Il y a à peine quatre jours, il n?aurait pas été possible de prédire qui, du Parti libéral ou du Parti Québécois, formera le prochain gouvernement.
Mais les sondages indiquent que si la tendance se maintient, Pauline Marois s?apprête à devenir la première femme premier ministre du Québec. Le débat d?hier soir à TVA entre Jean Charest et Pauline Marois était autrement plus intéressant que la formule figée radio-canadienne de la veille. Là, les belligérants avaient l?occasion d?aller un peu plus au fond des choses. Et le thème de la situation étudiante a pu être enfin abordé. Par contre, si les indécis attendaient cette confrontation pour se fixer, ils sont restés sur leur faim. Car tout comme pour le débat à quatre, il n?y a pas eu de KO.
CHAREST AGRESSIF
Tous les commentateurs l?ont souligné, Jean Charest s?est montré odieux et agressif envers la chef du PQ. Avec son effronterie coutumière, il ne la laissait pas parler. Ça prouve hors de tout doute que Mme Marois le piquait au vif. Même qu?à la fin, sur un ton subtilement sexiste dans le dossier de la langue, il l?a envoyé paître genre : « Toé, la bonne femme, on n'a pas besoin de se faire donner la leçon ». C?était d?un mépris flagrant. L?auditoire féminin ne la laissera pas passer, celle-là. Au crédit du leader souverainiste, on aura noté un calme olympien et ce, tout au long du duel. Elle sait que les Québécois détestent l?agressivité. Elle a laissé son adversaire aboyer.
PATINANTE SUR LE RÉFÉRENDUM
Là où j?ai trouvé Pauline Marois plus faible, c?est ce petit dérapage qui est le sien lorsqu?on lui demande de répondre clairement pour ce qui est de son agenda référendaire. Au lieu de patiner sur la date prévue pour une telle consultation, elle devrait plutôt dire : « Voici, je ferai un référendum quand je sentirai les gens prêts. Ils auront le loisir de s?exprimer. S?ils me disent non, on ne veut pas se séparer du Canada, bien on attendra et on se contentera d?être un bon gouvernement intègre, jusqu?à ce qu?une meilleure opportunité s?offre à nous ». Elle aura l?air ainsi moins fuyante.
LA BONNE OCCASION POUR LES INDÉCIS
Pour l?instant, le dernier sondage Léger marketing nous informe que le Parti Québécois arrive à 37% dans les intentions de vote, contre 26% pour les libéraux. C?est un gouffre pour ces derniers. Mais si les indécis ne pouvaient se faire une idée hier, ils auront le loisir de choisir leur chef de l?opposition en regardant le débat sur les ondes de TVA, qui opposera Jean Charest à François Legault. Ce dernier s?est bien tiré d?affaire, pour une première expérience lors du débat des quatre à Radio-Canada. Il pourrait nous étonner, seul face au premier ministre. Et c?est Legault qui ira grignoter des voix qui vont traditionnellement aux libéraux.
Parce que ça ne veut pas dire que, parce que tu es fédéraliste, tu aimes obligatoirement Charest. John James Charest aura même réussi à en écoeurer un paquet au sein de sa propre clientèle. Ces gens seront peut-être tentés par le chant des sirènes de la CAQ. Quelle campagne électorale excitante!