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Tension en forêt

Premier contact entre MM. Martin Béland et Yvon Deschênes et M. Gino Routhier de M.Y.R.

Michel Chassé-L'Oie blanche

Oui, on sentait une certaine tension jeudi dernier en avant-midi quand quelque 45 travailleurs forestiers de la Côte-du-Sud ont rendu une visite surprise à leurs homologues du Lac-Saint-Jean alors qu'ils effectuaient des travaux sylvicoles sur leur territoire, plus précisément à Saint-Damase. Mais rassurez-vous, même si le ton a légèrement monté pendant un bref instant, tout s'est déroulé dans le plus grand calme et les deux groupes se sont quittés sur une poignée de main!

Organisée par la Coopérative de Gestion Forestière des Appalaches et le Groupement forestier de L'Islet, cette manifestation poursuivait deux objectifs: dénoncer le système d'appel d'offres instauré en avril dernier par le nouveau régime forestier et demander aux travailleurs du Lac Saint-Jean d'en faire autant.

On peut dire que les deux objectifs ont été atteints, car si le nouveau système d'appel d'offres engendre une baisse des prix, il a aussi le mérite de faire l'unanimité parmi les travailleurs forestiers, d'ici ou d'ailleurs: «C'est nous les victimes en bout de ligne» lancent-ils à l'unisson.

Selon la nouvelle réglementation qui prévaut en forêt publique, Rexforêt y attribue 75% des contrats de gré à gré et 25% par appel d'offres. Le problème vient de ce 25% parce qu'il est désormais accessible à tous au Québec et entraîne une chute des prix. Par exemple, la compagnie Aménagement M.Y.R., de Dolbeau, a décroché le contrat de Saint-Damase à 839$ l'hectare alors qu'il faut soumissionner à quelque 1 150$ pour seulement couvrir ses frais: «On coupe les prix de 30% à 35%: on vient de reculer de 30 ans, car il s'agit de prix de 1980. Et comme c'est souvent le cas, c'est le gars qui est à la ''souche'' qui paye le prix. Certains vont connaître le trou noir au printemps prochain, faute d'avoir pu travailler assez longtemps» de déplorer M. Yvon Deschênes, directeur général du Groupement forestier de L'Islet.

«Nous avons dit aux représentants du ministère que ce système ne fonctionnerait pas et qu'il se ferait sur le dos des travailleurs. Et c'est en plein ce qui arrive» d'ajouter M. Martin Béland, directeur général de la Coopérative de Gestion Forestière des Appalaches.

Embauché par Aménagement M.Y.R. à titre de travailleur incorporé, Zabulom Niyokwizera a tenu le même discours: «Les victimes, c'est nous; le système nous écrase. Avant, c'était bon dans le bois. Mais si ça ne change pas, je n'y serai plus l'an prochain» nous a-t-il confié.

Pour les travailleurs forestiers de la région, cette manifestation n'était qu'un premier pas: «S'ils n'ajustent pas le tir, ils vont voir apparaître des autobus et des bûcheuses devant le parlement» de lancer l'un d'eux.

«Nous ne demandons pas beaucoup au gouvernement, nous lui demandons de nous donner ce qu'il nous a ôté» de renchérir un autre manifestant.

À suivre!

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