Sébastien Clavet - OPINION
Fondée en 1912, la Chambre de commerce de Montmagny fête cette année son 100ème anniversaire. Jadis une organisation forte et fière, elle n?est aujourd?hui qu?une pâle copie de ce qu?elle a déjà été. Après cent ans d?histoire, il est temps de se questionner sur sa raison d?être.
Avant d?entrer en poste à la Chambre, en septembre 2010, j?avais informé les administrateurs de mon intention de ne pas être uniquement un organisateur de 5 à 7 ou de déjeuners conférences. Ces activités ont leurs raisons d?être et leur utilité mais de nos jours une Chambre de commerce se doit d?être beaucoup plus que cela. Se limiter au réseautage ne rend pas service ni aux gens d?affaires, ni à la population.
Avec le cautionnement de tous, j?ai donc décidé de donner un nouveau souffle à cette organisation qui était dans un état moribond et aux finances précaires. J?ai proposé de déménager nos locaux pour être plus visible et accessible, d?effectuer un changement d?image et finalement d?avoir une attitude de vigilance auprès des décideurs de la région. La Chambre serait désormais un acteur social et économique incontournable dans les affaires touchant le développement de notre région.
Cette nouvelle attitude se concrétiserait dans la composition de chroniques publiées dans le journal l?Oie Blanche entre octobre 2010 et avril 2011. Touchant divers sujets liés au développement de notre région, ces chroniques avaient pour but de faire avancer les choses, de questionner les décideurs, de proposer de nouvelles idées. Malheureusement, l?expérience se termina de façon abrupte lorsque certains administrateurs, nerveux devant la réaction négative des parties impliquées dans ces chroniques, m?invita à me taire définitivement. Pourtant, aucunes objections n?avaient été émises concernant ces chroniques auparavant.
Après la publication de ma dernière chronique je me suis gardé de me prononcer publiquement par loyauté envers mon employeur. À partir de ce moment, le rôle des deux employés de la Chambre serait réduit à la seule fonction de générer leur propre salaire de trois façons; facturer les membres pour leur adhésion annuelle, organiser diverses activités de réseautage et finalement par pure générosité de quelques partenaires financiers.
Sachez qu?au Québec plusieurs Chambres de commerce ont des finances précaires dues, entre autre, au fait qu?elles perdent des membres au profit des réseaux sociaux gratuits. Acheter une carte de membre est donc devenu pour plusieurs gens d?affaires un geste purement symbolique. Sans doute que la crise économique a obligé plusieurs à revoir leurs dépenses et à s?assurer que chaque dollar soit bien investit. La Chambre de commerce de Montmagny n?a pas échappé à cette logique. Par conséquent, plusieurs ont tout simplement choisit de ne pas renouveler leur adhésion à cause de la situation économique, d?autres parce qu?ils n?y voient aucune utilité ou retour sur l?investissement et finalement s?il faut en croire certains administrateurs, parce qu?en désaccord avec les prises de position de la Chambre exprimées dans les six chroniques.
Une Chambre de commerce doit veiller à ce que l?activité économique de sa région soit en bonne santé. Elle doit défendre les intérêts de ses membres en assurant une vigilance des dépenses publiques. Celles-ci ont un impact majeur sur l?activité et le dynamisme économique d?une région. La Chambre doit défendre ceux qui n?osent ou ne peuvent pas parler. La Chambre a l?obligation morale de critiquer constructivement les décisions questionnables, elle se doit de proposer des solutions, suggérer des projets et surtout elle ne doit pas se limiter à n?être qu?un simple quémandeur de commandites et vendeur de cartes de membre. Réduire son rôle uniquement à cela n?aide personne d?autre que la Chambre.
Montmagny fait du surplace si l?on compare le dynamisme économique des villes de taille semblable à la nôtre. Force est de constater que l?immobilisme est malheureusement acceptable par plusieurs. Ceux qui osent questionner les responsables deviennent rapidement des indésirables. Par son silence, la Chambre de commerce de Montmagny a donc choisit de ne pas faire partie de la solution.
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