450 manifestants à Cacouna contre le projet de port pétrolier de TransCanada
Cacouna, dimanche le 27 avril 2014- Environ 450 personnes s'étaient donné rendez-vous au Port de mer de Gros-Cacouna aujourd'hui, afin de manifester leur mécontentement contre le projet de port pétrolier de TransCanada et surtout contre les levés sismiques que la compagnie a fait faire dans les derniers jours aux abords de la rive.
Pour les nombreux manifestants présents sur place, le projet de port pétrolier ne doit pas voir le jour, car il menacerait directement la survie des bélugas dans le Saint-Laurent, espèce déjà menacée depuis fort longtemps.
Levés sismiques destructeurs pour les bélugas?
Pour Frank Malenfant, porte-parole du Parti des sans-parti et membre des Petroliques anonymes présent lors de la manifestation, les levés sismiques que produit actuellement la compagnie dans le fleuve, soit de 230 décibels, pourraient être dévastateurs pour l'espèce en voie de disparition.
Car selon ses dires, pour un être humain, un son de 180 décibels fait sauter ses tympans et un son de 200 décibels fait en sorte que l'homme crache du sang. « Imaginez maintenant l'impact pour les bélugas demeurant dans l'eau en permanence », de dire Frank Malenfant.
Pour le manifestant bien connu du Kamouraska Roméo Bouchard, il s'agit encore une fois de l'envahissement des compagnies pétrolières dans notre territoire, ce qui démontre que nous sommes en dictature.
Ce dernier croit qu'on doit protéger le territoire contre ces compagnies qui tentent de nous imposer leurs projets en nous faisant miroiter des baisses de prix de l'essence à la pompe, ainsi que des gains substantiels pour la communauté. « TransCanada raconte n'importe quoi afin de nous faire passer son projet », de déclarer Roméo Bouchard.
Même son de cloche pour le comédien maintenant domicilié à Kamouraska, Christian Bégin qui croit que les dés sont déjà pipés d'avance en faveur du projet d'oléoduc ainsi que du port pétrolier de Cacouna. « C'est une fausse économie que nous sommes en train de créer », de déclarer Christian Bégin.
Des citoyens cacounois inquiets qui se posent des questions sur la transparence de leur conseil municipal
Pour Robert Gourd, professeur à la retraite et citoyen de Cacouna depuis des lustres, il entretient des doutes au sujet du conseil municipal de Cacouna, en reprochant à certains conseillers d'avoir déjà leur idée sur le projet de port pétrolier, tout en portant plus d'un chapeau dans le dossier, ce qui lui fait penser qu'il y a une probabilité de conflit d'intérêts.
Ce dernier fait évidemment allusion au conseiller Gilles D'amours qui est également le Président de la Commission régionale du port de Gros-Cacouna.
Même opinion de la part d'une citoyenne cacounoise désirant garder l'anonymat, car ayant peur de représailles.
Elle croit plus ou moins à la transparence du conseil de Cacouna dans le projet. « Même si j'ai beaucoup de respect pour l'actuelle mairesse Ghislaine Daris, je crois que tout est fait en faveur de TransCanada afin de grossir le parc industriel de la localité », d'affirmer la citoyenne cacounoise.
Cette dernière suppose également que le tout est pratiquement joué d'avance pour les différents paliers de gouvernement et s'inquiète énormément pour la valeur de sa maison ainsi que pour les assurances qu'elle devra débourser, venant le cas échéant où le port pétrolier se concrétiserait.
Pour Guy Beaulieu, citoyen cacounois depuis 1981, il estime que les autorités municipales devraient informer adéquatement la population afin d'assurer à cette dernière la meilleure prise de décision, tout en souhaitant qu'il y ait un vote sur la ce projet dans un avenir rapproché. « Je pense qu'on doit avoir minimalement un référendum sur la question dans la municipalité », d'affirmer monsieur Beaulieu.
L'Office National de l'énergie (ONÉ) questionné sur son indépendance vis-à-vis des conservateurs
Pour le député bloquiste de Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia, Jean-François Fortin qui était présent lors de la manifestation à Cacouna, il y a des questions à se poser.
« L'ONÉ pipe les dés pour le gouvernement en faisant la promotion de projets énergétiques sans aller aux fonds des choses, ne permettant pas aux communautés de faire de vraies études d'impact environnemental. On met la charrue en avant des bufs », de déclarer le député.
D'autres interrogations de la part de certains Cacounois
Pour un autre citoyen de Cacouna désirant également garder l'anonymat, la question de la réparation de la digue qui devait d'abord couter 2,3 millions de dollars et qui coûtera maintenant près de 5 millions, supposément pour protéger l'habitat des bélugas, ne tient pas la route.
Il croit davantage qu'on tente d'opposer la survie des bélugas au développement économique par un subterfuge quelconque. « Pourquoi être obligé d'aller chercher des roches à Portneuf à 1000 $ le voyage, quand il y a deux carrières dans la région limitrophe de Cacouna qui pourrait facilement fournir le même style de roche aussi valable. Je veux bien qu'on ne prenne pas celle de Cacouna pour ne pas nuire à l'habitat marin, cependant, est-ce vraiment nécessaire d'aller si loin pour en avoir? » se questionne le cacounois.
Rappelons que pour mener ses sondages géophysiques, l'entreprise TransCanada a projeté dernièrement dans le fleuve, de multiples secousses semblables à des coups de canon, atteignant les 230 décibels, ce qui a fait bondir les nombreux écologistes et opposants au projet de port pétrolier à Cacouna.