Gérard Samet - COLLABORATION SPÉCIALE
L'ancienne ministre de la Culture donne son avis sans ambigüité sur le projet de bibliothèque de Montmagny soumis à référendum. Christine Saint-Pierre a souhaité s'exprimer dans les colonnes de l'Oie-Blanche. Voici son entrevue exclusive.
C'est oui : sinon la subvention de 1 200 000$ sera perdue
« Le projet de Montmagny interpelle », plaide Christine Saint-Pierre, ministre de la Culture jusqu'en septembre dernier : « Il s'agit d'une magnifique bibliothèque municipale de centre ville, qui va offrir beaucoup d'espace de rencontre pour le public. Ce sera un lieu très agréable, dont j'ai visité le site l'été dernier et un beau projet porteur de développement durable, qui préserve un patrimoine historique religieux ».
Perte sèche et dommage irréparable
L'accord de principe pour la subvention date de 2007. La démarche gouvernementale est liée au projet de création d'un réseau de bibliothèques modernes, susceptible de toucher 95% de la population québécoise, ce qui justifie la subvention. « La somme allouée de 1 200 000$ est liée au projet soumis à référendum et sera perdue pour Montmagny s'il ne se faisait pas », affirme l'ancienne ministre. « Ce serait une perte sèche pour la Ville et un dommage irréparable ».
Un nouveau pôle d'attraction
L'objectif gouvernemental était de créer un équipement qui soit un bon investissement à long terme. « Des villes comme Magog et Joliette ont utilisé un patrimoine religieux pour créer de nouvelles bibliothèques branchées sur les technologies numériques et qui attirent un public considérable », précise Madame Saint-Pierre. « On avait un déficit pour ce type de services au Québec ». Il ne s'agit plus seulement d'une bibliothèque, mais aussi « d'un centre d'art et d'un lieu de rencontre plébiscité par la population ». Dans toutes les municipalités qui ont créé ce type de médiathèque à vocation culturelle et de loisirs (livres, disques, vidéos, lieu d'exposition, de concert, de conférences, de présentation de films, café, lieu de rencontre), « l'achalandage est au rendez-vous, la population anime l'endroit qui devient un carrefour de rencontre pour les familles ». Madame Saint-Pierre a constaté que 50% de la population des villes concernées sont abonnées à ce nouveau type de bibliothèque municipale. « Cela donne beaucoup de vie dans une ville et produit un véritable effet d'entrainement ».
L'investissement et ses opposants
« Le montant de l'investissement (près de 5 M$), n'a pas semblé exorbitant au ministère qui dispose d'un processus de vérification très rigoureux », croit Madame Saint-Pierre. « Il me semble dans les normes ». L'argent de la subvention est sur la table. Comprend-elle néanmoins les opposants au projet?
« Je respecte la démocratie et le choix de la population », dit-elle. Mais elle souhaite que le projet soit compris, puisqu'il représente autre chose qu'un agrandissement de la bibliothèque scolaire existante. « C'est de la nourriture intellectuelle pour tous les âges, mais aussi pour l'âme », plaide-t-elle. Ce lieu de rencontre est différent des équipements sportifs. « Ce projet est fondé sur une nouvelle utilisation d'un patrimoine religieux historique, ce qui va donner l'occasion au public de se ressourcer, de sortir de sa solitude. Contrairement à une bibliothèque traditionnelle, il sera possible de communiquer sans chuchoter ».
Madame Saint-Pierre croit que ce type de projet est valable à long terme. « Ce n'est pas demain qu'il n'y aura plus de livres imprimés sur du papier», et puis cette médiathèque ne se limite pas au livre. Elle constitue un supplément de qualité de vie, avec une vision à long terme pour la ville de Montmagny.
Une façon de renforcer les liens intergénérationnels entre les habitants et d'attirer des visiteurs de l'extérieur de la ville. Montmagny ne serait ainsi plus qualifiée de ville dortoir!
Crédit photo: Collection Assemblée nationale du Québec, photographe Roch Théroux.
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