Céline Chabot - L'Oie blanche
Rien de mieux, pour redonner vie à un établissement déserté par les touristes, qu'un couple de fantômes - farceur à ses heures - venu régler un dossier litigieux avant de disparaître à jamais dans les brumes.
Ce que nous proposent l'auteur Jacques Diamant et le metteur en scène André Robitaille avec Motel des Brumes est essentiellement du théâtre d'été mais, comment dire, bonifié. La touche de magie qui traverse la pièce du début à la fin - une collaboration de Luc Langevin - y est pour beaucoup. Sans parler de l'habileté des six comédiens se démenant comme des diables dans l'eau bénite afin de se plier aux difficultés techniques et au rythme soutenu de la pièce. Pauline Martin, Bernard Fortin, Claude Prégent, Martine Francke, Vincent Bolduc et Marie Soleil Dion y sont drôlement efficaces!
L'histoire se déroule à Notre-Dame-du-Portage, dans un motel juché sur une falaise où nichait jadis un cimetière amérindien. Un incendie a ravagé une partie de l'établissement trois mois plus tôt, emportant la fille des propriétaires (Gabrielle) et son amant (Antoine). Le premier couple à se pointer sur place pour une réservation depuis le drame n'est pas là par hasard. Il s'agit en réalité de camarades d'Antoine venus chercher ce qu'ils considèrent leur dû, car lors d'une virée au casino le trio aurait raflé 500 000$ et Antoine se serait volatilisé avec le magot. La chasse au trésor est lancée, les prorios sont mis au parfum et l'on s'entend pour partager... si l'argent n'est pas parti en fumée.
Durant ce temps les esprits des défunts se font aller à qui mieux mieux, passant à travers les murs, faisant bouger des objets, émettant d'étranges bruits... leurs proches finiront bien par allumer!
De pareils échanges requièrent une grande finesse - que ce soit dans le jeu ou la mise en scène - et donnent lieu à quelques beaux moments de tendresse et d'humour. Par exemple, lors d'une séance de spiritisme où l'on a établi un contact précaire, on nous sert cette réplique savoureuse: «Restez en ligne, votre appel est important pour nous». Là, j'avoue, j'ai craqué! En somme il s'agit d'un beau mélange des genres; fallait oser. On nous promettait une comédie magique, c'était plutôt bien réussi.
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