Une bonne société prônant la démocratie se targue d'agir en toute transparence.
Que ce soit en politique à tous les niveaux ou bien en matière de justice, l'on
veut tout savoir et tout connaître ! C'est tout à fait de bon aloi. Mais jusqu'où
doit-on aller dans cette démarche et quelles sont les bornes que l'on doit poser
pour être certain de ne pas dépasser les limites de la rectitude ? Voilà une question
sur laquelle il m'apparaît opportun de réfléchir.
Prenons l'exemple de celui qui se lance en politique. Aussitôt élu et même avant
qu'il ne le soit, certains individus s'empressent de lui trouver toutes sortes de
squelettes et de les étaler sur la place publique, parfois sans trop avoir vérifié
l'existence réelle de telles choses. Et l'opinion publique se forge une idée qu'il est
ensuite difficile de changer. Certaines choses doivent être dites, mais encore
faut-il en vérifier minutieusement l'exactitude et éviter les excès.
Que dire également de certains procès dont les moindres détails parfois scabreux
se retrouvent à la une des journaux ou des bulletins télévisés de nouvelles !
L'on diffuse tout, dans le moindre détail comme s'il était de mise que le
lecteur ou l'auditeur se repaisse des choses les plus sordides ! Pourquoi en dire
autant ?
Est-il nécessaire de relater toutes les péripéties suivies par l'accusé
et les moyens utilisés par ce dernier pour commettre son crime ? Ceux qui le font
plaident la transparence et le droit du public à l'information. Est-ce la vraie raison
de leur attitude ou bien est-ce le désir d'attirer une certaine clientèle de lecteurs?
Il faut savoir qu'il arrive souvent qu'à la suite de gestes posés par un accusé, d'autres
individus s'en inspirent pour commettre le même crime. Il suffit de penser aux
évènements récents où un père de famille a tué ses enfants pour priver sa conjointe
de leur garde. Nous avons assisté quelque temps plus tard à la répétition du même
crime, commis également par un autre père de famille. De tels gestes inspirent
parfois d'autres personnes.
Que dire des suicides ! Il suffit qu'une telle nouvelle soit le moindrement médiatisée
pour que dans les jours ou les semaines qui suivent, une autre personne pose
le même geste. Il semblerait qu'une telle nouvelle devienne un élément déclencheur
pour certains individus.
Il existe un proverbe grec qui trouverait certes son application dans de tels cas:
« garder le juste milieu ». Il faut continuer à prôner la transparence, car elle est
le rempart contre les abus de toutes sortes et le remède aux excès susceptibles
de se produire, mais encore faut-il que ce remède soit ingurgité selon la bonne
dose.