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Le comté de Montmagny-L'Islet voué à disparaître?

Ce titre interrogateur dans le journal m?a interpellé sur une notion culturelle forte : le sentiment d?appartenance.
Ce sentiment est comme une poupée russe, il y en a plusieurs autres à l?intérieur. On est toujours prêt à monter aux barricades pour un nom et ce qu?il représente de symbolique. C?est rarement sur le fond, mais essentiellement par l?attachement à un vocable, une appellation, qui pour nous est notre identité et nous motive.


Cela nous a donné pour la même personne une madame la juge, épouse de monsieur le juge, suivi d?une madame Tremblay, puis d?une Tremblay Gagnon, qui devint une Gagnon tout court, qui mit au monde un François Olivier Tremblay Gagnon.* Il en va de même pour les comtés, les villes et les lieux dits.


Il y a là un sentiment profond, mais il y a aussi l?esprit de clocher et un nombrilisme qui malheureusement gouvernent, plus souvent qu?on le croit, ces décisions.


Je me rappelle cet immense conflit entre Baie-Comeau et Hauterive? Cette fusion avant l?heure fit ressentir un sentiment de dépossession et de frustration aux Hauterivois. Sentiment qui a mis des lustres à s?éteindre. Pourtant, la géographie disait qu?ils avaient la même communauté d?intérêts et la mondialisation actuelle les unit à jamais, face à la concurrence mondiale pour leur aluminerie et, avant ça, pour leurs papetières.


Plus dernièrement, les fusions municipales ont fait plein de remous, où souvent l?on a prétexté une identité naturelle, voire historique, pour ne pas perdre le pouvoir local, en utilisant l?identification à un lieu dit.


Mais bizarrement, au Saguenay, dans une guerre de nombrils, on a perdu Chicoutimi, qui représentait vraiment le lieu, ?jusqu?où c?est profond ? en amérindien. On aurait pu avoir les deux vocables, Chicoutimi dans le royaume du Saguenay, ils ont Saguenay dans le royaume du Saguenay, on en bégaye et plus personne ne sait où ils sont. Ils ont perdu là un vocable à fort contenu historique et touristique. Mais, la démocratie a tranché.


Montréal est ingouvernable, avec le maintien de ses roitelets d?arrondissement, empêchant toute vision globale de la métropole, laissant tout le monde dans un foutoir de services incohérents et une circulation diabolique, en plus des défusions électoralistes qui morcellent un territoire géographiquement uni.


Cette fièvre défusionniste, a occulté le plus important de l?affaire. Montréal aurait pu devenir anglophone, sans les défusions et avoir un maire anglophone de par le nombre réel des anglophones et allophones dans ?le? métropole? Imaginons Montréal en U.S. parkings? And speak English? comme dit les paroles d?une chanson de Félix.


L?homme aime la multiplication des structures, plus que la démocratie qu?il revendique, pour justifier sa structurÉlite.


Allons-nous perdre le comté Montmagny-L'Islet? Que nenni? Montmagny sera toujours là et L'Islet aussi, si on a la Côte-du-Sud. On gagnera en cohérence, avec un comté agrandi et avec des enjeux communs. Une réalité commune, celle de l?estuaire? Cet estuaire qui est justement la dernière portion chaude de ce grand fleuve, qui permet une agriculture particulière, un paysage qui lui est propre, un biotope, une faune et une flore bien à lui, un milieu de vie homogène, une réalité géographique et historique. D?ailleurs de Berthier-sur-Mer à St André de Kamouraska, cela devrait être le comté du haut estuaire, plus que la Côte-du-Sud. Le nouveau comté Côte-du-Sud (Montmagny-L'Islet-Kamouraska) comptera 45 municipalités et 50 727 électeurs. Montmagny-L'Islet compte présentement 26 municipalités et 34 000 électeurs. Dans ce nouveau comté, il y aura 34 227 ruraux et 16 500 citadins.


Bon, voilà que je n?ai rien réglé, avec mon approche géographique. Une approche qui oublie la culture de l?homme, ce sentiment d?être chez lui que s?il est nommé et qu?il se reconnaît dans ce nom.


Les vrais enjeux c?est l?absence de poids de la ruralité face à un monde qui s?urbanise en rêvant de Walmart, au mépris de son économie locale et régionale. C?est aussi l?absence de mesure d?aide au député, au pouvoir ou dans l?opposition, pour assumer correctement le contact avec ses électeurs. Comme m?a dit un ami, certains comtés devraient venir avec l?hélicoptère fourni. On est un grand pays, faut assumer. Il faut unir nos forces et abandonner un esprit étroit, troublant, en ce début de 21e siècle. Le ministre responsable du dossier, Yvon Vallières, se dit ouvert, après l'adoption du projet de loi 19, à ce que les parlementaires changent la loi pour que la démographie ne soit pas le seul critère pour délimiter les circonscriptions. Voilà le vrai combat.


* Tremblay Gagnon : Aucune ressemblance possible, autre que fortuite, avec une personne existante ou ayant existé. Les noms ont été choisis aléatoirement, simplement pour l?exemple.
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