Aller au contenu

Tir à la carabine sur longue distance : Un Magnymontois parmi les meilleurs canadiens

C'est la première fois que François Marois remportait une médaille depuis qu'il participe à ce championnat en 2009. (Photo Sylvain Fournier®)

Sylvain Fournier - L'OIE BLANCHE

Véritable passionné du tir à la carabine sur longue distance, le Magnymontois François Marois s'est illustré récemment sur la scène internationale en remportant deux importantes épreuves du championnat canadien qui avait lieu du 16 au 24 août sur la base militaire de Nepan, en banlieue d'Ottawa. On parle ici de distances qui peuvent atteindre 900m, soit la longueur de près de dix terrains de football.

Parmi environ 285 participants provenant d'un peu partout dans le monde, soit des militaires, policiers, des vétérans de ces deux professions et des civils, le maître tireur magnymontois âgé de 47 ans a remporté l'épreuve Street qui consistait à réaliser 15 tirs de carabine sur une distance de 700m, 15 à 800m et 15 à 900m. Il a réussi des tirs parfaits (bull's eye) sur les cibles rondes à 24 reprises sur 45 coups, dont 12 sur 15 à 700m.

Puis, ce fut «la cerise sur le sundae» lorsqu'il a vu sur le tableau final des résultats qu'il remportait également le Connaught Agregade, un cumulatif réunissant les épreuves Street, Gatineau (15 tirs à 900m) et S.J. Perry (15 tirs à 800m et 15 autres à 900m). C'est la première fois que François Marois remportait une médaille depuis qu'il participe à ce championnat en 2009.

Au total, on compte plus d'une quarantaine d'épreuves qui permettent, au terme de ce championnat, d'élire le Champion maître canadien et, surtout, le Médaillé du gouverneur général parmi tous les compétiteurs. Cette année, dans un décorum respectant une longue tradition, c'est un tireur britannique qui a été paradé sur une énorme chaise.

François Marois ne pouvait aspirer à ces distinctions puisqu'il n'a participé qu'à une dizaine d'épreuves cette année. Ses excellents résultats en 2013 pourraient toutefois l'inciter à prendre part à l'ensemble des épreuves l'an prochain, car il est maintenant classé 32e au Canada.

Championnat mondial

S'il réussi un jour à atteindre le top 25, il pourra se joindre à l'équipe canadienne et participer au Master Championship, le plus prestigieux tournoi de tir sur longue distance au monde, qui a lieu chaque année sur la base militaire de Bisely en Angleterre. Le prestigieux trophée Queen's Price a été remporté une seule fois à trois reprises et c'est un Québécois qui détient cette marque, Alain Marion, un maître tireur âgé dans la fin soixantaine.

Machiniste chez Usinage TLC à Montmagny, François Marois aura besoin du soutien de commanditaires s'il souhaite participer à l'ensemble des épreuves l'an prochain car les frais d'inscription, d'hébergement, sans compter les frais de nourriture et les munitions (il peut tirer 350 balles par tournoi à environ 75¢ la balle) sont importants; facilement plus de 1 000$. L'avenir qui s'annonce prometteur le dira!

Seulement 12 au Québec

C'est en 2005 que François Marois a attrapé la piqûre du tir sur longue distance, lui qui avait d'abord été initié, à la fin des années 80, au tir au pistolet par le réputé armurier magnymontois André Corriveau.

«Lorsqu'un ami du club Beauséjour à Saint-Jean-Chysostome m'a amené à Valcartier pour faire des tirs de 600m (c'est le seul endroit au Québec et la distance maximale sur cette base militaire), j'ai tout de suite compris que c'est ça qu'il me fallait», raconte ce passionné du tir qui a monté les échelons, un après l'autre.

Après avoir franchi les catégories débutant, tireur d'élite et expert, il est maintenant classé maître au Québec. C'est la classe appelée Target Rifle (TR). On n'en compte que 12 au Québec et François Marois fait partie de ce lot.

Sa carabine est ultra sophistiquée et a été assemblée de toutes pièces par le passionné lui-même. Son métier de machiniste l'a beaucoup aidé, même pour usiner son canon. L'arme de type Winchester de calibre 30 vaut environ 5 000$ et pèse 12 livres. Les balles 308 sont fabriquées à la main par le Magnymontois.

«Chaque carabine a sa personnalité, c'est pour cela que ça prend une balle adaptée. On trouve des recettes pour que l'arme soit plus performante et ultra précise», explique-t-il. Tirer sur de pareilles distances nécessite également une précision où l'on doit tenir compte de plusieurs facteurs, dont le vent.

François Marois raconte qu'il y a plusieurs facteurs à analyser en plus de la distance. Il y a le vent, mais aussi les conditions climatiques. Cette analyse doit se faire rapidement. Allongé au sol avec sa carabine, François Marois porte une énorme veste de cuir où un harnais vient se fixer à sa carabine. À côté de lui, les balles pour recharger son arme et un télescope qui lui permet de voir le résultat de son tir. Il n'a que 45 secondes pour recharger son arme, analyser son dernier tir et faire les correctifs nécessaires.

Curieusement, François Marois n'est pas un chasseur, mais bel et bien un amateur de tir au fusil. «Quand on parle d'armes à feu, c'est maintenant politically incorrect. Pourtant, nous exerçons notre sport de façon ultra sécuritaire. Moi je trouve que c'est beaucoup plus dangereux pour les autres quand il y a quelqu'un qui se comporte dangereusement en voiture», mentionne François Marois.

Le Magnymontois n'a pas tord de dire que les armes à feu et le tir n'ont pas la cote, même si c'est bel et bien une discipline olympique. À la télévision, durant ces Jeux, rares par exemple sont les fois où ce sport est présenté aux heures de grande écoute.

Commentaires