Say it ain't so, Joe please, say it ain't so... Vous rappelez-vous cette très belle ballade de Murray Head, fin des années '70? Je l'ai en tête depuis mercredi dernier. L'humeur culturelle de cette semaine part d'un réel mouvement d'humeur né de l'intolérance et de la désinformation.
Le climat malsain qui plane au-dessus du Québec depuis le déclenchement des élections m'angoisse et me désole. Say it ain't so, qui signifie: Dis-moi que ce n'est pas vrai, est le message lancé à mes amis anglophones dans le but de sonder le terrain hors de la Belle Province.*
En dépit des embûches, Pauline Marois a remporté le 4 septembre une victoire bien méritée que j'applaudis de tout c?ur, en lui souhaitant bonne chance! Ce qui m'inquiète, outre le terrible attentat perpétré durant le discours de Mme Marois, ce sont les propos haineux qui ont déferlé sur les réseaux sociaux dans les heures suivant cette victoire douce-amère qui longtemps restera gravée dans nos mémoires. Non seulement ai-je lu sur Facebook des horreurs sans nom, j'ai appris que le Globe and Mail avait dû fermer un blogue mercredi soir en raison de commentaires excessifs visant notre Première ministre et l'ensemble des souverainistes, certains forcenés du clavier allant jusqu'à se réjouir de l'attentat!**
Évidemment ledit attentat demeure l'?uvre d'un désaxé, mais la réaction de gens frustrés et se sentant menacés par un éventuel référendum laisse pour le moins songeur. Devons-nous prendre leur ressentiment à la légère? Leur faisons-nous peur à ce point? D'où leur vient toute cette rage? Ça dépasse l'entendement.
J'ai vécu plusieurs années à Toronto et Halifax. J'y ai encore des amis, que j'ai d'ailleurs visités cet été. L'une m'a fait cette réflexion: «Je suis Canadienne d'abord et avant tout, Néo-Écossaise en second, Haligonienne (eh oui, c'est leur gentilé) en troisième lieu.» Cette façon de voir les choses, bien que dissemblable de celle des Québécois francophones en général, n'explique pas pour autant le cynisme et l'agressivité dans les commentaires. On n'aurait pas encore dépassé ce stade-là? Pire, aurions-nous régressé au lieu d'évoluer? Say it ain't so, Joe please, say it ain't so!
* Mes contacts anglos sont unanimes: l'animosité exprimée impunément dans certains médias, blogues et réseaux sociaux (c'est facile, seul devant son ordi) ne reflète PAS le sentiment de la majorité, horrifiée devant l'attaque insensée.
** On a pu vérifier que le blogue portant sur l'attentat avait effectivement été fermé pour des questions d'ordre juridique et que certains propos allant à l'encontre de la politique du quotidien torontois avaient été retirés juste avant la fermeture.