Le dernier livre vert du gouvernement de Québec sur l?agriculture fait bien la preuve qu?il tourne en rond.
~ Jean Garon
Après avoir publié les Rapports Pronovost, St-Pierre et Ouimet, le gouvernement libéral de Jean Charest a été incapable d?accoucher d?une orientation claire pour l?avenir de l?agriculture du Québec, parce qu?il ne sait pas où il s?en va comme je l?ai dit à plusieurs reprises. Et il ne sait pas où il s?en va parce qu?il est incapable de faire les choix stratégiques que tout gouvernement doit faire. A force de vouloir défendre les intérêts de ses bailleurs de fonds, il est perdu dans ses contradictions: c?est à ça qu?ont conduit les années de régime libéral de Jean Charest depuis 2003.
Le Québec paie pour avoir élu un parti politique sans orientation claire, qui est incapable de faire des choix dans le meilleur intérêt des agriculteurs et des consommateurs du Québec. Et bien plus, des institutions québécoises ne jouent plus leur rôle historique, contaminées par cette façon de faire. Ainsi, le gouvernement du Québec ne défend plus les agriculteurs mais plutôt les intégrateurs privés ou coopératifs. Pourtant, le budget du MAPAQ devrait d?abord assurer la ferme familiale, indépendante et efficace et non pas aider à intégrer les fermes familiales en assurant l?intégration. Il faut dire que l?UPA, sous Jacques Proulx, a modifié ses orientations qui étaient en faveur de la ferme familiale indépendante et efficace. Et quand le ministre de l?Agriculture, Michel Pagé, a accepté en 1987-1988 d?assurer l?élevage porcin sans limite de production par l?assurance-stabilisation, les déficits se sont mis à grimper immédiatement. Il était clair que le régime d?assurance stabilisation avait été conçu pour la ferme familiale indépendante et efficace. En assurant l?intégration porcine sans limite, coopérative ou privée, il déclenchait des déficits considérables que plus tard il voudra faire payer et rembourser par les agriculteurs indépendants qui n?en étaient pas responsables. Comme ça se fait présentement.
Les agriculteurs se sont fait induire en erreur par leurs dirigeants coopératifs et syndicaux qui voulaient faire couvrir l?intégration porcine par l?assurance-stabilisation des revenus agricoles--qui avait été mise en place pour assurer la ferme familiale indépendante et efficace.
Dans la ferme intégrée, l?alimentation animale, les médicaments et les pesticides sont fournis par l?intégrateur qui les paie mais garde les revenus de la vente des produits animaux. C?est l?intégrateur qui décide, mais il paie un prix pour l?élevage de chaque porc ou chaque produit intégré. Est-ce le rôle du gouvernement de payer les risques du prix du produit intégré ? L?assurance stabilisation des prix ou revenus agricoles venait assurer le producteur agricole contre les risques des fluctuations des prix du marché. En vérité, si les assurances agricoles, tant les assurances récoltes que les assurances stabilisation des revenus agricoles étaient réservées aux producteurs agricoles propriétaires d?une ferme familiale indépendante et efficace, on éviterait bien des problèmes.
En assurant l?intégration porcine, le gouvernement libéral a favorisé une agriculture industrialisée où l?agriculteur est devenu un employé des vendeurs d?alimentation animale, de médicaments et de pesticides. Ce n?est pas le genre d?agriculture que souhaite la société québécoise. La coopération et le syndicalisme agricoles doivent être au service de l?agriculteur: Ils devraient être des instruments de libération et d? épanouissement et non pas servir à le dominer. Le gouvernement libéral est ainsi devenu un ennemi de l?agriculteur indépendant pour en faire un serviteur de l?intégration, coopérative ou privée. Le mouvement coopératif agricole devrait avoir honte d?en être arrivé à cela et l?UPA d?en avoir été le complice.