Le premier ministre sortant pensait qu?en déclenchant les élections le 4 septembre il allait ainsi éviter les révélations de la Commission Charbonneau. La corruption le rattrape et ça ne figurait surtout pas à son agenda de campagne.
Comme quoi, même si on est un vieux retors de la politique comme Jean Charest, rien ne le laissait présager de l?arrivée du nouvel Eliot Ness, Jacques Duchesneau, dans l?échiquier politique. Il fallait le voir dimanche, blanc comme un drap, tenter de réagir en gardant une certaine contenance. Lui qui voulait éviter à tout prix qu?il soit question de corruption au cours de la campagne, il est pris avec et aura autant de mal à s?en débarrasser que lorsqu?on est arrosé par du « jus » de mouffette.
Disons qu?à tout le moins ça ne sentira pas bon pour lui. Et Pauline Marois est entrée aussitôt dans la danse avec le rappel d?un cas présumé de favoritisme concernant une transaction entourant un terrain vendu à Frank Catania, un riche donateur du parti libéral qui a empoché avec cette histoire 1 M$ en quelques semaines. Des commentateurs ont réagi en disant qu?on ressortait une affaire remontant à 2008. Et puis? Y a-t-il une date de péremption pour qu?on ne parle plus des mauvais coups?
SONDAGE LAMÉTROPOLE
C?est vraiment la meilleure affaire qui soit arrivée, que l?on parle enfin de ce qui préoccupe les Québécois, à savoir l?intégrité du monde politique. Et d?ailleurs, notre sondage indique que le sujet vient en tête de ce qui intéresse les gens, dans une proportion de 67 %. Et la souveraineté, elle, est loin derrière avec seulement 12 %. Ce qui m?amène à remettre les pendules à l?heure concernant madame Marois.
UNE GRANDE DÉMOCRATE
J?entends régulièrement autour de moi, et encore plus depuis que l?élection est déclenchée, qu?un vote pour le Parti Québécois est immédiatement un vote pour la souveraineté. Et qu?au cours de son premier mandat, elle en profiterait pour organiser un référendum. Ces gens qui pensent de la sorte ont tout faux. Ça reflète encore une fois de plus notre peur viscérale du changement. D?abord, la leader du parti a été très claire là-dessus, JAMAIS elle n?ira contre la volonté de la population. Si elle se rend compte que les Québécois ne sont pas mûrs pour l?indépendance, eh bien il n?y en aura pas dans l?instant, quitte à attendre un moment plus propice.
Mme Marois demeure avant toute chose une grande démocrate. Et elle est pour l?harmonie en tout premier lieu. La meilleure preuve est qu?elle a réussi à supprimer l?esprit chicanier dans son parti, ce qui n?est pas une mince affaire. Essayez de faire entendre raison à un parti où dominent des intellectuels, qui tous ont raison. Ce n?est pas pour rien qu?elle s?est méritée le surnom de femme de béton. Non pas au sens de tête dure, mais au sens de femme qui ne s?en laisse pas imposer et qui est capable d?affronter en vrai chef des tempêtes.
JACQUES DUCHESNEAU
Et au sujet de l?apparition non programmée de Jacques Duchesneau dans le décor, elle a rétorqué avec réalisme que la lutte contre la corruption n?est pas que l?affaire d?une personne, mais bien d?une équipe.
DIVISER POUR MIEUX RÉGNER
Elle est consciente que la grande famille idéologique des souverainistes, qui englobe Québec Solidaire, la CAQ et Option nationale, risque de diviser le vote. Et qu?un vote pour ces autres partis, c?est une chance de plus de laisser se faufiler le Parti libéral vers le pouvoir. C?est pour ça qu?après toutes ces années de gouvernement de droite, il est temps d?alterner avec un parti de gauche modéré, bien à l?écoute des gens, et surtout qui renforce notre valeur identitaire. Au lieu de disperser son vote à tout vent, vaut mieux se ranger derrière le Parti Québécois.
Une riche formation avec un glorieux passé et qui ne demande pas mieux que de remettre le Québec sur les rails de l?intégrité, ce qui veut dire aussi prospérité. Car l?argent versé aux mafieux retournera alors dans les services à la population.