Catherine Chevrot, roman, Les éditions De Courberon, 229 pages
«Une goutte d'or dans l'amer et la lune est de miel et le c?ur se laisse prendre.»
«Dans le monde silencieux d'Agnès, il y a des morts et des vivants qui se taisent. Des morts qui n'ont pas laissé de mots. Des vivants qui n'en prononcent plus guère.»
Sombre toile, que la vie d'Anne où ne subsistent que de faibles lueurs. Son parcours est jonché de départs, d'abondons, d'êtres chers qui dorment sous le grand chêne. Puisqu'elle semble avoir tout perdu, même son nom, elle deviendra Agnès et se réfugiera dans ses tableaux, esquisses d'une vie parallèle peuplée de rêves et d'attentes. L'artiste s'emploie, pinceaux à la main, à mettre un peu d'or sur le gris, combler les silences d'un mari qui a abandonné la partie.
La seule lueur en vue émane du peintre de nuages, amour virtuel s'il en est. «L'amour, c'est le spectacle de la vie avec le c?ur pour metteur en scène et l'âme pour comédien. Un divertissement pour faire oublier le reste. Trop de lumières, de feux de rampe; on est aveugles! Aveuglés, les yeux dans les étoiles, un peu de ciel avant le ciel, de clarté avant la grande noirceur.»
Ce premier roman de la Magnymontoise Catherine Chevrot - écriture éthérée, plus près de la poésie lyrique - révèle une nouvelle facette de la dramaturge qui, en 2008 et 2010, remportait le premier prix du concours Création-Production-Théâtre de la Fédération Québécoise du Théâtre Amateur. Originaire de Suisse, Catherine Chevrot s'est établie au Québec en 1998. Attirée toute jeune vers les arts - sa mère était comédienne et chanteuse, son père, musicien - elle a écrit des chansons, des poèmes et une dizaine de pièces de théâtre mises en scène par le Théâtre des Deux Masques.