Aller au contenu

Xman est back en Huronie

XmanJoëlle Roy, roman, Les Éditions David / Indociles, 288 pages
Dans sa facture, son langage, ce roman est on ne peut plus actuel. Il décrit bien le rapport de force entre relève et vieille garde, entre francophones et anglophones.
Laissez-vous entraîner sur les rives de la Baie Georgienne, château fort de la francophonie ontarienne où Xavier, fraîchement diplômé en muséologie, s?apprête à se faire les dents.
Après des études à Ottawa, Xavier rentre au bercail. Un énorme défi attend dans son Huronie natale celui qui est fin prêt à entreprendre une carrière remplie de promesses. Il apprendra à la dure, retrouvera son vieux copain, fera de belles rencontres mais goûtera d?amères déceptions. «Quatre mois et déjà l?éclat de mon rôle d?enfant prodige (sic) s?atténue et la routine m?écrase. Revenir en héros, c?est une chose; faire partie des meubles, c?en est une autre. Je me sens glisser et m?enterrer dans quelqu?un qui est pas vraiment moi.» Son spleen l?amènera à aller voir ailleurs s?il y est.
Assis dans un train filant vers l?Ouest, une bouteille de gin à la main, notre Xman fait un nécessaire bilan et en profite pour philosopher: «Les Xman de ce monde prennent le train parce qu?ils croient qu?ils trouveront une autre essence à l?existence dans un ailleurs quelconque. Une fragrance de vie qui leur collera mieux à la peau. Au lieu de panser leurs plaies, ils changent leur mal de place.» Les paroles du Gambler de Kenny Rogers - qui lui vont d?ailleurs comme un gant ? le suivront tout au long de son périple.
En trame de fond: les affrontements de 1979 ayant mené à la naissance d?une école secondaire francophone jugée illégale à Penetanguishene et l?Ordre de Jacques-Cartier, communément appelé «la Patente». Il y a là un riche contexte historique et j?ai vraiment bien aimé le roman en soi. Seule ombre au tableau et elle est de taille, le texte est truffé de passages en anglais, de calques, d?anglicismes. Le fait de les mettre en italiques n?y change rien. L?auteure n?a fait en somme qu?exposer une réalité qui est aussi la nôtre. Ceux qui parlent déjà franglais ? leur nombre croît chaque jour pour notre plus grand malheur ? n?y verront pas d?inconvénient. Les puristes cependant risquent de grincer des dents.
Commentaires