Je viens de voir le film,
l?histoire de Pi. Il m?a plu. La jolie ville de Pondicherry aux abords de la Baie du Bengale, un ancien
protectorat français m?a rappelé de beaux souvenirs?et le philosophe,
Aurobindo. La recherche du divin à travers les différentes religions par
l?auteur est touchante surtout dans un milieu agnostique. Syncrétisme de bon aloi !
On sent l?auteur, Yann
Martel, dans toute sa tourmente intérieure. La tempête et le naufrage du
bâteau-arche-de-Noé est à l?image d?une personne qui ressent un grand malaise.
Les animaux qui se battent et se dévorent sur la barque de sauvetage dépeint
aussi des angoisses profondes. Le tigre du Bengale que Pi parvient à dompter
nous démontre que ces tourments, ces angoisses sont finalement controlés. Le radeau
attaché à la barque fait penser à celui qui, prévoyant, se garde un espace pour
des possibles. L?éparpillement des vivres de secours : La dispersion d?un
essentiel. L?île fantastique et le Robinson: L?utopie. L? atteinte de la terre
ferme : une certaine plénitude.
Un film à voir.
Sur un autre sujet, permettez que je vous laisse mon point de vue. Récemment, monsieur Martel
qui vit en Saskatchewan après avoir bourlinger sur la planète, a publié un
article au journal, Le Devoir, le 14 novembre dernier. Cet article, « Nous,
les autres », prenait position, naïvement, en faveur de la vision
trudeauiste et passéiste de la francophonie canadienne. Il doit savoir que les francophones
s?assimilent allègrement dans l?ouest canadien par environ 80% selon les
dernières statistiques fédérales (en Colombie britannique, c'est plus encore), comme monsieur Martel le sait sans doute ou
qu?il l?apprendra bientôt. Le Québec continuera à accompagner cette diaspora? en lambeaux. Loi oblige. L?espoir de cette cause reste mince. Disons-le tout nette, les résistants
pour la francophonie d?Amérique se situent au Québec et ils ont assez bien
organisé leurs réseaux. Le Québec, dernier rempart de la francophonie en
Amérique, doit continuer à regrouper toutes ses forces. Et il faut au plus tôt que le Québec obtienne une reconnaissance
internationale.
Pour revenir à monsieur
Martel, il m?est apparu qu?il y avait dans son film une recherche forte et
ardue d?identité dans cette errance agitée au milieu des continents et des
tourmentes. D?avoir été trop partout, on finit par n?appartenir à nulle part.-
Globe-trotter moi-même, je comprends le phénomène. Personnellement, je suis
devenu un citoyen qui croit en la nécessité pour la nation québécoise de
devenir autodéterminée, après avoir vécu cette vie de « promeneur
solitaire », observateur de l?ailleurs.
Je vais relire le livre de
Yann Martel, L?histoire de PI.
Alain Raby
Saint-Jean-Port-Joli
418-598-9318
N.B:J?ai enseigné à des
franco-manitobains de 8ième à 12ìème année à Saint-Claude. Mes élèves, à 95 %
étaient francophones. Sitôt à l?extérieur de la classe, ils parlaient en
anglais entre eux. Imaginez, j?étais là pour leur donner le goût du français.
C?était en 1976. Je complétai mes engagements et revins, content mais
désillusionné. Suite à cette expérience, permettez-moi de répéter que le
dernier rempart de la francophonie en Amérique se situe au Québec, et nous
serons toujours en danger d?assimilation parce que nous ne comptons que pour 2%
de cette chère et fraternelle Amérique anglophone que nous aimons mais dont
nous nous défions pour avoir trop facilement assimilée les nôtres.
Je vous laisse avec deux citations:
« Dans notre pays, mettre
sur les deux langues sur un même pied équivaut à mettre les deux pieds sur la même
langue ». Hanse, possiblement un irlandais ou un écossais d'origine dont le peuple
perdit la langue gaélique.
"
L'histoire du
Canada, depuis la conquête jusqu'à la conclusion du pacte
fédéral, c'est le récit de nos triomphes par la lutte opiniâtre et constante; l'histoire de la Confédération
canadienne, c'est la série lamentable de nos déchéances et de nos défaites par
la fausse conciliation. " Henri Bourrassa