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Oléoduc - La résistance s'organise sur la Côte-du-Sud

Plusieurs personnes, surtout du Kamouraska, ont assisté à la réunion sur l'oléoduc.

Michel Chassé-L'Oie blanche

Selon Kim Cornelissen, les risques que les pétrolières appréhendent le plus ne sont ni monétaire ni technique, mais... citoyen! Leur hantise: un comité de citoyens. Or, voilà qu'un tel comité va prendre forme sur la Côte-du-Sud à la suite d'une réunion d'information sur le projet Énergie Est de TransCanada qui se déroulait jeudi soir dernier à Mont-Carmel.

Quelque 150 personnes avaient envahi la salle municipale de l'endroit pour entendre Steven Guilbault et Geneviève-Aude Puskas, d'Équiterre, et Kim Cornelissen, vice-présidente de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), leur parler de l'or noir qui pourrait traverser le Québec.

Prêchant devant une majorité de convaincus, les trois conférenciers ont fourni mille et une raisons de s'opposer au passage de l'oléoduc en sol québécois. La première en lice, le réchauffement de la planète, imputable entre autres aux gaz à effet de serre: de 1979 à 2912, la calotte glacière de l'Arctique a diminué de moitié, passant de 6,3 à 3,2 millions de kilomètres carrés. Or, l'exploitation des sables bitumineux, à elle seule, va représenter 50% de l'augmentation des GES émis par le Canada d'ici 2020! Sans oublier le fait que l'industrie albertaine des sables bitumineux utilise à chaque jour autant d'eau que la ville de Montréal, une eau qui en ressort complètement polluée.

«Les sables bitumineux constituent la pire façon de produire du pétrole sur la planète: ils sont à l'origine des plus grandes mines ouvertes du monde et laissent une facture environnementale, énergétique et économique très élevée» de préciser Steven Guilbault.

Le pipeline, plus sécuritaire que le train? À la suite de la tragédie de Lac-Mégantic, un «oui» semble s'imposer, d'autant plus que le nombre de wagons transportant du pétrole est passé de 500 en 2009 à 120 000 en 2013. Mais attention! Sur une même période, le train aurait perdu 360 000 litres de pétrole dans la nature contre... 75 436 119 pour le pipeline.


Steven Guilbault, d'Équiterre, pense que l'oléoduc ne servira qu'à l'exportation. Steven Guilbault, d'Équiterre, pense que l'oléoduc ne servira qu'à l'exportation.

Selon Steven Guilbault, l'exportation constitue la raison d'être du pipeline en direction des Maritimes: «Après avoir vu ses projets de pipeline vers la Colombie-Britannique et les États-Unis bloqués par des groupes de citoyens, TransCanada se tourne vers l'Est pour trouver un port afin d'exporter son pétrole. Car le baril vendu outre-mer rapporte 40$ de plus qu'en Amérique». Bref, le Québec récolterait peu ou pas de bénéfices, mais assumerait les risques.

Kim Cornelissen a insisté sur le potentiel des énergies durables et renouvelables, dénonçant l'attitude des gouvernements qui investissent 45 milliards$ dans le durable contre 557 milliards$ dans le fossile.

Saint-Aubert

La tactique de TransCanada de rencontrer d'abord les propriétaires touchés par l'éventuel tracé du pipeline ne semble pas avoir porté fruit à Saint-Aubert. En effet, après leur rencontre avec la compagnie, une quinzaine de propriétaires se sont présentés à la séance du conseil municipal pour demander à leurs élus d'exiger l'intervention du BAPE dans le dossier et d'assurer le suivi à la MRC de L'Islet. Les élus ont donc adopté une résolution en ce sens. Mme Chantale Audet, l'une des propriétaires concernées, a dénoncé le peu de respect montré par la compagnie et ne veut rien savoir d'un pipeline sur sa terre.

Comité

À la fin de la rencontre de Mont-Carmel, les personnes présentes ont proposé de créer un comité afin de mettre en place une stratégie de sensibilisation des communautés et d'opposition au projet. Le nom préliminaire suggéré se lit comme suit: Mouvement Stop Énergie Est.

Autres rencontres

Deux autres rencontres d'information auront lieu dans la région, soit le 19 août à 19h à L'Islet à la salle des Chevaliers de Colomb de L'Islet et le 20 août à la même heure à l'Auberge internationale du Témiscouata à Cabano. Steven Guilbault, Geneviève-Aude Puskas et Kim Cornelissen animeront ces rencontres.

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