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APRÈS LE 2 DÉCEMBRE...

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Réal Martineau - OPINION

La vie continue.  Quel apprentissage individuel ou collectif peut-on en tirer? 

Chacun regardera les faits, mais en retiendra des images différentes.  Pourquoi?  Parce que l'humain est complexe et regarde à travers un prisme à surfaces irrégulières, une sorte de lunette qui forme et déforme la réalité. 

On ne regarde pas juste avec les yeux, mais avec tout notre être, notre c?ur, notre esprit, notre bagage intellectuel, nos expériences, nos travers, nos valeurs, nos perceptions...On regarde avec tout notre être fabriqué en partie par la société et la vie, vivant dans le temps et dans un milieu.

Il n'est donc pas surprenant que nos "images construites" soient diverses, divergentes, diffuses et parfois tordues.  Une telle admission nous impose une règle fondamentale, la règle du respect, de l'écoute, de la nuance, la règle de l'imparfait!

Les apprentissages dont il s'agit, sont de l'ordre du vivre ensemble, de la pratique démocratique du partage des responsabilités et sur la gestion des fonds publics.  Le progrès collectif à ces égards sera mince, presque imperceptible et naîtra de la synergie de nos imperfections.

C'est à ces moments que les dirigeants, les chefs de file, les éducateurs, ceux qui ont des responsabilités particulières, doivent s'élever au-dessus de la mêlée et assurer les meilleurs suivis, allant jusqu'à corriger les "imperfections"...Il en tiendra de la qualité des décisions prises.  Souvent l'écoulement du temps démasque les stratagèmes, la partisannerie, les intérêts particuliers, ou réaffirme la pertinence des solutions choisies...Au cours de cette démarche collective, on rencontre un peu beaucoup de tout cela.

J'ai été du nombre de "l'alternative", peu importe les résultats, j'en serai fier pour deux raisons: 

  • Le contenu respectait des valeurs importantes, la culture, la concertation, le partage, l'éducation et visait réalistement les bonnes cibles.
  • La démarche très sobre, avec peu de moyens, a voulu tenir le projecteur sur l'alternative sans prétention, sans nourrir la discrimination, le clivage, la division, sans bousculer la réflexion intime et personnelle essentielle à la pratique démocratique.

Je ne peux m'empêcher de rappeler certains faits.  Les citoyens interpellés aujourd'hui ne sont pas plus bêtes, plus contre-culture, plus anti progrès...Ce sont les mêmes qui jadis ont voté.  En ce sens, la quête de l'imparfait continue.  Pourquoi, dès le départ, avoir chauffé les esprits de nos employés jusqu'au point de devoir faire un rappel à l'ordre?  Pourquoi cette suspicion accompagnée d'excès verbaux ou écrits?  Pourquoi cette mise en scène militaire dont plusieurs soldats semblaient déjà compromis?   Pour faire la guerre à qui, à quoi?  Pourquoi cette attitude "Si tu ne penses pas comme moi, je te retire mon amitié, mon respect"?  Pourquoi devoir tant parler de notre fabrique, des espaces de stationnements?  Pourquoi ces séances matinales d'une curieuse téléréalité?  Pourquoi entrer dans les foyers et harceler...?  C'est une pratique répandue oui, mais en contradiction avec la notion de scrutin secret?

Poser ces questions c'est vouloir mieux comprendre, c'est vouloir redresser si possible certaines imperfections. 

Il faudra aussi revoir notre notion de "culture", celle aussi du "savoir-vivre", un art accessible à tous et toujours inachevé. La vraie culture ne devrait-elle pas être l'intégration des connaissances, leurs interrelations, leurs rapports avec les valeurs partagées, leurs significations dans nos actions.  La culture et le savoir-vivre ne devraient-ils pas s'accompagner?  Si les océans étaient parcourus par des embarcations à grandes voiles (bagage de connaissances), mais sans gouvernail (le jugement), les récifs et les ports seraient encombrés d'épaves et de vidanges.

Le développement de la culture comme celui de l'éducation sont des démarches continues qui n'ont pas besoin nécessairement du spectaculaire, mais d'un appui judicieux quantifiable dans le temps, de tous les instants, de tous les lieux et de tous les agents.

Ces démarches exigent fondamentalement de la patience, de la constance, de la sobriété et une grande cohérence.  Si pendant des décennies, on valorise à la hauteur de 25 000 à 50 000$/année un service de bibliothèque, il est difficile, un bon matin de passer un projet "ficelé" au coût de millions qu'on n'a pas.

En conclusion, pour espérer poursuivre notre apprentissage collectif, il faudra humblement adhérer à un important chantier pour construire un discours et un agir puissants, articulés, authentiques et crédibles.  Un chantier qui portera nos aspirations, nos différences et notre efficacité sociale.

Comparons nos images "imparfaites" et soyons du rendez-vous.

Réal Martineau

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