Même s?ils ont vécu des conditions de travail parfois difficiles, dû composer avec un climat social ou politique souvent imprévisible, risqué leur vie et vu une pauvreté qu?on aurait de la peine à s?imaginer, les policiers magnymontois Gérald Beaulieu et Rémy Couillard avouent avoir envie de retourner en Haïti pour y réaliser une seconde mission humanitaire.
Le sergent Rémy Couillard du poste de la Sûreté du Québec dans la MRC de Montmagny a fait partie de l?un des derniers contingents à avoir réalisé des missions de neuf mois pour la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haiti). Son affectation s?est étendue du 18 janvier au 18 octobre 2011.
Plus fraîchement arrivé, son collègue, le sergent Gérald Beaulieu a pris part de son côté à une mission qui a ensuite été prolongée à un an selon une directive de l?ONU, soit du 17 octobre 2011 au 15 octobre 2012. Les deux Magnymontois ont d?ailleurs pu se croiser là-bas avec le groupe de Canadiens entrainés et supervisés par la GRC.
Des policiers provenant de plus de 45 pays participent à cette mission de paix qui pourrait éventuellement être retirée par l?ONU. Toutefois, les besoins d?aide sont constants depuis le terrible séisme du 12 janvier 2010.
Si Rémy Couillard a vécu la cohue urbaine lorsqu?il a dirigé pendant une bonne partie de sa mission le commissariat de la police nationale haïtienne de Pétion-Ville, un secteur Est de la capitale de deux millions d?habitants Port-au-Prince, Gérald Beaulieu a connu principalement la vaste nature en région du secteur sud de Les Cayes, la troisième plus grande ville d?Haïti.
Si le travail et la vie de ces deux policiers ont pu être différents sur quelques points, il y a cependant une seule et même réalité qui existe. En entrevue, les deux policiers reviennent souvent sur l?extrême pauvreté de ce peuple et la quantité innombrable de crimes qui affectent cette société qui vit plus de 50 ans en arrière de notre temps. Ce fut tout un défi personnel et professionnel à relever, racontent-ils.
Conscients que ce travail est de longue haleine, ils expliquent que la présence des policiers étrangers commence à porter fruit au sein des forces de l?ordre haïtienne.
«Ce sont souvent des petits détails, comme tenir un registre de détention, leur faire comprendre que les détenus ont aussi des droits, qu?il faut respecter un protocole lors de diverses procédures et interventions», a noté Rémy Couillard. «Il faut répéter souvent», ajoute Gérald Beaulieu en rappelant la fois où il a dû, à plusieurs reprises en peu de temps, avertir un soldat africain de ne jamais pointer innocemment son arme chargée vers ses collègues.
En plus de leur travail administratif et de terrain, nos deux policiers magnymontois ont donné de leur temps pour aider la cause haïtienne. Rémy Couillard a entre autres payé les frais de scolarité d?une enfant de huit ans en plus de réaliser à Montmagny quelques collectes d?espadrilles pour les jeunes qui pratiquent le soccer près des camps des «déplacés», le nom donné aux habitants qui ont perdu leur foyer à la suite du tremblement de terre. Ces camps sont toujours aussi nombreux.
De son côté, Gérald Beaulieu a travaillé à la construction d?un hôpital et d?un orphelinat. Lors de ses brefs retours à Montmagny, il en a profité pour réaliser des collectes d?argent auprès de son entourage. Il a réussi à remettre «entre bonnes mains» 1 500$ pour l?orphelinat et 500$ pour l?hôpital.
Si l?occasion venait qu?à revenir, les deux policiers affirment sans hésitation qu?ils seraient prêts à relever à nouveau ce défi. Pour l?amour de leur profession, pour la simplicité de vivre de ce peuple attachant et pour le sentiment d?avoir pu aider leur prochain.
Photo: Pour se rendre dans la capitale Port-au-Prince, le sergent Gérald Beaulieu devait utiliser un hélicoptère.
Photo: Le sergent Rémy Couillard en compagnie d?un policier Colombien alors qu?ils étaient affectés aux élections présidentielles du printemps 2011.