Alors que la fin du monde est prévue le 21 décembre, elle est arrivée à Montmagny un mois plus tôt après que j'aie osé écrire sur notre site oieblanc.com ce que plusieurs pensent tout bas et rapporter des propos déplacés tenus à mon endroit et à l'endroit du journal par des personnes en charge publique: j'ai dit en gros que la communication politique du dossier bibliothèque avait été ratée et que les personnes en charge n'ont pas su écouter et rassembler. Au même moment où meurt Larry Hagman, le célèbre héros de Dallas qui jouait JR, Montmagny se déchire: Montmagny, ton univers impitoyable! Pour en finir une fois pour toutes, rappelons que le journal est coopératif et donc que des membres sont nécessairement pour et d'autres contre.
Les non s'égarent : Tout ça pour ça!
Le camp du NON, qui voulait à l'origine un centre multisport, a finalement concentré ses énergies pour convaincre qu'il voyait la bibliothèque municipale à Casault alors que la Commission scolaire n'en veut pas. Peut-être aurait-il du «focusser» sur le dossier Place de l'Église tel que présenté par les autorités et expliquer mathématiquement leur point de vue si leurs critiques se résumaient à des désaccords sur les chiffres? Au final si je comprends bien, tout le monde veut une bibliothèque mais pas au même coût et pas nécessairement au même endroit. Tout ça pour ça! Je trouve personnellement que le projet Place de l'église, que ce soit dans l'option actuelle ou dans l'aménagement éventuel de l'ancien hôtel de ville (qui pourrait ainsi éviter la destruction après rénovation de plus d'un million) peut devenir une belle réalisation au coeur de la revitalisation du centre-ville dans un style écoquartier, mais je crois aussi que toutes les questions doivent être posées.
Sortez les calculatrices!
Je respecte parfaitement toutes les personnes qui posent des questions quant au financement du projet actuel car de l'ombre persiste dans le tableau. Selon l'info qui circule dans le dépliant de la Ville distribué en 2010 dans le Publi-Sac, et qui m'a été fourni à nouveau cette semaine par le bureau des communications comme document de référence (!), on dit clairement que «Gesdix propose de collaborer au projet en assurant la gestion des travaux de la bibliothèque, ce qui inclut les services d'architecte, d'ingénierie et de supervision des travaux». Nous nous sommes alors immédiatement demandé pourquoi le communiqué du 8 novembre dernier annonçait un coût de «405 672$ en honoraires professionnels à prévoir, tels les services d'architectes et d'ingénieurs». Après vérification auprès de Sylvain Fournier, directeur général et associé de Gesdix vendredi dernier, celui-ci a confirmé que Gesdix avait effectivement investi 100 000$ dans les études de préfaisabilité comme convenu au départ avec la Ville. Les 405 673$ de frais d'architecte et d'ingénieurs seront donc bien à la charge du contribuable.
Valoriser son projet!
Le même document fourni cette semaine par la Ville parle encore d'un 2,6 millions de dollars qui inclut l'achat et la transformation du presbytère, la démolition de l'ancien l'hôtel de ville, la construction d'un kiosque pour présenter des spectacles et l'ajout d'espaces de stationnement au centre-ville, alors que le véritable projet actuel frôle les 5 millions. Quand je disais que la communication laissait à désirer, je persiste et signe: pourquoi ressortir un document aux chiffres erronés? La Ville aurait eu tout avantage au cours de cette campagne, au lieu de dénigrer le camp du Non qui s'égarer à Casault, de maximiser ses efforts sur la valorisation de son projet et de dire clairement: oui il coûte plus cher et on assume tout en mettant encore plus en avant l'investissement privé de Gesdix comme force de développement dans le milieu. On dit souvent que les Québécois jalousent la réussite, j'ose espérer que les Magnymontois sont en mesure de reconnaître qu'une bonne partie de la Ville est due aux investissements passés et futurs de Gesdix.
Et pour finir notre addition, selon une étude fournie par un citoyen anonyme (mais dont les documents sont extraits de sites officiels, voir l'article de Sylvain Fournier), les bibliothèques pour des villes comparables ont un coût de fonctionnement d'environ 300 000$ alors que Montmagny parle de 150 000$. L'Oie Blanche a donc demandé, pour éclaircir les points précédents et celui-ci, une rencontre avec le maire lundi matin. Voir l'article de Sylvain Fournier et le reportage de Sylviane Lord.
Il reste que comme le dit si bien notre chroniqueuse en gouvernance Gaëtane Corriveau: chaque citoyen a la liberté de voter oui ou de voter non selon sa vision d'avenir pour Montmagny. Je calcule au final qu'il en coûtera 2 millions de plus que ce que disait la Ville en 2010, mais que ça en vaut encore peut-être la peine si on veut établir un vrai centre-ville plus urbain à Montmagny! La prochaine fois qu'un projet majeur se pointera à l'horizon, nul doute que le cabinet de relations publiques national ne sera pas loin des élus pour les coacher!
RENDEZ-VOUS AVEC LE MAIRE... OU PRESQUE
Face à nos interrogations, le journal a souhaité rencontrer le maire Desrosiers, lundi matin, juste avant la tombée. Selon notre journaliste Sylvain Fournier, il était convenu que je participais à cette rencontre. Stupeur à la Ville quand ils m'ont vu. Geneviève Caron m'a informé que je pouvais assister puisque j'étais là mais que je n'étais pas autorisé à poser des questions! Beau quiproquo!
Ma perception se résume donc ainsi :
* Le maire est un homme blessé, il croit sincèrement être dans la vérité mais n'a pas su transformer son amertume en énergie positive pour convaincre ses citoyens.
* Il est mal entouré en ce qui a trait à ses conseils stratégiques. On ne muselle pas la presse quand on veut jouer l'ouverture et l'accalmie (National au secours de Montmagny svp!)
* Les bons coups du maire: «Ce projet culturel coûtera pas mal moins cher que tout ce qu'on peut donner au sport à Montmagny» et «Cette décision est historique, c'est maintenant ou dans 20 ans»
* Les malaises encore perceptibles: le maire a semblé d'abord dire que le document de 2010 contenait les bons chiffres mais une fois confronté par notre journaliste sur les contradictions du 2,65 millions et l'emprunt actuel qui avoisine 5 millions, il a convenu que les normes du ministère de la Culture étaient en partie responsables de cette différence, rappelant qu'il y a une réserve de près d'un million de dollars qui ne sera peut-être pas utilisée. Autre malaise: alors que ledit document de la Ville qui circulait encore cette semaine par le bureau de communications met de l'avant le paiement par Gesdix des frais d'architectes et d'ingénieurs et qu'un communiqué du 8 novembre parle d'un coût municipal pour ces services, le maire a pris une certaine distance avec le privé: «On ne veut pas l'argent de Gesdix, on s'assume comme municipalité».