Dans une lettre envoyée cette semaine à la ministre de l’Enseignement supérieur, Mme Danielle McCann, le chef du Parti conservateur du Québec, M. Éric Duhaime s’est interrogé sur la liberté académique dans les universités du Québec en lien avec la suspension de huit semaines d’un professeur de l’Université Laval, M. Patrick Provost à la suite d’un texte publié dans le Journal de Québec.
Voici la lettre en question :
Madame la Ministre,
Le 3 juin dernier, l’Assemblée nationale adoptait la Loi 32 pour protéger la liberté académique dans les universités du Québec. Vous vous félicitiez alors d’agir en précurseure afin de chasser la culture de l’annulation de nos universités et que « tous les sujets puissent (y) être abordés ». Mon parti et moi-même souscrivons à ces objectifs.
Or, voilà que, trois semaines plus tard, on apprend que Patrick Provost, Ph.D., professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval, chercheur en biochimie et spécialiste de l’ARN, est suspendu huit semaines sans salaire pour avoir remis en question le discours dominant sur la COVID 19.
Pas plus tard que ce matin, on apprenait de surcroît qu’un professeur de biologie de la même institution, Nicolas Derome, est sur le coup de la même mesure disciplinaire. Ces punitions inédites contre des professeurs reconnus frappent l’imagination par leur sévérité et soulèvent d’importantes questions sur l’état de la liberté académique au Québec. Il est à noter que l’Université Laval refuse de se justifier dans cette affaire.
Madame la Ministre, les Québécois souhaitent que les professeurs et leurs étudiants fassent évoluer la connaissance en toute liberté et hors de toute contrainte « doctrinale, idéologique ou morale. » Aussi, les Québécois refusent cet environnement académique toxique, cette violence institutionnelle, qui pourrissent nos universités et qui ne peuvent mener qu’à l’autocensure des professeurs.
Passer de la parole à l’action
Afin de protéger ce qui reste de la crédibilité académique du Québec, il vous faut maintenant exiger de l’Université Laval qu’elle s’excuse auprès de ses professeurs illégalement sanctionnés et qu’elle les réintègre sans délai dans leurs fonctions. Il pourrait être utile de rappeler publiquement à ses administrateurs que l’article 3.3 de la Loi 32 sur la liberté académique garantit aux professeurs le droit « de critiquer la société, des institutions, des doctrines, des dogmes et des opinions. »
Je vous demande aussi de prendre acte que l’Université Laval a agi deux fois en contravention avec la Loi 32.
À titre de ministre responsable, il vous appartient maintenant de « désigner une personne chargée d’apporter les correctifs nécessaires, aux frais de l’établissement », comme vous l’autorise l’article 6 de la Loi.
L’heure est venue de passer de la parole aux actes et d’envoyer un message clair à ceux qui veulent museler les scientifiques et faire entrer la peur dans nos universités.
Madame la Ministre, les Québécois s’attendent que vous agissiez immédiatement afin que « tous les sujets puissent être abordés » par des professeurs libres de critiquer la société. Ils croient que la question scientifique de la COVID 19 constitue un sujet, comme tous les autres sujets, dont on peut débattre librement.
Faute d’actions concrètes de votre part, ils seront forcés de conclure que, pour le gouvernement Legault, toutes les opinions sont égales devant la Loi 32, mais que certaines sont plus égales que d’autres.
Dans l’attente d’une action imminente de votre part, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de mes sentiments distingués.
Éric Duhaime, Chef du Parti conservateur du Québec.