Une semaine exactement avant le jour du scrutin, soit lundi, le 25 août, Didier Épars, propriétaire de la goélette Grosse-île, a choisi de faire un sortie publique afin de dénoncer l?acharnement dont il se dit victime depuis plusieurs années. Selon lui, il est la cible du gouvernement libéral, accusant même Mireille Thibault, attaché politique du député Norbert Morin, d?être intervenue dans son dossier.
En pleine campagne électorale, M. Épars souhaite profiter de ce moment-clé pour attirer l?attention de l?électorat québécois. Le propriétaire de la goélette Grosse-Île croit que «le gouvernement provincial est dès le début rebuté par l'idée de mettre en valeur un navire historique et que personne au ministère ne comprend ce patrimoine». Il accuse également Mireille Thibault, attachée politique du député Norbert Morin, d?être intervenue dans son dossier en 2011, mettant fin à un entente de prêt avec la Caisse populaire Desjardins de Montmagny. M.Épars n?a toutefois aucune preuve tangible de ces affirmations, mais mentionne qu?à la suite d?une rencontre fortuite au restaurant avec Mme Thibault, celle-ci aurait bloqué son financement local.
En fait, il a présenté deux extraits audio des entretiens téléphoniques avec Lyne Chassé, la responsable de son dossier au bureau du Protecteur du citoyen, qui lui explique que «tout ce qui est politique, on ne peut pas intervenir là-dessus». Arborant son dossier en partie censuré au Ministère de la Culture, qu?il a obtenu en avril 2008, il croit que « les acteurs doivent contribuer de façon significative aux caisses du Parti libéral et que c?est la seule raison plausible de cette collusion envers un projet qui a un impact culturel majeur pour ce patrimoine».
Le projet de restauration de la goélette Grosse-Île est une véritable saga qui remonte de plus de 10 ans au cours de laquelle M.Épars a du faire face à plusieurs infortunes, d?ordre financier, politique et personnel. Des 14 investisseurs privés qui appuyaient financièrement le projet au départ, seulement 7 sont demeurés à ses côtés à la suite de ses aléas.
Réaction du côté libéral
Le député sortant Norbert Morin «s?est dit outré par les allégations mensongères visant à entacher la crédibilité et l?intégrité de son bureau et tout particulièrement d?un membre de son personnel». M. Morin prétexte qu?il n?était pas député en 2008 lors des évènements qui se sont déroulés avec le bureau du Protecteur du citoyen et qu?il n?a reçu le dossier de la goélette Grosse-Île qu?en 2010. Il questionne également la démarche de M. Épars: «Pourquoi ne jamais avoir mentionné ces informations auparavant? Pourquoi arriver avec de tels propos à huit jours du vote? Qui a avantage à ce que monsieur Épars soit un porte-parole pour mener une telle campagne de salissage?»
Photo:Didier Épars montre son dossier qui a été en partie censuré. «Je suis comme un patient qui n?a pas le droit de voir son dossier médical», a-t-il illustré.
PRESSION POLITIQUE
Jean-Pierre Lemieux ? Collaboration spéciale
Pour sa part, le journal L'Oie blanche a demandé au Protecteur du citoyen de lui faire parvenir les informations au sujet de M. Épars. Cette demande de document a été faite en vertu de la Loi d'accès à l'information.
Selon les informations reçues, nous avons un compte-rendu de la conversation téléphonique dont il a été question lundi matin entre M. Épars et Mme Lyne Chassé. Il s'agit de notes de Mme Chassé prises comme résumé de la conversation.
Voici un extrait:
« Avons rencontré les gens du ministère. Dossier expliqué, question d'intégrité du bâtiment ». Mme Chassé ajoute : « Le PC (protecteur du citoyen) ne peut aller sur pouvoir discrétionnaire du ministre. Décision de nature politique. »
Selon ces documents, il semble qu'au moins sur ce point, M. Épars avait raison. Il y a eu blocage « de nature politique ».