Le journal coopératif L?Oie Blanche a tenu mercredi dernier, à Saint-Jean Port-Joli, au coeur de la nouvelle circonscription de la Côte-du-Sud, son traditionnel débat donnant la parole aux candidats en lutte pour le pouvoir à la tête du Québec.
D?emblée, disons-le, sur le thème de l?Éducation, alors que le débat au Cegep de La Pocatière a été annulé, personne ne s?est vraiment démarqué lors du débat organisé par L?Oie Blanche. André Simard, candidat du parti québécois a dit qu?il ``auto débattrait`` avec lui-même puisque personne ne voulait venir contrer ses arguments à La Pocatière. Mme Michaud, la candidate de Québec Solidaire a parlé de la gratuité scolaire mais sans expliquer comment elle financerait cela et M. Lagacé de la CAQ a sorti son programme national avec la coupe dans les commissions scolaires. Norbert Morin, actuel député et candidat pour le Parti libéral du Québec sur ce sujet s?est réfugié dans la lecture de ses fiches. Il a semblé complètement déstabilisé sur le dossier éducation où il n?a pas su donner de véritable réponse en corrélation avec la question des journalistes. Du coup personne n?a véritablement répondu à la question qui était de savoir ce que les candidats en lice feraient pour aider les jeunes des régions qui doivent s?expatrier pour étudier.
En économie, on a eu droit à la même cassette que d?habitude où tous les politiciens disent qu?il vaut mieux des PME de 20 employés qu?une grosse compagnie de 200 employés. Tous ont semblé privilégier une stabilité assurée par des petites entreprises moins facilement déménageables que des multinationales. Du coup personne n?a eu la franchise de dire que des grosses compagnies inaccessibles pour notre région seraient pourtant, de par leur politique salariale, de meilleurs soutiens pour l?économie locale. Concernant l?économie, le candidat de la Coalition Avenir Québec a bien parler de donner plus de moyens aux CLD et de prendre les 2 milliards de dollars consentis aux grosses compagnies pour aider les plus petites entreprises en région. Mais M.Lagacé semblait se concentrer sur une diction du programme national. Norbert Morin a lui défendu son bilan et celui du gouvernement libéral en disant qu?il avait fait le maximum pour aider Bombardier et que ça continuerait. On sort finalement du débat sur l?économie avec peu de conviction et l?assurance qu?aucun des candidats n?a de solutions spécifiques pour la région.
En agriculture, André Simard sort vainqueur de cette portion de débat car il a attaqué directement sur le thème agricole les libéraux qu?il soupçonne d?être financés par les intégrateurs. Pour ou contre les intégrateurs là, était la question ! Le PQ dit prévoir une politique en faveur des fermes familiales et trouve honteux que M.Morin n?est rien fait sur le territoire pour les Marceau et Proulx de ce monde, des producteurs de porcs indépendants de la région qui sont en train de faire faillite. Reste à savoir si le PQ au pouvoir n?aurait pas lui aussi les mains attachées par l?UPA et les intégrateurs. M.Simard s?est amplement servi d?une probable caution de Jean Garon, célèbre ministre de l?agriculture, très attaché à la défense des fermes familiales qu?il dit avoir rencontré ce mois-ci. Mais la liberté donnée par René Lévesque à Jean Garon dans la gestion d?une agriculture souveraine sera-t-elle donnée par Mme Marois à André Simard, potentiel ministre de l?agriculture dans un gouvernement péquiste ! Dans ce dossier agricole, Norbert Morin a défendu la position du gouvernement en faveur des intégrateurs et de l?industrialisation de l?agriculture. Pour le PLQ les intégrateurs sont aussi des employeurs et ils estiment que l?agriculture a évolué comme d?autres secteurs de l?économie et que l?intégration fait partie de l?évolution de celle-ci. Nous avons alors assisté à la présentation de deux visions très tranchées quant à l?avenir du développement de l?agriculture du Québec. Dans un tel débat l?échange s?est joué essentiellement entre le PQ et le PLQ. Le parti Québec Solidaire, sur ce thème, est un peu bucolique mais en faveur d?une agriculture de la terre à l?assiette sans trop d?intermédiaires. La CAQ qui a beaucoup rejoué la cassette ``On va couper dans les structures`` n?a même pas évoqué le cas du monopole de l?UPA. Mais il faut savoir que François Legault, leur chef, qui veut pourtant du ménage partout au Québec, a assuré à l?UPA la semaine passée qu?il ne toucherait pas à la loi sur le monopole syndicale de 1972 alors que nombre d?agriculteurs sur le terrain ne se sentent plus bien représentés par ce syndicat qui détient un monopole unique en son genre au Québec.
En santé, nous avons eu droit à la plus belle partie du débat où Québec Solidaire sans rien chiffrer bien sûr a parlé du souci de desservir toute la population du territoire en accentuant la décentralisation des points de service et en ayant un souci particulier pour les aidants naturels. La CAQ a évoqué l?abolition des structures mais n?a pas vraiment pris part au débat qui s?est surtout déroulé entre MM.Simard et Morin. La principale intervention du candidat de la CAQ, M. Lagacé a été pour rappeler la promesse du Dr Barette, ``Un médecin par famille dans 12 mois``. André Simard, lui est intervenu en brandissant un document remis à SOS urgence juste avant le débat où il prétend offrir le service 24-24 pour l?urgence et assurer l?ajout d?une ambulance à St-Jean, sans jamais nous dire quel est véritablement son cadre financier. Ce que n?a pas manqué de lui rappeler à plusieurs reprises M. Lagacé de la CAQ. Sur le dossier Santé, Norbert Morin est monté au créneau presque enragé, rappelant que la dialyse et la haute technologie à l?hôpital de Montmagny c?est lui et que l?on ne peut pas faire de miracles quant à la décentralisation si on manque de médecins !
Simard gagnant sur la forme !
Au bilan, le débat n?a vraiment pris son envol que sur les dossiers agricoles et santé. La candidate QS a, à plusieurs reprises, rappelé qu?elle était bien élevée par sa famille et ne voulait pas déranger dans le débat. Drôle de façon de faire de la politique active ! Le candidat de la CAQ dont la voix portait peu, a plus souvent placé des arguments nationaux que des solutions régionales mais a su rappeler à Norbert Morin qu?il n?avait pas le privilège des origines dans le comté, lui soulignant même, que ses deux grands-pères sont originaires du coin. Le candidat péquiste est le gagnant sur la forme pour ce débat mais n?a jamais basé ses arguments sur quelques chiffres que ce soit. Peut-être parce qu?il attend toujours une esquisse comptable de Mme Marois ! Norbert Morin, député libéral actuel était bien sûr l?homme à abattre. S?il n?a pas plus brillé que les autres dans les dossiers Éducation et Économie, il faut reconnaitre qu?il avait une position difficile à défendre en agriculture et en santé dans un milieu où les besoins criants sont une aide aux producteurs de porcs et des solutions pour la santé dans la MRC de l?Islet. Le plus gros défaut de Norbert Morin, campagne après campagne, à l?opposé de son chef qui est un des hommes politiques les plus habiles et performants sous pression en débats et en campagne, c?est de souffrir de ce besoin permanent de lire ses fiches.