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Selon l'IRÉC: L?avenir du Québec passe par le monorail électrique

 

Robertplante

Michel Chassé-L?Oie blanche

Le Québec peut-il s?affranchir du pétrole? Selon M. Robert Laplante, directeur général de l?Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC), le Québec figure parmi les sociétés les mieux placées au monde pour y parvenir et la solution passe par l?électrification du transport collectif, laquelle se traduirait par la création d?un réseau national de monorails suspendus à haute vitesse.

À l?initiative de M. André Simard, député de Kamouraska-Témiscouata, M. Laplante se trouvait de passage au Cégep de La Pocatière jeudi dernier pour présenter les résultats de la première phase d?un vaste programme de recherche sur l?indépendance énergétique du Québec.

S?adressant à une soixantaine de personnes qui l?écoutaient religieusement, le directeur général de l?IREC s?est exprimé clairement: «L?indépendance aux énergies fossiles est en train de séparer les économies. L?ère du pétrole bon marché est terminée et avec elle la structure industrielle qui y était associée. La prochaine révolution industrielle est déjà en marche et toutes les économies nationales devront s?y adapter».

Or, M. Laplante estime que le Québec se trouve «admirablement» bien doté pour construire son indépendance énergétique grâce à un potentiel d?énergies hydraulique et éolienne exceptionnel (d?ailleurs, vérité fort mal connue, la moitié de l?énergie consommée au Québec provient d?origine renouvelable, ce qui fait dire à l?IREQ que la moitié du chemin vers l?indépendance énergétique est déjà parcouru). Et comme le Québec possède une très grande expertise en fabrication de matériel de transport, l?électrification du transport collectif pourrait devenir la pierre angulaire d?une stratégie industrielle d?émancipation au pétrole: «À partir de là, nous avons étudié les avantages qu?il y aurait à créer un réseau de monorails haute vitesse» de dire le principal intéressé.

Avantages

En tête de liste viennent les moteurs-roues parce qu?il s?agit d?une technologie québécoise inventée par M. Pierre Couture. Ces engins propulsent le wagon à 250 kilomètres à l?heure en 30 secondes, facilitent les départs décalés et favorisent un plus grand nombre d?escales.

Autre avantage indéniable, le monorail suspendu empruntera les infrastructures existantes, les autoroutes, éliminant ainsi les onéreuses dépenses liées à l?achat de terrain ou à l?expropriation. Il suffit de remplacer les lampadaires par des pylônes munis de lumières et le monorail circulera.

Adapté à notre climat, le monorail épouse le relief: nul besoin de remplir les vallons ou d?aplanir les collines. De plus, sa conception modulaire permet de séquencer la construction selon les besoins. Enfin, il peut transporter des marchandises, ce qui pourrait modifier de façon radicale l?utilisation des routes.

12 milliards$

M. Laplante estime que ce réseau national de monorails suspendus pourrait se bâtir en cinq ou sept ans au coût de 12 milliards$. Le tronçon Québec-Montréal coûterait 3 milliards$ contre 9 milliards$ pour les autres lignes (Québec-Rimouski, Québec-Saguenay, Québec-Saint-Georges, Drummundville-Sherbrooke, Trois-Rivières-Autoroute 20 et Montréal-Gatineau). Par contre, il générerait 100 000 emplois ici même au Québec.

«Douze milliards, c?est ce que la Caisse de dépôt a perdu dans des produits américains pourris» d?ironiser M. Laplante. À chaque année, la participation québécoise à l?exploitation des énergies fossiles au Canada se chiffre à 471 millions$: «C?est à nous de fixer nos priorités» ajoute-t-il.

Les régions

L?aménagement d?un réseau national de monorails engendrerait des résultats phénoménaux au chapitre de l?occupation du territoire. Le trajet Montréal-Rimouski s?effectuerait en 2 heures 10 minutes! «On ne développera pas la Gaspésie avec la 132. Un tel projet changerait complètement les interactions entre les intervenants économiques. Cette technologie nous permettrait de concevoir pour la première fois dans l?histoire du Québec une véritable épine dorsale qui relierait la Métropole à toutes les villes importantes et à tous les réseaux régionaux» de dire M. Laplante.

Projet structurant

Selon le directeur général de l?IREQ, il s?agit d?un projet structurant et mobilisateur pour le Québec, comme le fut la Manicouagan dans les années 1960. Il pourrait aussi constituer le levier essentiel pour faire entrer le Québec dans l?économie du 21e siècle, une économie industrielle décarbonisée.

Bénéficiant d?un appui majeur, celui du Réseau des ingénieurs du Québec, ce projet ne tient pas compte des réalités actuelles et repose essentiellement sur les besoins du Québec: «Il fallait s?affranchir des structures actuelles de transport où règne un bordel total. Le choix de l?électrification ne relève pas du hasard puisque la principale question en matière d?énergie se formule aujourd?hui comme suit: comment s?affranchir du pétrole?» de lancer M. Laplante.

(NDLR:Deux autres textes, tirés de la conférence de M. Laplante, paraîtront dans nos éditions du 25 avril et 2 mai)

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