Aller au contenu

Jean-François Lisée estime que Legault est également responsable des malheurs de l'usine Bombardier de La Pocatière

Dans un texte intitulé « François, pourquoi as-tu refusé un seuil d’achat local? » paru dans l’édition du Soleil du 23 février dernier,  le chef de l’opposition officielle à Québec et du Parti québécois accuse François Legault d’avoir voté en faveur de lois qui écartaient le contenu local dans l’octroi des contrats.

Selon les dires de Jean-François Lisée, il suffisait d’insister pour introduire un seuil de contenu local de 25 % dans la loi qui créait, en 2015, la filiale CDPQ Infra, spécifiquement conçue pour le Réseau express métropolitain (REM).

Cependant, la Coalition avenir Québec n’aurait pas travaillé en ce sens. « Mes collègues péquistes Nicolas Marceau et Alain Therrien ont tenté à maintes reprises de pousser le gouvernement à inscrire cette disposition dans la loi. Quant à tes députés, cher François, ils n’en ont jamais parlé. Principalement à cause de l’absence d’assurance de contenu québécois, tous les députés du Parti Québécois ont voté contre cette loi. Toi, François, et tous tes députés avez voté en faveur, » a insisté Jean-François Lisée.

Il y aurait eu, selon Lisée, même situation en 2017, lorsque les libéraux ont fait voter une seconde loi qui est venue élargir les pouvoirs de CDPQ Infra en lien avec la construction du REM. Au Parti Québécois, les députés ont poursuivi le combat pour exiger un seuil de contenu local, avec l’appui des députés caquistes. Cependant, au moment de voter, François Legault aurait décidé de soutenir, encore une fois, le gouvernement…

« Ta décision de voter en faveur de lois qui omettaient cette condition essentielle nous en dit davantage sur ta réelle détermination que les discours que tu as prononcés à La Pocatière, » d’ajouter le chef péquiste.

Jean-François Lisée croit par ailleurs que rouvrir l’entente avec Alstom comme le souhaite le chef caquiste nuirait à la Caisse de dépôt puisque ce n’est pas la bonne façon de procéder.

« La Caisse a une mission, déterminée par l’Assemblée nationale. Jean Lesage (guidé par la plume de Jacques Parizeau) en a fixé les paramètres. Jean Charest l’a affaiblie législativement, à nos dépens. L’approche correcte est d’insérer dans la loi de la Caisse, pour l’avenir, le seuil de 25 % d’achat local si elle acquiert du matériel roulant au Québec, » a précisé Lisée.

Le chef du Parti québécois rappelle que dans la négociation du traité avec l'Europe – qui portait notamment sur l'ouverture des marchés publics –, les Européens souhaitaient 0 % d'achat local. Nicolas Marceau, alors ministre des Finances et responsable de la négociation, a discuté avec les constructeurs québécois du seuil minimum à partir duquel Québec obtenait un effet structurant, comme l'obligation d'installer ici une usine. C'est ainsi que Québec est venu à proposer 25 %, et ce,  après avoir obtenu l'appui du Manitoba, puis celui du Canada. Le gouvernement péquiste avait alors finalement convaincu les Européens.

Le grand responsable du malheur des travailleurs de La Pocatière est Philippe Couillard

Selon Lisée, même si Bombardier recevait de nouvelles commandes aujourd'hui, son usine pocatoise devrait cesser sa production pendant plusieurs mois en 2019, puisqu'il faut compter une année entre la nouvelle commande et la conception puis la création des pièces.

« En adoptant les lois du REM sans exigence pour du contenu local — avec l'appui enthousiaste de la CAQ, je le répète —, il a donné un avantage comparatif net aux concurrents de Bombardier et aux installations étrangères d'Alstom, » a déclaré Jean-François Lisée.

Toujours selon Jean-François Lisée, il n'y a qu'une seule solution à court terme pour La Pocatière : convaincre la Société de transport de Montréal (STM) de se prévaloir immédiatement de son option d'achat de nouvelles voitures Azur. « Cependant, la STM juge moins coûteux de reconditionner ses vieilles rames. Et il n'appartient pas à la STM ni à ses usagers de payer pour sauver La Pocatière. »

Premier ministre, Lisée mettrait en balance l'importance de garder à La Pocatière et à Sorel-Tracy, le noyau d'expertise de haut niveau qui serait mis en péril par un trop long arrêt des opérations. « Dans le contexte actuel d'une pénurie de main-d'œuvre qualifiée, les salariés de ces deux usines seraient rapidement happés aux quatre vents, et il deviendrait très difficile de revenir en arrière ensuite. »

L'intervention ponctuelle d'un gouvernement dirigé par Lisée viserait ainsi à assurer le maintien des activités manufacturières aux deux sites, dans l'attente de futures commandes publiques de matériel roulant. D'une part, il s'agirait donc, pour l'État québécois, de négocier avec la STM un allégement de ses coûts à peu près équivalent au surcoût estimé de l'achat immédiat de nouvelles voitures Azur, en lieu et place du reconditionnement de ses vieilles rames.

D'autre part, Lisée rappelle que le gouvernement Charest avait augmenté la facture d'électricité de la STM d'un demi-million de dollars par année. « Une annulation de cette mesure – que le Parti Québécois préconise depuis 2014 – pourrait faire partie de la solution. »

Finalement, Lisée estime qu'il demeure incontournable de légiférer immédiatement pour faire en sorte que toutes les commandes futures substantielles de matériel roulant qu'elles soient de la Caisse ou d'ailleurs au Québec, comprennent au moins 25 % de contenu local (canadien), avant de conclure qu'au lendemain de l'indépendance du Québec – quelque part au cours du second mandat –, il y aurait toujours naturellement 25 % de contenu exclusivement québécois.

Réplique de François Legault

« M. Lisée ressemble de plus en plus à un chef désespéré en manque d'attention. Un jour il présente le retour d'un ex-député inconnu comme un événement important et le lendemain il invente des “Fake News” pour s'en prendre à ses adversaires politiques. M. Lisée sait très bien que c'est François Legault qui mène la charge dans le dossier du contenu local pour le projet du REM depuis le début. Les élus de La Pocatière et les employés de Bombardier là-bas l'ont d'ailleurs confirmé par leur accueil chaleureux à son endroit. La CAQ a déposé des amendements, des motions et posé des questions en chambre sur le sujet à maintes reprises. La CAQ ne se laissera pas distraire par un parti dépassé qui semble de plus en plus incapable de se reconnecter sur les priorités de la population québécoise. »

Commentaires