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Conférence réussie sur le Dark Web à La Pocatière

Collaboration spéciale, Cégep de La Pocatière, option médias, Louis-Philippe St-Amand.

Le mercredi 30 novembre dernier en après-midi, Anne-Sophie Letellier, spécialiste des droits de l’homme et de la surveillance numérique, est venu donner une conférence au Cégep de La Pocatière. Auparavant, les élèves avaient assisté à une projection du documentaire CitizenFour de Laura Poitras.

Le but des deux activités: sensibiliser les étudiants à la surveillance numérique dont ont été victimes récemment, plusieurs journalistes québécois, notamment, Patrick Lagacé de La Presse ainsi que les journalistes de l’émission Enquête, Alain Gra-vel, Isabelle Richer et Marie-Maude Denis.

Le documentaire CitizenFour raconte la vie d’Edward Snowden, ancien sous-traitant de la National Security Agency américaine qui dénonce, entre autres, la surveillance que le gouvernement américain exerce envers ses citoyens. Il a servi d’introduction aux propos de l’oratrice.

 

La conférence d'Anne-Sophie Letellier s'intitulait donc : « Paradoxes et représentations du Dark Web », réseau anonyme d'Internet, donc les gouvernements ont trop souvent une peur bleue.  Madame Letellier est une spécialiste dans le domaine puisqu'elle détient un doctorat à l'Université de Montréal et est également chargée de cours en médias numériques.

Dans ses propos, elle décrit les trois types de surveillance numérique : la surveillance interpersonnelle, la surveillance corporative et la surveillance gouvernementale.

La surveillance interpersonnelle consiste en ce que les amis et contacts d'une personne reçoivent comme information de sa part, via le partage d'informations sur les réseaux sociaux comme Facebook.

La surveillance corporative, selon elle, est l'information que de grandes entreprises numériques récoltent sur une personne par le biais de son navigateur. Par exemple, les publicités qu'on retrouve sur sa page Facebook sont obtenues grâce à un accord entre 136 compagnies qui se partagent nos données. Donc, lorsqu'un internaute ouvre un autre onglet en même temps que Facebook, la compagnie peut avoir accès à cet onglet. Bref, la surveillance corporative est ce partage de données entre compagnies.

Les journalistes québécois espionnés ont quant à eux été victimes de la troisième forme de surveillance numérique : la surveillance gouverne-mentale. Il s'agit d'une forme de lutte contre le terrorisme, du moins en apparence. À cet égard, Mme Letellier dénonce le manque de transparence des services de renseignement gouvernementaux. Ces derniers posent des gestes dont personne n'est vraiment conscient en raison de l'opacité de leur façon de fonctionner. Au Canada, c'est la loi C-51 qui gère l'antiterrorisme.

Elle permet à un certain nombre de compagnies de se partager nos données afin de les retransmettre aux services de renseignement. Elle inclut une certaine interprétation du terrorisme qui permet aux forces de police de placer sous écoute certaines personnes présumées actives dans le milieu.

Ainsi, toute forme de lutte et contestation peut être rapidement neutralisée.

De plus, Anne-Sophie Letellier établit une distinction entre deux formes de vie privée numérique : la vie privée par contrat et la vie privée par défaut. La vie privée par contrat existe lorsqu'on accepte les termes d'utilisation et de confidentialité. La vie privée par défaut est quant à elle accessible grâce à ce qu'on appelle le cryptage.

Ce procédé consiste en une manière de communiquer en ne rendant accessible le message qu'à une seule personne. Selon elle, il existe plusieurs applications permettant de crypter nos messages.

Quoi qu'il en soit, sommes-nous encore vraiment libres dans nos démocraties d'aujourd'hui ?


 

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