Les couples qui attendent un enfant vivent le plus souvent dans la joie l'arrivée de cet être qui va changer leur vie. Pour d'aucuns, l'attente est cependant jalonnée d'imprévus et d'inquiétudes, pour ne pas dire d'épreuves.
Un jeune couple de la région, Cindy Lebel, 19 ans, et Joël Caron, 20 ans, a dû s'armer de courage devant l'inattendu. Ce couple a été confronté à une grossesse à risque en raison d'une anomalie de la paroi abdominale faisant en sorte que les intestins du ftus sont restés hors de son corps, baignant dans le liquide amniotique de la mère. Ce problème survient surtout chez les jeunes mamans et touche 1 naissance sur environ 10 000, explique Mme Lebel. Le dernier cas décelé à Montmagny remonte à huit ans, raconte la jeune femme très renseignée.
Le couple a appris l'existence de complications après la seconde écographie, soit à 19 semaines de la grossesse. Après trois semaines d'attente, on les a référés au CHUL, à Québec, pour permettre à la future maman de passer toute une batterie d'examens. La situation a nécessité une surveillance régulière et constante à cause de la dilatation des intestins du bébé.
Photo : Cette photo nous montre Charles-Alexandre, quelques jours après sa naissance. Sur son ventre, on voit le silo renfermant ses intestins qui descendent petit-à-petit dans son corps.
Né à 33 semaines
À 32 semaines, Mme Lebel a ressenti des douleurs importantes au ventre. La seule explication plausible était l'apparition d'une fissure. Mais, la semaine suivante, plus précisément le 5 août, les contractions ont débuté, la future maman a perdu ses eaux et le cur du bébé a commencé à décélérer. Le médecin a alors procédé à une césarienne d'urgence. À 23h49 naissait le petit Charles-Alexandre est né. Il pesait tout de même plus de 4 livres.
Le bébé a dû être opéré immédiatement après la naissance pour réparer la fissure, à cause des dangers d'infection. Une semaine plus tard, le petit Charles-Alexandre a subi une autre intervention pour réinstaller les intestins et refermer la cavité abdominale.
Réhabilitation lente
Il y a maintenant 11 semaines que l'enfant est né et sa prise de poids n'est pas constante. Des jours il va bien, d'autres non. La nuit, il est nourri par l'entremise d'un tube à gavage, le jour sa mère lui donne le biberon. Bref, ses intestins demeurent fragiles. Au départ de l'hôpital, ses parents savent qu'il est possible qu'ils devront recourir à un tube à gavage pour l'alimenter, du moins au début. En d'autres termes, la réhabilitation sera lente.
Les premières journées ont été difficiles pour les jeunes parents qui ne pouvaient prendre leur enfant dans leurs bras. En attendant le retour à la maison, le couple habite au Manoir Ronald MacDonald à côté du CHUL. Le père a décidé de prendre son congé de paternité immédiatement pour être lui aussi auprès de son fils. Assurément, la santé vacillante du petit Charles-Alexandre joue sur le moral des parents. Ils ne s'attendaient pas à vivre une telle expérience. Bonne nouvelle cependant, le bébé ne présente aucune séquelle de prématurité.
«C'est pas facile, mais on s'en sort plus fort» lance la jeune maman. «Au CHUL on n'en voit de toutes sortes. Il faut être ici pour comprendre» d'ajouter le père. Cette expérience n'a pas altéré leur désir d'avoir au moins un autre enfant, mais ça ne sera pas avant un bon moment, de conclure le couple.