LE SOLEIL: Négociations rompues au IGA Extra de Montmagny
Éric Bernard, collaboration spéciale
Le Soleil
(Montmagny) Le supermarché d'alimentation Coop IGA Extra de Montmagny est fermé depuis vendredi dernier, et aucune rencontre n'est prévue pour reprendre les pourparlers. Les dirigeants ont décrété un lock-out en réaction aux moyens de pression utilisés par les employés syndiqués dont la convention collective est échue depuis le 29 septembre.
Une cinquième rencontre de négociations entre les deux parties était pourtant prévue le 13 janvier. Pour dénoncer la lenteur des négociations, les syndiqués ont choisi de prendre leur pause matinale tous au même moment, ce qui a irrité les dirigeants de la coopérative. Craignant que cela ne se reproduise, les administrateurs de la coopérative, entourés de membres de la direction de Sobeys, ont mis la clé sous la porte et renvoyé les syndiqués à la maison.
Les 150 travailleurs affiliés à la centrale syndicale démocratique sont dehors depuis, et les négociations sont rompues entre les deux parties.
Au nom de la partie patronale, le président de la coopérative, Clément Asselin, a justifié le lock-out en écrivant dans un communiqué que «la coopérative ne peut accepter un tel comportement qui entrave les activités du magasin et empêche d'offrir un service à la hauteur des attentes de ses clients».
Patrick Cyr, conseiller syndical à la centrale syndicale démocratique, comprend mal ce geste imposé par les patrons du marché d'alimentation coopératif qui compte plus de 5500 membres dans la municipalité de 11 300 personnes.
«Nous avions une journée de négociation prévue ce matin-là. Nos membres ont voulu faire connaître leur mécontentement face à la progression des négociations. Après cinq rencontres, on se fait toujours répondre : "On vous revient, on vous revient" au sujet des points chauds de la convention. Au moment de la rencontre avec le conciliateur, il n'y avait pas de dirigeants à la table de négociation. Ils étaient dans l'épicerie avec des représentants de Sobeys. On nous a annoncé qu'une offre globale et finale serait déposée le lundi suivant. On ne pouvait pas accepter ça, il n'y a rien de négocié. À la pause d'après-midi, on a donc réuni nos membres dans l'aire de restauration du supermarché. C'est à ce moment qu'on nous a demandé de sortir à l'extérieur et annoncé le lock-out.»
Jean-Guy Marticotte est l'un des travailleurs ayant le plus d'ancienneté du marché coopératif local. Vêtu pour affronter cette froide matinée de piquetage, il marquera ses 45 années dehors, de toute évidence. «Je suis dehors comme les autres. Après 45 ans, ce n'est pas facile. J'ai à coeur la coopérative. Je suis allé faire mon épicerie chez Maxi, pas le choix, je n'étais pas bien dans ma peau.»
Le quart du dimanche
Montmagny compte deux grands marchés d'alimentation. En face du IGA Extra, l'épicerie Maxi fait des affaires d'or ces jours-ci après avoir elle-même dû fermer son marché d'alimentation l'an dernier en raison d'une grève qui s'est prolongée sur presque cinq mois.
Les conditions de travail sont au coeur de ce conflit. Le directeur général de la coopérative, Jude Bonneau, affirme que 60 % des points de négociation avaient déjà été réglés du côté normatif. Les quarts de travail du dimanche semblent particulièrement poser un problème dans les négociations. «La croissance des ventes a été de 465 % le dimanche. Il y avait quatre employés maximum sur le plancher il y a 10 ans. Maintenant j'en ai besoin de 70. Nous devons demeurer compétitifs et s'adapter aux réalités de 2012», affirme M. Bonneau.
Le magasin Coop IGA Extra de Montmagny affiche un chiffre d'affaires de 34 millions $, une croissance de 7,8 %, dont 3 millions $ pour la masse salariale. Les plus hauts salariés sont ceux de la boucherie à 15,85 $ l'heure.