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Le Devoir: Bilinguisme à sens unique au NPD, le député fédéral François Lapointe impose le bilinguisme à ses futurs employés

Bilinguisme à sens unique au NPD

Un francophone doit absolument parler anglais, mais un anglophone n'a pas absolument besoin de parler français

Ottawa -- Le bilinguisme est-il important? Oui, répond le Nouveau Parti démocratique... mais seulement pour les francophones. Le parti de Jack Layton impose en effet le bilinguisme comme condition d'embauche à toute personne souhaitant travailler à Ottawa pour un de ses députés du Québec, mais il n'exige pas la maîtrise du français chez ceux qui travaillent pour les députés hors Québec.

À la suite de l'élection de 66 députés supplémentaires le 2 mai, le NPD est toujours en plein blitz d'embauche. Son site Internet affiche encore 42 offres d'emploi. Le parti recherche pour ses députés des adjoints parlementaires (12) devant travailler à Ottawa et des adjoints de circonscription (30). Les critères d'embauche ne sont toutefois pas les mêmes selon qu'il s'agit de travailler pour un député du Québec ou un député du reste du pays.

Ainsi, le bilinguisme est «requis» de toute personne désireuse de travailler à Ottawa pour un député du Québec. L'inverse n'est pas vrai. Les offres d'emploi d'adjoints parlementaires pour des députés hors Québec indiquent seulement que le bilinguisme est «un atout». Un francophone doit donc absolument parler anglais, mais un anglophone n'a pas absolument besoin de parler français.

Même la députée de Colombie-Britannique Denise Savoie, pourtant elle-même francophone, n'exige pas de son futur adjoint parlementaire la connaissance du français. Le bilinguisme est aussi, dans son cas, tout au plus un «atout». Même scénario pour les Jinny Sims, Kennedy Stewart, Jasbir Sandihu, Robert Chisholm, Ryan Cleary et Peggy Nash. À l'inverse, les Denis Blanchette (Louis-Hébert, à Québec), Lise St-Denis (Saint-Maurice-Champlain), Robert Aubin (Trois-Rivières) et François Lapointe (Montmagny-L'Îlet-Kamouraska-Rivière-du-Loup) imposent tous le bilinguisme à leurs futures recrues.

Le bilinguisme devient même une obligation pour certains emplois situés dans des circonscriptions québécoises. C'est le cas de Jonathan Genest-Jourdain (Manigouagan). L'adjoint de circonscription attitré aux relations communautaires qu'il recherche pour son bureau de Sept-Îles devra absolument être bilingue. Toutes les autres offres d'emploi au bureau de circonscription des députés du Québec indiquent que le bilinguisme serait un atout.

À l'inverse, seule Carole Hughes, qui représente une circonscription du nord de l'Ontario comptant plusieurs francophones, exige le bilinguisme de son futur adjoint local. Plusieurs des autres postes locaux à pourvoir n'imposent aucun critère de sélection relié au français. Critères de sélection

L'attaché de presse du caucus néodémocrate, Marc-André Viau, soutient que les critères linguistiques de sélection «dépendent de bien des choses. Ça dépend si c'est du personnel pour la circonscription ou du personnel pour Ottawa. Ça dépend si le député est bilingue ou pas. S'il veut des employés bilingues, il va écrire "requis", s'il n'en veut pas, ce sera écrit autre chose.»

Le NPD a fait élire une majorité de ses députés au Québec, au point où M. Layton commence désormais la plupart de ses interventions en français. Le NPD s'est battu pour imposer le bilinguisme aux juges de la Cour suprême du Canada. Son projet de loi a été adopté à la Chambre des communes, mais a stagné au Sénat jusqu'à ce que l'élection en sonne la fin. Le parti demande aussi que la loi 101 sur le français s'applique aux entreprises québécoises sous juridiction fédérale, qui en sont pour l'instant exclues (ce qui permet par exemple au siège social d'Air Canada à Montréal de fonctionner principalement en anglais).

Le devoir: Hélène Buzzetti 9 juin 2011  Canada
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