Alors que dans les derniers mois le sujet principal a été la hausse des frais de scolarité, il me semble que plusieurs médias ont omis de mettre en lumière des sujets sociaux tout aussi primordiaux. Le nombre de personnes âgées vivant avec des revenus minimums même s'ils ont eu un train de vie honorable et respectable tout au long de leur carrière m'apparaît en décalage avec une société qui se dit juste. La retraite au Québec et au Canada n'est pas équitable!
S'il est clair que les jeunes sont libres de demander un accès plus facile aux études, on constate qu'un trop grand nombre de familles se reposent encore sur l'État pour assurer l'avenir de leur progéniture. C'est aussi un enjeu familial que d'aider un jeune à accéder à une meilleure scolarisation, quitte à vivre certaines privations dans le domaine de nos loisirs. Et sans vouloir entrer dans un conflit générationnel, il ne faut pas hésiter à souligner que peu de visibilité dans la vie politique et médiatique est donnée à la pauvreté des personnes âgées. Un État social-démocrate comme prétend le devenir le Québec, même endetté, devrait assurer à toute la population du Québec une retraite décente proportionnelle à son salaire. Il n'est pas normal que des emplois publics ou de grandes compagnies assurent des retraites à 50 ou 70% du salaire brut alors que de nombreux employés du privé doivent vivre avec les aléas des résultats de la bourse. Rares sont les salariés de la classe moyenne opérant dans le secteur privé et gagnant entre 40 000$ et 60 000$ par an qui pourront prétendre à une retraite équitable avec l'ensemble des contribuables. À cela il y a une solution, la retraite par répartition* telle que pratiquée en Europe, mais aussi un coût que l'État doit alors garantir. Encore une fois, tout cela ne sera possible qu'en augmentant les impôts ou en répartissant les privilèges. Le maire Labeaume semble vouloir s'atteler à Québec au défi du coût des retraites de ses fonctionnaires. Labeaume cherche à préserver le porte-monnaie du contribuable moyen, mais que feront les maires des autres municipalités? Dans chacune de nos régions, les maires de petites municipalités oseront-ils en faire autant? Si les gouvernements de demain doivent faire des choix de nouvelles dépenses publiques, il serait bon que l'on mette sur la table tous les enjeux. La classe moyenne qui travaille dans les PME a peu de tribunes pour faire valoir ses droits et pas vraiment le temps de défiler avec des casseroles dans les rues de Montréal, de Chicoutimi, de Montmagny ou de Saint-Jean Port-Joli. À quand un grand mouvement dans la rue pour une retraite équitable pour tous? Mais j'ai bien peur que si chacun adopte la méthode d'expression dans la rue, nous ne soyons plus capables de faire quoique ce soit au Québec. Le temps d'un grand sommet sur l'avenir du Québec n'est-il pas venu? Jean Charest, en chef de gouvernement responsable, devrait tenir un sommet avec les entités représentatives de tous les groupes d'influence de la société où seraient mis sur la table les grands enjeux du Québec de demain: la création de la richesse (Plan Nord, production pétrolière et minière etc.); protection environnementale de nos ressources; acquis sociaux et nouveaux acquis souhaités (garderies à 7$, études à moindres frais, retraites équitables etc.). Ce n'est qu'après une mise à plat des enjeux et des solutions que le Québec pourrait, dans un large consensus, préserver ses acquis tout en maximisant ses revenus. M. Charest, cet automne, l'heure d'un grand conseil de famille est venue.
* La retraite par répartition est un système de financement des pensions de retraite qui consiste à les alimenter directement par les cotisations prélevées au même moment dans ce but sur la population active. Le montant global de ces cotisations «assurance vieillesse» est réparti entre tous les pensionnés.
Photo: Régis Labeaume, maire de Québec.
Crédit Photo: Benoît Archer, Hebdo Québec