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OÙ SONT NOS RICHES?

Dubuc
Yannick Patelli- CHRONIQUEUR

Alain Dubuc, chroniqueur économique à La Presse, était à Montmagny mercredi dernier dans le cadre d'une «activité Sunlife» organisée par M. Raymond Samson sur l'avenir de nos retraites. Avant sa conférence, j'ai longuement conversé avec Alain Dubuc avec qui j'avais fait connaissance lors de son passage en 2006 dans le cadre d'une activité orchestrée par notre journal. Ces échanges ont été l'occasion d'évoquer  quelques actualités politiques du moment et notre passion commune pour les pistes de ski du Mont Ste-Anne, où il est très régulièrement le week-end en hiver. Avis aux amateurs!

Il y a six ans, il venait de sortir son livre «Éloge de la richesse» quand il est venu au Club de golf Montmagny au profit de Fol'Art Amériques et il prêchait déjà pour plus de richesse au Québec. Inutile de vous dire qu'avec les actualités des dernières semaines, son degré d'inquiétude est élevé! «Au Québec on dirait qu'on recule plus qu'on avance» m'a-t-il dit d'emblée. Il ajoute: «Après 2008 on a cru que la récession était finie, on en est encore là en 2012 après deux bonnes années en 2010 et 2011.»

Le danger vient des Québécois eux-mêmes !

Chose certaine, notre avenir selon Dubuc sera moins glorieux que notre passé: «Le Canada et les États-Unis stagnent, L'Europe (France, Espagne, Italie, Grèce) donne des signes à caractère négatif. Il faut surveiller, car le Canada ne restera pas imperméable à ce qui se passe dans le monde. Le Québec est sur le plan économique comme le Canada, en pire», dit-il. Il analyse que notre résistance à la récession vient en grande partie des grands travaux lancés avant la crise de 2008 à la suite de l'accident survenu lors de la chute du viaduc de la Concorde, donc due au hasard plus qu'à toute autre chose.

Il rappelle que notre avenir doit passer par la création de la richesse et que le plus gros ennemi du Québec ne vient pas du monde extérieur, mais des Québécois eux-mêmes. «Les programmes publics ne sont pas assez financés.  Certains travaillent pour payer des régimes de retraites à d'autres qui partent à 55 ans. Le modèle doit changer», dit le célèbre chroniqueur. Et il ajoute: «En termes de richesse, versus soixante autres administrations américaines (les autres provinces canadiennes et les états américains) le Québec se situe 55e. Et selon le classement de L'OCDE*, sur 38 pays, le Québec est 20e, suivi de près par l'Espagne et l'Italie. Rien de rassurant!!».

Son analyse est assez directe: «Une partie de notre richesse est maintenue par nos services payés par le fédéral et notre endettement!» 

L'excellence plus que jamais !

Il faut selon Dubuc plus que jamais augmenter notre productivité et arrêter de se méfier de l'excellence. Il a d'ailleurs gentiment ironisé sur le nouveau ministre des Finances, Nicolas Marceau, qui lorsqu'il était professeur universitaire se plaisait à dire semble-t-il: «Si on enlève L'Alberta et L'Ontario, le Québec se situe pas si mal au Canada!»

Incrédule devant le moratoire religieux sur le gaz de schiste !

Côté actualité, il a redit en public ce qu'il me confiait en aparté avant la conférence: «Il faut accepter le développement du Québec par le Plan Nord et accepter que le gouvernement paie des routes pour désenclaver des régions. Le développement du Nord passe aussi par des routes payées par les contribuables. Il faut reconnaître que le Québec a des mines et il faut les exploiter car on a la science tout autour pour cela. Clairement je ne crois pas que la nouvelle ministre Martine Ouellet nous aide beaucoup avec sa vision et son moratoire religieux sur le gaz de schiste. Je rappelle que Gaz Métro, pendant qu'on refuse d'exploiter, achète du gaz de schiste pour les Québécois aux États-Unis. Pourquoi le Québec, qui a du potentiel dans le développement du gaz et du pétrole, (Old Barry et Anticosti) ne réfléchit pas plus à son avenir?», de dire Dubuc.

Et l'école

Si Alain Dubuc a martelé tout au long de son intervention l'importance d'investir dans l'éducation, il a rappelé: «Les vrais gens de gauche devraient être en faveur des augmentations des frais de scolarité et pour l'augmentation des bourses. Car il est prouvé que le système actuel avantage des riches comme moi pour envoyer leurs enfants à l'université au détriment des chauffeurs de taxi!»

* Organisation de coopération et développement économique

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