaux à voiles. Elle a aussi une reconnaissance internationale par l'Europeen Maritime Heritage.
Sur le site Écomaris il est dit que le Rotersand a aussi les certifications pour naviguer sur le Saint-Laurent.
Deux poids, deux mesures?
Sur le site de Écomaris (http://ecomaris.org/partenaires/) il y a la liste des partenaires du projet. Dans cette liste on retrouve, entre autres, la ville de Rimouski, le CLD, Investissement Québec, Tourisme-Québec, etc... à peu de chose près, les organismes équivalents ici dans la région contactés par le promoteur Didier Épars.
Au cours d'entrevues menées pour essayer de trouver pourquoi un des projets fonctionne et l'autre pas et dans le but de découvrir s'il y avait deux poids, deux mesures, il est ressorti une différence : le modèle d'affaire. On ne parle pas ici du « plan d'affaire » mais du modèle. Le projet de la goélette Grosse-Île est le projet d'un promoteur privé et le Rotersand est supporté par une corporation sans but lucratif et une fondation, la Fondation Monique-Fitz-Back.
Capitaine Claude Chiasson
Rencontré à Québec la semaine dernière (voir la vidéo) le capitaine Claude Chiasson a fait remarquer qu'un projet soutenu par une corporation et une fondation est un modèle d'affaire intéressant car cela coûte très cher de maintenir en service un bateau en bois.
Selon M. Chiasson, qui a été le capitaine de la Marie-Clarisse en 2010, même si la Marie-Clarisse et le Rotersand sont là, il y a de la place pour la goélette Grosse-Île. Selon lui c'est un projet modeste très intéressant pour la région.
Député François Lapointe
Rencontré aussi récemment à Montmagny le député François Lapointe voit également un avantage d'avoir un projet soutenu par plusieurs tout en répétant la confiance qu'il a en les capacités et les compétences du promoteur. Il est bien conscient de la valeur patrimoniale et de l'impact sur l'industrie touristique d'un tel projet.
En mai, dans un éditorial, M. Yannick Patelli, révélait que l'ex-député conservateur Bernard Généreux avait montré de l'intérêt pour le projet. M. Généreux est maintenant sur le conseil d'administration de la Corporation de Grosse-Île (l'île, pas le bateau) et est aussi le représentant fédéral au Port de Québec.
« Il est le bienvenue s'il peut aider à faire un pas qui est constructif ». Le député néo-démocrate a ajouté : « Quant vient le temps de développement régional il n'y a pas de couleur (politique) ».
Didier Épars
Au téléphone, en entendant parler d'OSBL, M. Épars s'est montré très surpris. « Le projet Grosse-Île a commencé comme ça et c'est lors d'une demande de financement, en 2000, que les représentants des deux gouvernements, fédéral et provincial, m'ont demandé de changer le statut de la société gérant la goélette, pour en faire une incorporation »
On lui aurait alors expliqué que le financement d'une OSBL est récurant et que les gouvernements préféraient les formules partenariats public privé (PPP).
CLAUDE CHIASSON
Le capitaine Claude Chiasson a d'abord travaillé sur la Marie-Clarisse en 1982 à l'âge de 23 ans pour finalement en devenir brièvement le capitaine au printemps 2010.
Né à Bathurst au Nouveau-Brunswick, M. Chiasson a passé son enfance à Carleton.
Il a été capitaine du Grue des îles et chef officier chez Windjammer Barefoot Cruises pendant trois ans.
C'est un instructeur de voile croisière. Il a fait trois traversées de l'Atlantique. Il a obtenu son deuxième brevet d'officier strictement des voiliers à passagers. (JPL)