Michel Chassé-L?Oie blanche
Même s?il ne fait pas partie des 215 enseignants du secondaire interrogés par la Coalition pour l?histoire, M. Raphaël Tremblay approuve les constats tirés de l?enquête intitulée «Une histoire javellisée au service du présent», laquelle dit entre autres que les programmes sont trop axés sur l?éducation à la citoyenneté et le présent et pas assez sur l?acquisition des connaissances historiques.
Passionné d?histoire, M. Tremblay enseigne cette discipline depuis dix ans, dont les deux dernières à l?école secondaire Bon-Pasteur de L?Islet.
Selon lui, le programme actuel repose sur une ligne directrice solide, soit la démonstration du lent et douloureux chemin emprunté pour arriver à la démocratie: «C?est un choix qui se justifie. Mais on a beaucoup obscurci les conflits entre les peuples fondateurs. Or, ces conflits ont modelé ce que nous sommes devenus» lance-t-il.
M. Tremblay pense qu?il faut présenter l?histoire avec des faits tout en essayant de ne pas la teinter d?une idéologie. Il appuie sans réserve la coalition quand elle affirme que le gouvernement provincial a une responsabilité première dans la mise en ?uvre de l?enseignement de l?histoire du Québec et qu?il doit en faire une priorité.
À l?instar de la coalition, M. Tremblay estime que l?enseignement ne doit occulter aucun aspect politique ou conflictuel de l?histoire du Québec et du Canada, dont les luttes pour les droits des femmes et les droits syndicaux. Il approuve également l?idée d?un cours d?histoire nationale obligatoire au niveau collégial.
Du côté pratique, M. Tremblay rappelle qu?il enseigne à des jeunes de 12, 13 ou 14 ans: «À cet âge, ils sont beaucoup plus intéressés par les personnages célèbres que par les concepts. On devrait orienter davantage le programme dans cette direction. Personnellement, je vais privilégier une approche qui intéresse les jeunes. L?important, c?est de leur donner des balises qui leur serviront plus tard pour approfondir davantage l?histoire».
La Coalition
L?enquête menée par la Coalition pour l?histoire auprès de 215 enseignants de cette discipline au secondaire indique qu?ils se disent insatisfaits des programmes qu?ils ont à enseigner, car ils sont trop axés sur l?éducation à la citoyenneté et le présent et pas assez sur l?acquisition des connaissances historiques.
«S?il est vrai que le passé éclaire le présent, il n?en demeure pas moins que l?histoire ne devrait jamais être mise au service du présent pour cautionner une quelconque idéologie, et ce, que cette idéologie soit progressiste ou non» de dire Mme Josiane Lavallée, porte-parole de la coalition.
Mme Micheline Lachance, historienne, romancière et biographe, insiste sur l?importance de redonner à l?histoire politique la place qui lui revient: «Gommer des pans de l?histoire, n?est-ce pas aussi servir une cause? N?ayons pas peur des mots: nous assistons en ce moment à une tentative pour réécrire le passé en effaçant d?un trait les pages qui nous définissent comme peuple différent».
Bref, la Coalition reproche au programme actuel d?ouvrir toutes grandes ses portes au pluralisme culturel du Québec en niant pratiquement l?histoire de la nation québécoise afin que les jeunes Québécois d?aujourd?hui adhèrent à la nouvelle vision de la société québécoise pluraliste, rassembleuse et ouverte sur le monde néolibéral.
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