Écrit par Pierre-Luc Masson, psychoéducateur
Un vendredi à la bibliothèque
Récemment, des gens de mon entourage m'ont mis au courant du débat entourant la construction d'une bibliothèque municipale digne de ce nom à Montmagny. Tout de suite, cela a capté mon intérêt. Bien que je ne vive plus dans la région depuis près d'une décennie, je demeure attaché à ma ville natale, à ses gens et à son développement. D'une part, je trouve intéressant de constater qu'il y ait place pour un débat public et qu'une consultation sous forme de référendum tranchera ce débat. Cela prouve que les gens ont à cur les intérêts de leur ville bien qu'ils peuvent présenter des points de vue divergents; c'est très bien comme cela. D'autre part, je trouve qu'il est toujours périlleux de tenter de comparer des arguments économiques à des arguments de nature humaine et sociale. À combien se chiffrent les retombées économiques d'un jeune qui découvre la lecture et qui profitera de ses temps libres pour lire?! Est-ce que l'investissement en vaut le coup? Ce sera aux citoyens de Montmagny à faire leur choix.
Si je tiens à prendre part au débat, c'est principalement pour vous partager mon expérience personnelle et professionnelle auprès des jeunes adolescents en grandes difficultés comportementales que j'ai eu le privilège de côtoyer dans le cadre de mon travail en Centre jeunesse. Depuis bientôt 9 ans, je travaille dans un Centre jeunesse de la province où je peux exercer ma profession au contact d'une clientèle présentant différentes problématiques graves qui contribuent à compromettre leur sécurité et leur développement. Lorsque l'on uvre dans un centre de réadaptation, on doit être quotidiennement créatif afin de faire vivre à ces jeunes différentes activités qui leur permettront de faire des apprentissages, de répondre à leurs besoins et, ultimement, de retrouver un équilibre favorable à leur retour dans leur milieu naturel. À plusieurs reprises, je me suis retrouvé avec 3-4 adolescents à tenter de trouver une activité adéquate et stimulante à faire un beau vendredi soir. Quelle surprise que de les voir proposer la bibliothèque municipale comme activité du vendredi soir! Ça me semblait irréel que de me retrouver en plein milieu d'une bibliothèque, en début de fin de semaine, avec des adolescents qui parcouraient les bande-dessinées, les postes informatiques avec accès à internet, les CD de musique, les livres et les films proposés dans les différents secteurs de l'endroit. Les retours au foyer de groupe, après ces activités, ressemblaient à un retour d'une séance de magasinage. Tous avaient emprunté à aucun frais, des livres, des cd de musique et des bandes-dessinées. Tous avaient donc en leur possession un objet qui leur assurerait un moment de quiétude dans un quotidien qui est source de tracas, de stress et de conflits. Certains avaient eu la chance de «chatter» avec des amis ou avec des filles, certaines s'était même donné rendez-vous à cet endroit. Tous, sans exception, avait passé un moment satisfaisant, ce qui en soit est déjà un grand pas.
Par cette expérience, qui peut vous sembler anecdotique, on retrouve des adolescents en difficultés, provenant de milieux défavoriser, tisser un lien et établir un contact satisfaisant avec une institution sociale. Je n'ai pas besoin de vous expliquer à quels points leurs contacts avec les institutions sociales sont parfois composés d'expériences plus ou moins positives. Leur expérience scolaire est souvent ponctuée de conflits et d'échecs, malgré le travail acharné des intervenants, des enseignants et des directeurs. Leur expérience familiale est généralement difficile, parfois même chaotique. Leurs contacts avec les services sociaux ne sont pas toujours heureux de par la nature même de ces services. L'accès à des sports et des activités est souvent limité par les ressources financières que cela nécessitent. Alors, le simple fait de se rendre dans un endroit public qui leur offre des possibilités à aucun frais (sauf les retards !) est une occasion en or. Une occasion en or d'apprendre, de développer leurs intérêts, d'avoir accès au monde extérieur, de commencer à se responsabiliser face à leurs engagements. Cela se veut un défi stimulant de développement et d'apprentissage. Leur simple présence à cette bibliothèque est, en soi, un petit pas vers la société dans laquelle ils grandissent, se développent et, un jour, dans laquelle ils exerceront un rôle actif à part entière en travaillant, en ayant des enfants et en contribuant à leur milieu.
Est-ce que le projet de la bibliothèque municipale à Montmagny est une bonne chose? Vous aurez deviné ce que j'en pense, cependant c'est à vous citoyens de faire votre choix!
Pierre-Luc Masson, psychoéducateur
Un vendredi à la bibliothèque
Récemment, des gens de mon entourage m'ont mis au courant du débat entourant la construction d'une bibliothèque municipale digne de ce nom à Montmagny. Tout de suite, cela a capté mon intérêt. Bien que je ne vive plus dans la région depuis près d'une décennie, je demeure attaché à ma ville natale, à ses gens et à son développement. D'une part, je trouve intéressant de constater qu'il y ait place pour un débat public et qu'une consultation sous forme de référendum tranchera ce débat. Cela prouve que les gens ont à cur les intérêts de leur ville bien qu'ils peuvent présenter des points de vue divergents; c'est très bien comme cela. D'autre part, je trouve qu'il est toujours périlleux de tenter de comparer des arguments économiques à des arguments de nature humaine et sociale. À combien se chiffrent les retombées économiques d'un jeune qui découvre la lecture et qui profitera de ses temps libres pour lire?! Est-ce que l'investissement en vaut le coup? Ce sera aux citoyens de Montmagny à faire leur choix.
Si je tiens à prendre part au débat, c'est principalement pour vous partager mon expérience personnelle et professionnelle auprès des jeunes adolescents en grandes difficultés comportementales que j'ai eu le privilège de côtoyer dans le cadre de mon travail en Centre jeunesse. Depuis bientôt 9 ans, je travaille dans un Centre jeunesse de la province où je peux exercer ma profession au contact d'une clientèle présentant différentes problématiques graves qui contribuent à compromettre leur sécurité et leur développement. Lorsque l'on uvre dans un centre de réadaptation, on doit être quotidiennement créatif afin de faire vivre à ces jeunes différentes activités qui leur permettront de faire des apprentissages, de répondre à leurs besoins et, ultimement, de retrouver un équilibre favorable à leur retour dans leur milieu naturel. À plusieurs reprises, je me suis retrouvé avec 3-4 adolescents à tenter de trouver une activité adéquate et stimulante à faire un beau vendredi soir. Quelle surprise que de les voir proposer la bibliothèque municipale comme activité du vendredi soir! Ça me semblait irréel que de me retrouver en plein milieu d'une bibliothèque, en début de fin de semaine, avec des adolescents qui parcouraient les bande-dessinées, les postes informatiques avec accès à internet, les CD de musique, les livres et les films proposés dans les différents secteurs de l'endroit. Les retours au foyer de groupe, après ces activités, ressemblaient à un retour d'une séance de magasinage. Tous avaient emprunté à aucun frais, des livres, des cd de musique et des bandes-dessinées. Tous avaient donc en leur possession un objet qui leur assurerait un moment de quiétude dans un quotidien qui est source de tracas, de stress et de conflits. Certains avaient eu la chance de «chatter» avec des amis ou avec des filles, certaines s'était même donné rendez-vous à cet endroit. Tous, sans exception, avait passé un moment satisfaisant, ce qui en soit est déjà un grand pas.
Par cette expérience, qui peut vous sembler anecdotique, on retrouve des adolescents en difficultés, provenant de milieux défavoriser, tisser un lien et établir un contact satisfaisant avec une institution sociale. Je n'ai pas besoin de vous expliquer à quels points leurs contacts avec les institutions sociales sont parfois composés d'expériences plus ou moins positives. Leur expérience scolaire est souvent ponctuée de conflits et d'échecs, malgré le travail acharné des intervenants, des enseignants et des directeurs. Leur expérience familiale est généralement difficile, parfois même chaotique. Leurs contacts avec les services sociaux ne sont pas toujours heureux de par la nature même de ces services. L'accès à des sports et des activités est souvent limité par les ressources financières que cela nécessitent. Alors, le simple fait de se rendre dans un endroit public qui leur offre des possibilités à aucun frais (sauf les retards !) est une occasion en or. Une occasion en or d'apprendre, de développer leurs intérêts, d'avoir accès au monde extérieur, de commencer à se responsabiliser face à leurs engagements. Cela se veut un défi stimulant de développement et d'apprentissage. Leur simple présence à cette bibliothèque est, en soi, un petit pas vers la société dans laquelle ils grandissent, se développent et, un jour, dans laquelle ils exerceront un rôle actif à part entière en travaillant, en ayant des enfants et en contribuant à leur milieu.
Est-ce que le projet de la bibliothèque municipale à Montmagny est une bonne chose? Vous aurez deviné ce que j'en pense, cependant c'est à vous citoyens de faire votre choix!
Pierre-Luc Masson, psychoéducateur
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