Philippe Gamache - CHRONIQUEUR
Tout comme moi, vous utilisez sans doute de plus en plus votre carte de crédit pour régler vos achats courants comme l?essence, l?épicerie et les autres produits de consommation. Le but inavoué est d?obtenir de plus en plus de points qui mèneront à des remises en argent ou à des récompenses. Toutefois, ces programmes de fidélisation alléchants sont financés à même les frais de transaction qui sont chargés au détaillant, lorsque vous payez avec la carte de crédit. Les détaillants ont-ils raison d?affirmer que ces frais diminuent leur rentabilité?
Il faut mentionner que les frais de transaction ne sont pas les mêmes que vous payiez par carte de crédit ou par carte de débit. Pour les cartes de crédit, plus le montant de l?achat est élevé, plus les frais payables par le commerçant à l?émetteur de la carte de crédit sont élevés; ils peuvent représenter jusqu?à 3 % du montant de votre achat. Au contraire, lorsque vous payez par carte de débit, la transaction coûte environ 0,14 $, peu importe le montant de votre achat.
Selon l?Association des détaillants en alimentation du Québec (A.D.A.), la valeur des achats effectués par carte de crédit au pays a bondi de 28 G$ de 2007 à 2011. En conséquence, les frais de transaction pour les commerçants canadiens ont pratiquement doublé, passant de 4,5 à 9 G$, au cours de cette période.
Pour cette raison, les détaillants mènent, actuellement, une campagne d?information pour sensibiliser la population à ce phénomène. Ils réclament une législation du gouvernement fédéral pour encadrer les pratiques des émetteurs de carte de crédit. Ultimement, les consommateurs canadiens, qui paient par carte de crédit, pourraient même être appelés à payer une surcharge aux détaillants.
Je ne suis pas un partisan de l?intervention de l?État dans l?économie, mais lorsqu?on sait que d'autres pays dans le monde ont règlementé ces frais, ça porte à réfléchir. Il faut vraiment se demander pourquoi payer aussi cher au Canada, lorsqu?en Australie, le taux sur les transactions aux détaillants a été fixé à 0.5%.
Pour terminer, je retiens les arguments d?un représentant de l?Association des Banquiers Canadiens (l?ABC) : il est bien vrai que les cartes de crédit coûtent plus cher aux commerçants, mais elles offrent également de nombreux avantages, notamment, elles permettent un paiement rapide et garanti, mais surtout, elles donnent aux commerçants la possibilité d'offrir du crédit à leurs clients sans en assumer le risque. Comme le dit la publicité : «Tout ça, ça n?a pas de prix, et pour le reste il y a? »
Source : Mallette, société de comptables professionnels agréés
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