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Un budget performant?

Le ministre des Finances du Québec, M. Raymond Bachand, a annoncé jeudi dernier qu?il gardait le cap sur l?atteinte du déficit zéro en 2013-2014. Sommes-nous sur la bonne voie pour atteindre cet objectif? Voyons si l?effort annoncé de réduction des dépenses est en voie de se concrétiser.
En 2010, le ministre annonçait un plan de réduction des dépenses. De ce plan, il reste encore près de 1 milliard de dollars à identifier. Le déficit 2010-2011 est même plus élevé de 900 millions par rapport aux prévisions. Pour le futur, les dépenses augmenteront plus vite que prévu soit de près de 3,7% au lieu de la cible de 2,8%. Le test ne semble donc pas réussi.
Toutefois, les mesures visant l?augmentation des revenus n?accusent aucun retard! Toutes sources confondues, les revenus augmenteront d?environ 4,4 milliards de dollars en 2011-2012, soit 4,5% alors que l?inflation se situe en moyenne à 2%. Ces milliards de revenus supplémentaires s?ajoutent aux 4 milliards de dollars de hausse que nous avons connue en 2010-2011.
Cela est sans compter que les paiements de transferts du gouvernement fédéral sont en hausse constante. De 2008 à 2011, les paiements du fédéral ont augmenté de 1,4 milliard surtout dû à la péréquation. Saviez-vous que le Québec reçoit plus de 50 % de tous les paiements de péréquation du gouvernement fédéral?
Voici la liste non exhaustive de l?effort des contribuables par rapport aux revenus:
? Hausse de la TVQ de 1,0 % au 1er janvier 2012;
? Hausse annuelle de la taxe sur l?essence de 0,01$ /litre jusqu?en 2013;
? La contribution santé passera à 100$ par contribuable en 2011 et à 200 $ en 2012. Les dépenses de santé représentent 47 % des dépenses de programmes;
? Hausse des droits de scolarité pour la première fois en 33 ans;
? À cela, s?ajoute la hausse graduelle sur six ans des cotisations au RRQ qui atteindront 10,80%. Rappelons que le taux de cotisation était de 3,6 % entre 1966 et 1996.
Malgré ce dégel des revenus, la dette brute a augmenté de 10 milliards au cours de 2010-2011 et se chiffre à 173 milliards de dollars. Les dépenses du service de la dette augmenteront même de 12,4 % en 2011-2012 par rapport à 2010-2011. En proportion des revenus, le service de la dette a commencé à augmenter pour la première fois en plus d?une décennie. De plus, rien ne garantit que les taux d'intérêt n?augmenteront pas. Cela ferait bondir les dépenses d'intérêt, détériorant le déficit.
Le Québec est la province canadienne la plus endettée. L?agence de notation Moody's recommandait la semaine dernière de faire des sacrifices en matière de dépenses. Moody?s a même prévenu que la cote de crédit du Québec pourrait être revue à la baisse à long terme si rien n?est fait.
Finalement, tous ces facteurs remettent en perspective les dires du ministre lorsqu?il mentionnait dans son discours que « le Québec est une des nations riches et performantes du monde ». Donc, s?il est vrai que nous détenons une multitude de ressources naturelles qui doivent contribuer à l?augmentation de notre richesse, il est primordial de devenir performant dans la gestion des dépenses et des richesses.
Source : Mallette, comptables agréés
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