Philippe Gamache - CHRONIQUEUR
La période des fêtes s?amorce. En plus d?être sollicités par les commerçants pour consommer, nous sommes interpellés par les organismes caritatifs afin de soutenir leur cause respective. La philanthropie est un secteur économique comme les autres. C?est en consultant les résultats du deuxième rapport annuel de la Banque privée Harris BMO sur la philanthropie que je me suis interrogé sur la santé de cette industrie dont le fondement est la générosité de la population.
Un des constats qui m?a interpellé dans cette étude est celui que les Québécois sont moins généreux que le reste des Canadiens. Pour 2012, les Québécois ont versé en moyenne sous forme de dons de charité la somme de 129 $. Les Canadiens, pour leur part, ont versé 557 $. Les Ontariens sont les plus généreux du pays avec des dons de 778 $. Même des provinces moins riches que le Québec, comme le Nouveau-Brunswick par exemple, donnent davantage!
Pas besoin de faire le calcul pour constater que l?écart en dollars est significatif entre le Québec et les autres provinces. Une des explications à ce constat est sans doute que les Québécois payent plus d?impôts qu?ailleurs au Canada et ont un revenu moyen plus faible. En tant que société, les Québécois ont exigé au fil des ans un engagement toujours plus important de l?État pour combler les missions sociales de toutes sortes. Il est donc difficile d?argumenter si facilement qu?il faudrait donner autant que les autres Canadiens.
Selon moi, je crois qu?il faut plus qu?un plan marketing vantant les généreux crédits d?impôts pour inciter les gens et les entreprises à donner. D?un autre côté, soutenir l?argument que nous en donnons assez d?argent via nos impôts est faible. Nous pouvons également donner du temps! Encore là cependant, les Québécois sont moins généreux de leur temps quant aux heures de bénévolat. Selon une autre étude, menée par Statistiques Canada cette fois, le Québec a un taux moins élevé de bénévolat, ce qui résulte à 128 heures de bénévolat annuellement par rapport à la moyenne canadienne qui est de 156 heures.
Le fait de s?en remettre au gouvernement a évidemment diminué l?engagement personnel de la population et même des entreprises. Les résultats de l?étude de BMO représentent probablement la triste réalité et notre fardeau fiscal nous le rappelle constamment, même si les résultats des interventions de l?État sont difficiles à mesurer.
À la veille de la grande guignolée des médias du 6 décembre prochain, tout le monde prêche pour la vertu. Il y a beaucoup de gens très généreux de leurs ressources et de leur temps, mais les statistiques démontrent le contraire. Il est prouvé que les communautés où les gens d?affaires et la population s?engagent dans des projets d?entraide se développent davantage tant du point de vue économique, social et culturel. Voilà une bonne raison d?être généreux et de changer les statistiques!
Source : Mallette, comptables professionnels agréés