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Québécoise et musulmane - Marie-Josée Coulombe craint l'adoption de la Charte des valeurs

Pour cette entrevue, Marie-Josée Coulombe nous a ouvert la porte de sa demeure à Berthier-sur-Mer. Ici, elle pose en compagnie de sa fille, Sydine, âgée de sept mois.

Diane Gendron-L'Oie blanche

Convertie à l'islam depuis nombre d'années, Marie-Josée Coulombe, Magnymontoise de naissance qui habite à Berthier-sur-Mer avec sa petite famille, craint l'adoption de la Charte des valeurs québécoises.

Rencontrée chez elle, Marie-Josée Coulombe parle à cœur ouvert. Depuis le débat sur la charte, elle se sent davantage regardée, d'où un sentiment croissant d'insécurité. «Je me retrouve où moi là-dedans. Je n'ai pas envie de me faire dire «Va t'en dans ton pays» je suis Québécoise» lance cette femme qui a complété un baccalauréat en sciences politiques. «Je crains que cette question provoque des divisions» ajoute-t-elle, en pensant à cette femme de Québec qui s'est fait invectiver parce qu'elle portait un voile islamique dans les semaines suivant la présentation du projet de Charte.

«Ça me stresse beaucoup, je me bats pour les droits des citoyens et le futur de mes enfants nés ici au Québec. Je trouve ça plate que leur futur soit préétabli», poursuit la mère, inquiète. «Après, ce sera quoi, la venue du Ku Klux Klan ?» s'exclame Mme Coulombe, avec une pointe de colère vite réprimée dans la voix.

«Les musulmans occupent moins de 1 % des emplois de la fonction publique québécoise. Pourquoi ce débat ?». «On devrait plutôt se battre pour l'équité salariale», dit-elle.

La musulmane se rappelle un geste disgracieux posé à son endroit, ce fut au lendemain du 11 septembre 2001 alors qu'un jeune lui avait fait un doigt d'honneur. Pour en revenir au présent, Mme Coulombe mentionne que si la charte devait être adoptée, elle et son mari, Wahid, envisagent de déménager en Ontario, quoique pour l'instant, le couple projette plutôt se construire une autre maison à Berthier-sur-Mer.

 Marie-Josée Coulombe porte le foulard, seul signe qui la distingue des autres femmes. Car, la jeune femme de 37 ans aime porter des vêtements colorés et prend un soin particulier à se maquiller. La façon de se vêtir, ce n'est pas une obligation mais un choix personnel, maintient notre interlocutrice.

Mme Coulombe se dit contre le port du voile intégral pour des raisons de sécurité, car un tel habillement peut dissimuler plein de choses. Le niqab, voile couvrant le visage à l'exception des yeux, est porté dans certains pays.

Sa vie

Marie-Josée Coulombe a rencontré son mari Wahid en Tunisie. Elle a vécu un an avec lui dans ce pays d'Afrique du Nord. Vivant une grossesse difficile, elle décide alors de revenir au Québec pour se rapprocher de sa mère. Son mari a pu suivre, l'ambassade lui ayant délivré les papiers requis. Le fils du couple, Chams-Édine, maintenant âgé de quatre ans, est né à 28 semaines au CHUL à Québec. Il y est resté pendant plus de trois mois.

Le couple a eu la douleur de perdre son deuxième enfant, un garçon décédé à cinq mois du syndrome de mort subite du nourrisson. Il y a quelques temps, la petite Sydine est venue agrandir la famille, elle a maintenant sept mois. «Wahid est un bon papa, il s'occupe bien des enfants», souligne Marie-Josée.

En janvier prochain, au terme de son congé de maternité, elle reprendra son boulot chez Desjardins Sécurité financière à Lévis. Son mari aussi travaille à Lévis, plus précisément chez Teknion.

Son choix

Interrogée sur sa religion, Marie-Josée Coulombe répond que sa conversion à l'islam s'inscrit dans la continuité d'une quête spirituelle entreprise dès son enfance. J'ai rencontré des gens qui m'ont parlé de l'islam, à la suite de quoi, j'ai fait un choix en prenant tout ce qui vient avec. Un choix qu'elle dit n'avoir jamais regretté, même si le fait d'embrasser une nouvelle religion a perturbé les relations avec sa famille pendant un moment. Toutefois, la situation est vite rentrée dans l'ordre, dit-elle.

Pour le moment, il n'est pas question d'aller vivre en Tunisie, la situation politique étant trop explosive, «mais sûrement qu'on aura une maison là-bas un jour», de conclure Mme Coulombe.

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