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Grave érosion incontrôlable

M. Robert Fiddes, conjoint de Mme Paquerette Blais, montre comment l'érosion évolue d'une façon dramatique à l'est de l'aéroport de Montmagny. (Photo Sylvain Fournier)

Sylvain Fournier - L'OIE BLANCHE

Le phénomène d'érosion des berges du fleuve St-Laurent est connu à différents endroits au Québec. La Côte-du-Sud et l'archipel de L'Isle-aux-Grues n'y font pas exception. Sauf qu'à certains endroits, la situation est devenue quasi catastrophique.

Parlez-en à Mme Paquerette Blais qui doit présentement composer avec une situation extrême d'érosion sur ses terres qui longent le fleuve à l'extrémité est de la piste d'atterrissage de l'aéroport de Montmagny. L'Oie Blanche est d'ailleurs allé constater l'ampleur du phénomène qui aurait été accentué par des travaux d'empierrement réalisés il y a quelques années.

Il y a un peu plus de cinq ans, Hydro-Québec a en effet fait un empierrement au bord du fleuve pour protéger un secteur où un câble électrique sous-fluvial traverse jusqu'à l'Isle-aux-Grues. L'année suivante, c'était au tour de Transport Québec de réaliser d'importants travaux d'empierrement afin de protéger la piste d'atterrissage des risques d'érosion.

15 pieds en une journée!

«Un premier a commencé le problème et l'autre l'a continué», a résumé M. Robert Fiddes, le conjoint de Mme Blais. Lors des dernières grandes marées additionnées aux vents extrêmes qui ont causé bien des dommages aux riverains de la région, le terrain de Mme Blais s'est effrité d'au moins... 15 pieds!

«On nous dit que l'érosion gruge environ 100 cm par année. On est très loin de cela», dit M. Fiddes qui accuse ces empierrements de causer un phénomène de vortex à leurs extrémités, accélérant ainsi de façon exponentielle l'érosion des terres.

Le producteur agricole M. Jean Marois qui exploite les terres plus à l'est de Mme Blais vit également cette situation. «Chaque année depuis au moins trois ans, je dois déplacer mes clôtures pour éviter que mes animaux tombent dans la falaise», a-t-il confié en ne cachant pas que la situation était fort inquiétante puisque l'on peut voir d'immenses arbres être déracinés par les fortes marées.

Pas responsables?

Hydro-Québec et Transport Québec continuent de leur côté à nier toute responsabilité.

Le dossier n'est pas simple, car Mme Blais et M. Fiddes se sont faits dire de vive voix par des géologues de l'Université du Québec à Rimouski que l'empierrement avait accéléré le phénomène, mais ils ne l'ont jamais admis par écrit, a expliqué M. Kevin Morin au bureau du député Norbert Morin. On a tenté de joindre ces géologues, mais sans succès pour l'instant.

«Hydro-Québec continue de dire qu'il est bien écrit noir sur blanc qu'elle n'est pas responsable et que l'érosion ne représente seulement qu'un peu plus que le standard habituel», explique Kevin Morin qui dit avoir entamé des discussions afin de tenter d'amener Hydro-Québec à être davantage sensibilisé par la situation de Mme Blais.

Du haut des airs

Depuis quelques années, M. Fiddes estime avoir perdu plus de 100 pieds de terre, emportés par le fleuve. Et le problème ne cesse de s'envenimer.

Le pilote Jean Gosselin, propriétaire de Montmagny Air Service, a confirmé la problématique, lui qui dit voir du haut des airs les terres être de plus en plus érodées autour du secteur où il y a eu de l'empierrement. Même les battures sont emportées.

«Ce secteur est gravement touché, mais il y a pire aussi dans le secteur de la Pointe-aux-Oies et plus à l'est ainsi que sur les battures entre l'Isle-aux-Grues et l'Isle-aux-Oies. On voit la progression rapide d'année en année», a confié Jean Gosselin. Des chercheurs de l'Université Laval étudient d'ailleurs ce phénomène sur l'île, avait-t-on rapporté dans le journal il y a quelques mois.

Tant à Montmagny qu'à Cap-Saint-Ignace, les conseils municipaux ont bien du mal à pouvoir intervenir dans ce dossier complexe. Le maire de Cap-Saint-Ignace, M. André Clavet, dit avoir rencontré au moins trois organismes pour tenter de trouver des solutions, mais en vain.

Projet avec Biopterre

À la Ville de Montmagny, on vient de mettre de l'avant un projet avec l'organisme Biopterre afin de trouver une solution qui pourrait stopper, sinon ralentir, le phénomène d'érosion des berges du fleuve à l'aide d'une végétation appropriée.

Ce projet se fera en trois étapes dans le secteur des bassins d'épuration des eaux usées où la situation est moins dramatique et plus facilement analysable avant de voir ce que l'on pourrait faire à la Pointe-aux-Oies et plus à l'est où c'est plus criant, a mentionné le directeur général de la Ville, M. Bernard Létourneau.

Pendant ce temps des propriétaires riverains continuent à perdre du terrain, impuissants à contrer ce phénomène naturel qui est possiblement en lien avec le réchauffement de la planète et ses perturbations climatiques extrêmes.

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