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OTTAWA DOIT IMPÉRATIVEMENT S'IMPLIQUER DANS L'ACTUEL CONFLIT DU BOIS D'ŒUVRE AVEC LES ÉTATS-UNIS

M. Frédéric Corriveau (président de la chambres de commerce de Montmagny), M. Sylvain Naud (V-P des ressources humaines chez MAIBEC), M. Gérald Baril (représentant du Groupe Lebel), Mme Élizabeth Hudon (présidente de la chambres de commerce de Kamouraska-L'Islet )

Le mercredi 3 mai, les médias de la région de la Côte-du-Sud étaient conviés pour une conférence de presse organisée conjointement par les chambres de commerce de Kamouraska-L’Islet (CCKL) et de Montmagny (CCM).

Les deux chambres voulaient exprimer conjointement leur soutien à l’industrie du bois d’œuvre qui s’est fait imposer par le Département du Commerce des États-Unis (DCEU) des droits compensateurs de près de 20 % sur les exportations canadiennes de bois d’œuvre qui sont, de surcroit, imposés de façon rétroactive sur les 90 jours précédents la décision de DCEU.

« La mise en place d’un programme d’aide pour l’industrie québécoise par le gouvernement du Québec est un gain fort important. Cependant, il est impératif que le gouvernement fédéral instaure rapidement un programme destiné aux entreprises qui seront touchées par ce conflit commercial, » ont déclaré Mme Élizabeth Hudon, présidente de la CCKL, et M. Frédéric Corriveau, président de la CCM.

Les deux chambres de commerce sont d’avis que la décision du DCEU est injustifiée puisque, depuis 2013, le Québec a fait preuve d’innovation en adoptant un nouveau régime forestier pour répondre aux contraintes commerciales qui avaient été des sources de conflits répétés avec les États-Unis au cours des dernières décennies.

Mme Hudon a manifesté des inquiétudes devant les conséquences négatives que pourrait avoir un autre conflit du bois d’œuvre sur l’activité économique de nos régions. M. Corriveau a partagé sa crainte de voir ce secteur d’emploi se fragiliser, et de voir les régions perdre des expertises si le conflit devait durer.

 

Des représentants de l’industrie à la fois inquiets et confiants

M. Sylvain Naud, V-P des ressources humaines chez MAIBEC (entreprise familiale qui couvre tout le processus de transformation du bois), a expliqué que ce conflit était malheureusement prévisible. Il a rappelé que, à plusieurs reprises, des instances internationales de droit du commerce avaient conclu par le passé que les pratiques commerciales de l’industrie canadienne ne justifiaient pas l’imposition de surtaxes ou de compensation antidumping. Par exemple, l’Organisation mondiale du commerce a déjà exprimé clairement ses réserves au sujet du calcul de Washington sur le présumé tort que feraient les exportations de bois d’œuvre canadien aux compagnies américaines.

Lors du dernier conflit du bois d’œuvre, l’industrie américaine avait, malgré des avis favorables pour le Canada, conservé 20 % des quelque 5 milliards de surtaxes qui avaient été imposés à l’industrie canadienne.

Dans la situation actuelle, il est probable que l’international Trade Commission exige que les 90 jours de taxes rétroactives soient remboursés aux compagnies canadiennes avant 2018. M. Naud a souligné que, d’ici là, les compagnies canadiennes ne peuvent demander aux clients des derniers mois de payer pour une taxe qui n’existait pas lors des récentes transactions. L’industrie canadienne qui doit donc encaisser toutes les conséquences financières de décisions américaines fort probablement injustifiables.

M. Gérald Baril, représentant du Groupe Lebel (un des principaux manufacturiers de bois d’œuvre de l’est du Canada), a lui aussi mentionné que l’immobilisme du gouvernement fédéral devenait de plus en plus inquiétant. Il a indiqué que « la reconnaissance du statut particulier des entreprises frontalières ainsi que du régime forestier québécois font partie des principaux éléments à faire accepter des autorités américaines afin de nous permettre de maintenir notre rentabilité. »

L’industrie des produits du bois de 1re, 2e et 3e transformation représente environ 6 500 emplois pour les régions du Bas-Saint-Laurent de Chaudières-Appalaches.

M. Naud et M. Baril ont confiance dans la capacité de l’industrie de résister à ce nouveau conflit. Cependant, une implication du fédéral s’impose pour non seulement soutenir l’industrie, mais aussi pour assurer un suivi serré auprès des instances internationales ainsi que des rondes de négociation efficaces avec les États-Unis, rondes pendant lesquelles Ottawa devra défendre les spécificités de l’industrie québécoise.

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