Raymond Fournier - OPINION
À propos du projet de bibliothèque publique, vous publiez deux opinions
diamétralement opposées : M. Clavet ne voit que l'argument économique ;
il se garde bien de nous dire quand et à quelle fréquence il fréquente
les bibliothèques scolaires. J'aimerais bien qu'il se prononce
la-dessus, quoique je présume déjà de ses réponses, c'est-à-dire : pas
trop souvent. Et cela peut se comprendre ...
Par ailleurs, Madame Ménard défend des points de vue très justifiables
sur le plan culturel. En effet, une bibliothèque municipale est un
atout très précieux pour une population ; cela l'est encore plus quand
cette dernière est en voie de perdre sa langue et la qualité de ses
racines. Actuellement, le Québec vit cette crise et il faut y mettre un
frein. Vous me direz que le problème se situe à Montréal et ses
environs. C'est vraiment pire dans cette partie de la province,
d'accord, mais le reste du Québec n'est pas à l'abri.
Malgré les circonstances, je vous dirai que j'ai appris mon français
dans la région du Bas-Saint-Laurent. Et je l'ai appris de la bonne
façon. J'ai souffert, dans mes jeunes années, de la pauvreté des
documents écrits mis à notre disposition. Autant dire qu'il n'y en
avait pas dans nos paroisses rurales. Il en fallait, de la volonté,
pour s'instruire et pour dénicher quelques volumes sur le bout d'un
semblant de rayon de bibliothèque scolaire. J'ai persisté et j'ai fini
par trouver. Je me considère aujourd'hui comme chanceux.
Dans ma municipalité actuelle, nous n'avons qu'à habituer nos enfants
à fréquenter leur bibliothèque municipale. En plus de l'approche
parentale, cette institution a mis sur pied plusieurs initiatives pour
donner aux jeunes le goût de la lecture. Et ça fonctionne ! De plus,
une fois ce reflexe acquis, ils utilisent les facilités de leur école
avec le support de parents bénévoles qui ont aussi le respect des
livres, des écrits et de la culture de base, en général .
Si
les enfants et adolescents n'ont accès qu'à des équipements scolaires
réduits en nombre et en qualité, ils ont de bonnes chances de rester en
bonne partie des illettrés. Une bibliothèque municipale bien tenue,
c'est un chez-soi pour les utilisateurs. On y vient quant on veut, on
s'y sent à l'aise ; les heures d'ouverture sont nombreuses, conviviales
; le personnel y est dévoué et compétent. Et pas besoin d'être un rat
de bibliothèque pour profiter de cet environnement.
Évidemment, il faut consentir un effort financier. C'est comme pour
l'instruction. On peut quitter l'école en Secondaire I pour gagner
quelques sous jeunes. Mais on risque de se retrouver devant rien toute
sa vie. Au contraire, la persistance est une recette rentable à long
terme..
J'espère que la population de Montmagny n'écoutera pas seulement le
discours éteignoir de quelques citoyens à la vue trop courte.
Un exemple vécu. Dans ma ville d'adoption, on inaugurera, dans quelques
jours, un magnifique édifice moderne et équipé des dernières facilités
de communications, en plus d'y reloger toutes les collections de notre
vieille bilbiothèque. Et, croyez-moi, il n'y a rien de gratuit dans
cette aventure. Mais nous avons consenti l'effort et nous serons
heureux de cette réalisation. De plus, tout comme on vous l'annonce à
Montmagny, le gouvernement est prêt à consentir un réel effort
financier pour vous supporter. Pourquoi rater une si belle occasion ?
N'oubliez pas qu'une facilité publique telle une bibliothèque bien
organisée est aussi une attraction majeure pour une ville comme la
vôtre.
Merci de votre attention.
Raymond Fournier
Saint-Eustache
P.S. Bravo à Madame Céline Chabot. Elle vient de s'exprimer, beaucoup mieux que je ne l'ai fait, pour l'appui à ce projet.
Pour ma part, je vous encourage à aller de l'avant car ce sera un grand
pas pour la population et la ville de Montmagny ; de plus, il y aura
aussi des retombées positives sur la région environnante. Pensez aux
paroisses trop peu nombreuses ni assez riches pour se le permettre.
Elles pourraient même négocier des alliances avec vous ! Idem pour
divers organismes ...
Comme on dit en langage populaire, il est temps de vous mettre "sur la map", côté culture !
Merci de m'avoir lu et de faire connaître mon opinion.
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